
!
X X X IX
L ’empereur Loiï’s
abandonné.
3 3 0 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
-------- - que le Sauveur nous a tant recommandée. Il de.
A n . 83 3 . meura quelques jours avec l'empereur Loüis ; &
ils fe firent de part & d’autre de grands prefens ;
puis le pape retourna vers Lothaire , efperant toujours
les réunir.
C ’étoit à la fin du mois de Juin. Lothaire &
fès enfans avec leurs armées étoient en prefence ,
campez dans une grande plaine entre Bâle &
Straibourg. Lothaire fit tant de prefens, par pro-
meffes, par menaces| que prefque tou tes les troupes
Aflrm. de fon pere paiferentdefon côté,la nuit quïfuivit
Th'tm. g m le letour du pape ; à qui il ne permit plus de retourner
vers fon pere. L’empereur Louis fe voïant
abandonné , congédia le peu de gens qui lui
étoient demeurez fideles, difant qu’il ne vouloit
pas qu’ils periiTent pour lui : enfuite il paifa au
camp de fes enfans, qui le reçurent avec de grandes
démonftrations de refpeét ; mais fi-tôt qu’il fut
arrivé , on lui ôta Judith fon épbufe , qui fut mife
entre les mains de Loüis roi de Bavière. Lothaire
fit mener à fon quartier l’empereur fon pere avec
le jeune Charles fon frere , âgé de dix ans ; & les
fit garder dans une tente particulière. En mémoire
de cette perfidie on nomma cette plaine le champ
du menfonge.
Alors de l’avis du pape & de tous les feigneurs,
on regarda Loüis comme déchu de la dignité impériale
* Se on la défera à Lothaire qui l’accepta,
& fe fit prêter ferment. Puis on partagea de noué
veau l’empire entre les trois freres , Lothaire,
Pépin & Loüis. Vala n’approuva ni ü dépofition
L i v r e q u a r a n t e - s e p t i e ’me . 331
de Loüis ni- le partage ; & voïant que fes confeils
n’étoient plus écoutez , il fe retira en Italie au
monaftere de Bobio. Le pape retourna à Rome
très-affligé , de la maniéré dont le pere étoit traité
par fes enfans. Après fon départ les trois freres
fe féparerent. Judith fut menée à Tortone en
Lombardie , l’empereur Loüis à Soiifons, Se enfermé
dans le monaftere de faint Medard , 8e
Charles dans celui de Prom , mais fans lui couper
les cheveux. L’empereur Lothaire indiqua un parlement
général à Compiegne pour le premier jour
d’Oétobre.
Alors Agobard publia un manifefte pour Lothaire
: où il foutenoit que lui Se fes freres avoient
eu raifon de s’élever pour purger le palais de leur
pere des crimes dont il étoit infeété. Il rejette
la caufe de tous les maux fur Judith -, qu’il accufe
d’avoir été infidele à l’empereur fon époux , Si
d’avoir perfecuté le fils du premier lit. Il dit que
l’on avoit eu raifon trois ans auparavant de chaffcr
du palais les complices de fes crimes , Se de l’enfermer
elle- même dans un monaftere ; après quoi
il foutient qu’il n’a pas été permis à Loüis de la
reprendre. Il fe plaint des nouveaux fermens
que l’on a fait prêter, particulièrement en faveur
du jeune roi Charles ; Se des armées que
l’empereur a fait marcher contre fes fujets Se fes
enfans, au lieu de les emploïer contre les nations
barbares, pour procurer leur converfion , fuivant
l’intention de l’églife. Car c’eft ainfi qu’il explique
l’oraifon que nous difons encore pour le roi le
A n . 833,
Totw. T. covic. p;
1571. MnbilL to■ 5,
Annal p. 177.
Apolog: to.i.p*
61.