
4 4 ° H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q j j e T
. noncé par les prophètes & par les apôtres : tant
XU nous Tommes éloignés d’abandonner la lumière
pour les tenebres. Prenés garde , dit l’officier, à ce
que vous dites, de peur de vous en repentir : vôtre
défobéïffance vous attirera de grands tourmens.
Us répondirent : Nous recommandons à Dieu
nos ames, Ôc nous efperons que jufqu’au dernier
foûpir il nous donnera la force de ne point renoncer
fa foi. L’officier reprit : On vous reprochera
au jour du jugement d’avoir laiifé vos enfans orphelins
& vos femmes veuves : car le calife pou-
voit les faire venir ici : & il eft encore temps , fi
vous voulez reconnoître le prophète Mahomet.
Les Romains obéïffent à une femme, qui ne pourra
refifter aux ordres de notre maître. - Pour les
biens n’en foïez point en peine : une année du tribut
de l’Egypte peut enrichir vos defcendans juf-
ques à la dixième génération. Les Chrétiens répondirent
tout d’une voix : Anathême à Mahomet,
& à tous ceux qui le rcconnoiflent pour prophète.
Auffi-tôt l’officier les fit prendre par les fol-
d a ts , qui leur lièrent les mains derrière le d o s , &
les menèrent au bord du fleuve, e’eft-à-dire , du
Tigre , fur lequel étoit Samarra, la réfidence du
calife. Une multitude infinie de Mufulmans &
de Chrétiens accourut à ce fpeétacle. Quand ils
furent près du fleuve , l’officier appella un des
martyrs, nommé Théodore Cratere , & lui dit :
T o i qui étois prêtre parmi les Chrétiens, & as
porté les armes & tué des hommes, au mépris de
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ta profeffion : pourquoi veux-tu maintenant pa-
roître-Chrétien ? Ne vaut-il pas mieux implorer
le fecours du prophète Mahomet , puifque tu n as
plus d’efperance en Jefus-Çhrift , que tu as renoncé
î C ’eft cela même dit Théodore, qui m’oblige
à répandre mon fang pour lui : afin qu’il me
pardonne mes pechez. Si votre efclave après s’être
en fu i, revenoit combattre pour vous jufques
à la mort, ne lui pardonneriez-vous pas ? Tu vas
être fatisfait., dit l ’officier, je le difois pour ton
bien.
Comme les bourreaux Ethiopiens preparoient
déjà leurs épées , &c fe mettoient en pofture d e-
xecuter les martyrs : Théodore craignant que le
patrice ne fût attendri en voïant couler lefang de
fes amis, s’approcha de lui &c lui dit : Seigneur ,
vous nous avezToûjours devancé par votre dignité
& par »votre vertu, vous devez âuffi recevoir le
premier la couronne du martyre. Le patrice ne
ne voulut paslui ôter cet honneur :ainfi Théodore
s’étant recommandé à Dieu s’approcha dur bourreau
, ôc reçût la mort conftamment. Tous les
autres furent executez de fuite félon l’ordre de
leur dignité ; & loin de donner le moindre ligne
de' foibleife , ils étonnerent par leur fermete
l'officier qui prefidoit à lexecutibn. L ’églife honore
ces quarante-deux martyrs le jour de leur mort,
c’eft-à-dire , le fixiéme de Mars.
Le calife Vatec mourut l’année fuivante 841?.
c’eft-à-dire , l’an 1 31. de l’hegire, le vingt-quatrième
jour du dernier mois : après avoir regne
Teme X . K k k
A n . 84^.
Martyr. R. îfj
Mart|