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Narbonne, avec Benoift, abbé d’A n ian e , très
célébré en ces quartiers, pour achever d'éteindre
l'herefie de Félix d’Urgel. Alors Alcuin compofa
un traité pour répondre à la lettre d’Elipand, di-
v ifé en quatre livres: dont les deux premiers
font, la réfutation de fa lettre , 8c les deux autres
établirent la vérité catholique. Alcuin les envoya
aux évêques pour les lire pendant le chemin, 8c
les examiner, avant qu’il les donnât au public. Il
marque ainfi dans le premier livre , la fuite de
cette affaire, adreffanc la parole à Elipand : A
vant que je vinffe en France, par ordre du roi
Charles, vôtre erreur fut examinée à Ratisbonne,
le roi préfidant à l’affemblée, 8e Félix préfent, 6c
elle fut condamnée par l’autorité des évêques.
Le papeAdrien l’avoit auih condamnée ; mais
Félix retourné en vos quartiers, voulut â vôtre
fufcitation la reveiller. Quand je vins à ce pays,
je lui écrivis une exhortation charitable , de fe
réunir à l’églife catholique: à quoi il s’efforça
de répondre par un gros liv r e , ou il découvrcic
toute vôtre erreur. Je l’airéfuté par fept liv re s ,
qui ont été lus & approuvez en prefence du roi
&des évêques. Enfin la trente-deuxième année
du regnede Charles, Félix a été appellé, 8c eit
venu volontairement à A ix :o u ayant été oüy en
préfence du ro i, des feigneurs 8c des évêques, 8c
convaincu par la vérité : il a rendu gloire à Dieu
& ayant co n fe ffé la v ra y e fo i, eft rentré dans l’unité
catholique, avec fes difciplcs qui étoient
préfens, Je vous confeille, mon venerablepere,
L i v r e q_u a r a n t e - c i n q u i e m e 3 1 ------------------
de fuivre l’exemple de fon humilité avec vos Ar?. 800.
difciples;
Le roi Charles avoit invité Alcuin à faire avec ^
luile voyage d’Italie: mais il s’en exeufa , fans ci™,
être touché du reproche quelehoilui faifoit, de
préférer les toits enfumez de Tours, aux palais
dorez de Rome. Nous joüiffons ic i ,d i t - i l , d e l a .^ - >j-
paix que'vous nous avez procurée, 8c Rome
fondée par la difeorde des ireres, entretient encore
ce m a l, 8c. vous oblige pour l’appaifer, à
quitter vôtre aimable fejour de Germanie. Il
prioit fouvent ainfi le roi de le laiffer jouir delà
folitude, qu’il avoit toûjours aimée; 8c enfin
s’exeufant fur fon grand âge 8c fes infirmitez, il
ne fortit plus de Tours.
Pour le retenir en France, le roi lui donna deux F?'
abbaïes, peu de tems après qu’il y fut venu pour
la fécondé fois ; Ferrieres au diocefe de Sens, 8c vu*.*
faintLoup de Troïes: il lui donna en fuite faint c.
Toffefur mer, 8c enfin la fameufe abbaïe de faint
Martin de Tours l’an 796. après lamortd’Ithier.
Alcuin remit 1 obfervance dans cette maifon ,
dont les religieux, vivoient partie en moines,
partie en chanoines; il acheva la fondation du
monaftere deCormery, commencé par fonpré-
deceffeur, 8c y envoya v ingt moines. Cette abbaïe
dépend encore de faint Martin de T o u r s , v
& a dans fa dépendance le prieuré de Ponts fur
Seine, au diocefe de T ro ïe s , qui vient d un hôpital
fondé par Alcuin.
Il avoit la diipofition du re v en u de fes abbayes,