
 . N ,
xxvr.
438 H i s t o i r e E c c l e , s i a s t i q j j e .
les libertins du voifinage. Ainiî l’imperatrice
5- Theodora , loin deceindre cette herefie , lui
donna occafion de s’accroître , & fournit aux
Mufulmans un puilfant fecours contre les R o mains.
Fin des martyrs
¿l’Amorium.
Sup.». i. x.
^ Les Chrétiens emmenez à la prife d’Amorium
étoient toujours dans leur obfcure prifon. Enfin
^ au bout de fept ans Bo idize, qui avoit trahi la
to.ç.f.+ii. ville , Si s etoit fait Mufulman , vint à la porte
de la prifon , le foir du cinquième de Mars 845.
appella Conftantin fecretaire du patrice A ë tiu s ,
& lui parlant par un trou , lui recommanda que
perfonne ne les entendit, parce qu’il avoit quelque
chofe de fecret à lui découvrir. Alors il dit :
] ai toûjours aimé le patrice votre maître. Aïant
donc appris certainement que le calife a réfolu
de le faire mourir demain , s’il ne confient à faire
la priere avec lui : je fuis accouru vous donner le
confeil qui peut vous fauver la vie. Perfuadez-lui
d obéir , & obeiifez vous-même , confervant en
vôtre coeur la foi des Chrétiens, & Dieu vous le
pardonnera , à caufe de la neceffité que l’on vous
impofe.
Conftantin fit le figne de la croix contre la
bouche de 1 apoftat, &i dit : Dieu te fera périr ten-
tuteur ! retire-toi ouvrier d iniquité. Il rentra, au
fonds de la prifon, & le patrice lui demanda qui
1 avoit appelle, & pourquoi. Conftaiitin le tira
a p a rt, & lui dit que fa mort étoit réfoluë : fans
lui parler du refte, de peur de l’exprifer à quelque
tentation. Le patrice fendit grâces à D ieu ,
L i v r e QJ t TARANT E -HUI T I E ’ ME. 439
& dit :• La volonté du Seigneur foit faite. Puis il ■
fit écrire fon teftament par Conftantin , & invita A
les autres prifonniers à chanter toute la nuit les
loüanges de D ieu, ce qu’ils firent. Le lendemain
vint un officier envoie par le calife avec des gens
armez & un appareil terrible. Aïant fait ouvrir la
porte de la p rifon, il ordonna aux plus confide-
rables d’entre les prifonniers de fortir. Ils forti-
rent au. nombre de quarante-deux , & il fit refermer
la porte. Puis il leur demanda : Combien d’années
croïés-vous avoir été enfermés ? Vous le fça-
vés bien , dirent-ils, c’eft ici la feptiéme année, il
reprit : Ce long délai vous fait voir la bonté du
défunt calife & celle de fon fucceffeur. C ’eft que
le calife Moutafem qui les avoit pris, étoit mort il
y avoit trois an s , & fon fils Vatec ou Aloüatec lui
avoit fuccedé.
Après quelques autres difeours où les Chrétiens
reprochèrent aux Mufulmans de ne pas re-
connoître le vrai Dieu , puifqu’ils le faifoient
auteur du mal comme du bien, l’officier du calife
leur dit : Vous ne voulés dohe pas faire aujourd’hui
la priere avec le calife : car c’eft pour
cela qu’il m’a envoie ; & je fçai qu’il y en a d’entre
vous qui le défirent. Quand on verra comme
ils feront honorez, ceux qui l’auront refufé déploreront
leur mauvaife fortune. Les Chrétiens
répondirent tout d’une voix : Nous prions le feul
vrai Dieu , que non feulement le calife , mais
vous & toute la nation des Arabes renonce à
l’erreur de Mahomet, &c adore Jefus-Chrift , aft