
. H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
An, 8 14 . prières foulager le peuple dans la pefte & la famine.
Il y avoit en France une grande pefte
l ’année précédente 813. 8c en 8zo. la pefte 5c la
Ann 'Eginh, famine. Entre ceux qui fouffroient dans ce pur-
/ s. gatoire , Vetin reconnut un prince, qui avoit été
roi d’Italie 8c de Rome -, 5c il en fut fort furpris ,
c a rc ’étoit un grand perfonnage, 8c qui s’étoit
diftingué dans ce fiecle , par laproteétion qu’il
avoit donnée a 1 églife. L ’ange lui dit, qu’encore
que ce prince eût fait quantité d’aétions merveil-,
leufes 8c agréables à D ieu, dont il ne perdroit pas
larécompenfe, il s’étoit toutefois laifle emporter
à l’impureté, 8c y avoit fini fa longue vie : comme
fi ce n’étoit qu’une faute de fragilité , qui
pût être couverte par la multitude de fes bonnes
oeuvres. T o u te fo is , ajouta-t-il, ileft predeftiné
à la vie , avec les élus. Ile if certain que ce prince
eft Charlemagne; 8c à ne prendre la vifion de
Vetin que pour un fonge naturel, elle fait voir
l'opinion que les gens de bien avoient de l’état
de fon ame , dix ans après fa mort. S’ils
. avoient cru qu’il eut fini fa vie dans un adulr
tere ou un concubinage criminel, ils n’auroient
pû l’exempter de l’enfer, Sc puifqu'ils ne le met-
toient qu’en purgatoire , ils ne croïoient pas
mortelle l’incontinence dont ils l’accufoient.Or
i n cette incontinence étoit d’avoir eu jufqu’à neuf
femmes, quoique l’une après l’autre, 5c n’avoir
pûs’en palier même dans la vieilleffe; car fi les
fécondés 8c les troifiémes noces paroifloientdes
foibleffes, pour lefquejles on mettoit en pénitence
LrVRE Q.UARANÏE-S I XIEVME. 1 5 7
fencé des années entières, félon faint Bafile:les
huiriémes Sc les neuvièmes pouvaient bienpaf-
fer p o u r des pechez veniels. Voïez ce qu’en di-
foit faint Théodore Studite, du temps même de
Charlemagne.
L’ange fit voirenfuite à Vetin le paradis; 8c
l ’aifura du falut de Gerold qui étant comte de
Bavière fous Charlemagne, avoit donné de
grands biens au monaftere de Richenou, 8c fut
tué à la guerre contre les Huns l’an 799. L’ange
donnna plufieurs avis pour les moines, entre autres
de fe contenter du pur neceflaire : 8c comme
Vetin lui demanda où fe confervoit le vrai
modèle de la vie monaftique,l*ange lui dit : Dans
les pais d’outremer, parce qu’ils ont l’efprit de
pauvreté.On doute fi par ces païs d’outre mer, il
entendoit l’Angleterre, ou laGrece de l’Orient.
Il recommande fur tout d’avoir horreur du péché
qui offenfe la nature.
Vetin s’étant éveillé un peu avant le jour ; fit
écrire auflï-tôt fur de la cire tout ce qu’il avoir
veu , mourut deux jours après, comme il avoit
p réd it, fans aucun figne de maladie mortelle.
Sa vifion fut écrite en profe incontinent après
trés-fidelement, par Heiton ancien abbé du même
monaftere; 8c l'armée fuivante 815. elle fut
écrite envers latins par Valafride Strabon moine
de la même communauté , âgé pour lors de
dix-huit ans. Il y marque en lettres accroftiches
les noms de ceux que Vetin avoit vus dans les
peines, 8centre autres del’empereur Charles.
Tome X. Kk
A n. 814.
Ad Amphile.4.
14 .50 . 53.80.
Svp. /. x vi r. c.
15 . t . e p i f t ^ s o .
ittf. liv. X L Y I I .f f .