
io iî H i s t o i r e E c e t e s i a s t i q u i ;
vertures : on leur jettoit par un petit trou une
once de pain moifi & un peu d’eau puante.
Je an voyant quils aimoient mieux mourir
que de trahir la vérité »leur dit : On ne vous demande
autre chofe que de communiquer une fois,
avec la patriarche Theodote, on vousrenvoye-
ra a vos monafteres, fans vous obliger ¿q u it te r
votre créance. Ils fe laiflerent féduire par cette
promefte, & étant forti de prifon » ils vinrent
trouver S. Nicetas l’exhortant à fe tirer auffi de
la fienne. D’abord il ne vouloir point les écouter y
mais ilsinfifterent endifant »qu’ils nepouvoient
fe refoudre à fortir & le biffer enprifon. Ce que
l ’on nous demande , ajoûterent-ils* n’eft rien»
ufons un peu de condefcendance, pour ne pas
tout perdre. Nicetas céda enfin à l’autorité de ces
vieillards & à leurs inftances. Ils allèrent tous en-
ffmble dans un oratoire dont on avoir confervé
les peintures , ils communièrent de la main de
Theodote,qui ditanathême à ceux qui n’adoreront
pas l’image de Jefus-Chrift.
Après cela les autres abbez retournèrent chacun
àfon monaftere : mais Nicetas touché du-re-
mors de cette a& ion , qu'il n’avoit fait qu’à reg
re t, refolut de s’enfuir en un autre pays, pour
reparer fa faute. Ayant donc mis feshardes dans
une barque, il paffa à Proconefe : &c là il changea
d’avis, & il dit en lui-même: il faut faire la réparation
au même lieu où Ja faute a été commifej
ainfi il revint à C.P. témoignant hardiment,qu'il
ctoit toujours dans la même créance. L'empereur
L i ÿ R ë ’ ¡Q ü À R A N 'rÈ - sn e îE 'M î; aoj
î ’ayant appris le fit venir , & lui dit pourquoi
n’êtes-vous pas retourné comme les autres a v o tre
monaftere fuivant mes ordres? Nicetas répondit:
Sçachez, Seigneur, qu'encore que par
complaifance pour les abbez j'aye fait ce que je
ne devois pas , je fuis toujours dans les memes
fentimens,&que je ne communique point avec
vôtre p a r ti, faites ce qu’il vous plaira, vous n’aurez
autre chofe de moi. L’empereur le voyant
inébranlable, le fit garder premièrement aC . P.
par un officier nommé Zacharie, homme p ieu x ,
qui traita le faint abbé avec beaucoup de douceur
& de refpeéfc : mais enfuite il fut relegué dans
l’ifle de fainte G ly c e rie , fous la conduite de l’eunuque
Anthime, que les Iconoclaftes avoient fait
exarque des monafteres de ces quartiers. Ils lui
promirent un plus haut degré d’honneur, s’il obli-
geoit Nicetas à communiquer avec eux : c’eft
pourquoi celui-ci ,q u i étoit cruel & artificieux ,
le traita très-rudement, & l’enferma dans une
étroite priion, dont il portoit lui même la clef.
Saint Nicetas demeura dans cet exil jufquesa la
mort de Tempereur Léon, & íes fouffrances durèrent
fix ans, depuis8ij.jufques en 8n . S.Jean bæ
abbé des Cathares fut appellé plus tard à C .P .
c ’eft-à dire après unan & demi: l’empereur le livra
auffi à JeanLeconomante,qui luifitfouffrir
long-tems la faim & d’autres miferes. Enfin il fut
relegué dans un château nommé Criotaure , &
gardé dans un cachot obfcur jufquesa la mort de
Léon.
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