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518 H i s t o i r e E c c l é s i a s t i q u e .'
fine d'où elle gagna la rue, Si fe retira dans les
tenebres chez une perfonne fidelle : puis elle for-
tit de Cordouë Sc alla à OiTaria , bourgade près
de Tuc c i , où elle demeura cachée avec fa foeur.
Enfin le defir du martyre l’en fit fortir : elle vint
a Cordouë, Sc comme elie prioit dans l’églife de
S, Acifcle , & fe recommandoit aux faints martyrs,
une autre vierge nommée Marie y entra aulïi
pour prier.
C ’étoit la foeur du diacre Valabonfe , martvri-
fé peu auparavant. Comme Marie étoitfonaînée,
il avoir eu pour elle un amour Sc un refpect filial ;
& elle de ion côté l ’aimoit tendrement. Elle avoit
vécu jufques-la dans le mdnaftere de Cuteclar,
ou Ton pere lavoic mife , fous la conduite d’une
fainre femme nommée Artemie , dont les deux
fils Adolfe Sc Jean avoient fouffert le martyre,
au commencement du regne d’Abderame. Marie
defirant ardemment de fuivre fon fre re , fortit
du monaitere Sc vint à Cordouë chercher le martyre.
Elle entra dans l’églife de faint Acifcle ; Sc
y aïant trouvé Flore , elles fe communiquèrent
l ’une l’autre leurdeifein, s’embraiferent Si fe promirent
de ne fe jamais feparer. Ainfi dans la chaleur
de leur z e le , elles allèrent fe prefenter au
cadi, & Flore dit : Je fuis celle que vous avez fait
autrefois déchirer de coups , parce qu’étant de
race de Mufulmans g j’ai embraifé la religion
Chrétienne. J ’ai eu la foibleiTe.de me cacher juf-
ques à prefent : mais aujourd’hui me confiant en
la puilfance de mon D ieu , je vous déclare que
L i v r e q u a r a n t e - hu i t i e’ m e . 519
je reconnois. Jefus-Chriit pour Dieu , Si que je »--------------j
detelte votre faux prophète. Marie ajoûta : Et moi A n . Sj i ,
qui ai un frere entre ceux qui ont confefle Jefus-
C h r ift, je vous déclaré aulfi que je le croi Dieu ,
Si votre religion une invention des démons. Le
cadi leur fit de terribles menaces ., Sc les envoïa
en prifon , dans la compagnie des femmes profti-
tuées : les deux vierges s’y appliquoient au jeûne
Si à la priere.
Le prêtre Ëuloge, qui de fon côté étoit alors en Lv!î-
• r ■ r r - f • e n Commence- pruon , connoiliott ces laintes hlles ; Si aïant ap- <fc s. Eu-;
pris que des Chrétiens même travailloient à les lo^'
ébranler, & que leur fermeté étoit en péril ; il
compofa une inftrmâion , qu’il leur envoïa.j Eu- vitx
loge étoit né à Cordouë , de race de fenateurs, Sc M“n' u' 7> f*
fut élevé dans le clergé de l’églife de S. Z o ïle , où
il fe diftingua par fa vertu Sc par fa doétrine. Mais
non content des inftruétions,. qu’il y recevoir,
il cherchoit par tout les plus habiles m'aîtres ; Sc
fut difciple entr’autres de l’abbé Speraïndeo , fameux
dans toute la province. Euloge étant venu
en âge, fut ordonné diacre, & peu de temps après
il fut prêtre, Sc mis au rang des doéteurs : car
l ’églife de Cordouë étoit une école célébré. Dès-
lots il mena une vie plus auilere joignant les veilles
Sc les jeûnes à l’étude de l’écriture fainte. Il
vifitoit fouvent les monafteres, pour s’inftruire
de plus en plus dans la vertu ; Sc après avoir profité
de ceux qui étoient au voifinage de Cordouë,
il fe fervit de l’occafion d’un voïage qu’il fut obli