
5 3^ H i s t o i r e E c c l e s i a s t i qj j e.
Bethléem , avoippaffé vingtrfept ans dans le mdJ
naftere de faint Sabas, a huit milles de Jeruialem
au midi : où vivoient alors cinq cens moines, fous
la conduite de 1 abbe David« George:;étoit diacre ,
Si fçavqit trois langues, le Grec, le Latin & l’A rabe.
Son abbe lavoir envoie en A fr iq u e , chercher
des aumônes pour le monaftere. Il y trouva
1eglife opprimée foüsla fervitude des Mufulmans -,
Si les gens du pais lui confeillerent de paifer en
Efpagne : mais y trouvant auili la-perfécution
grande , il délibéra s il retourneroit à fon monaf-
tere , ou s’il pafleroit aux roïaumes des Chrétiens,'
c eft-a-dire, en France : car on la nommoit alors
a in ii, parce qu en effet prefque tous les Chrétiens
d Occident étaient fous la dQmination des rois
François.
George étoit dans cette incertitude: p quand iî
alla de Cordouë a Taban e, pour recommandée
fon voïage aux prières dey moines Si des reli-
gieufes. Alors l’abbé Martin Si fa foeur Elifabeth
lui dirent : Venez recevoir la benediéfiort de la
fervante de Dieu Sabigothe. Si-tôt qu’elle l’eût
regarde, elle dit : C eft ce moine, qui nous eft
promis pour compagnon de notre combat. George
aïant appris qui elle é to it, fe jetta à fes pieds j
6 fe recommanda à fes prières. Le lendemain ils:
vinrent tous deux à Cordouë chez fon mari Aure-'
lius , devant lequel George fe proflerna de mê-!:
me , demandant que par fes prières il fût aifocié
Ù leur martyre. Aurclius y confentit. George fe
trouva dès-lors animé d’un nouveau zele, & ne
• L x lotikh-Aiif EiN:lüV iE ’MÉ.‘ yj j
les quitta plus. I f vit chez eux Félix Si fa femme . -,
Liliofé , qui avoiènt auili vendu leurs biens, & fe A N. 8jx,
préparaient au martyre. George fe hâta déterminer
les affaires q u flu i reltoïcrit ; & quand il en fû t
délivré ; ils confultercnt toUs enfcmblc comment
ils accompliraient leur defTein; Ils refolu-
ren t, que les deux femmes iraient à l’églife a vi-
fage découvert, pour voir fi ôn en prendrait oc-
Caftôn de leédrrêtér : ce qui â ir iv a i' ; •
C a f dèdirne ëlles reVenôieni, urt officier de->
manda à leurs maris, ce quelles alloient faire auii
églifes des Chrétiens ? C ’e ft, répondirent-ils, Id
coutume des fidèles de vifîter les églifes &i les demeures
des martyrs , & nous fomincs Chrétiens.
Auffi-tôt le Cadi en fut averti ; & AareliüS
alla dite adieu à fes filles, leur donnant le baifer
de paix. Le lendemain avant le jour il prit cortgé
du prêtre;Euloge & de ceux qui étoient aVec lui i
qui lui'baifefent les mairis, lerëgafdaht déjà comme
martyr , Si fè recommandèrent à fes prières.
Aüreliüs étant revenu chez lui , où des autres
étoient affemblez, le cadi y envoïa des foldats.,
qui criefcnt à la porte : Sortez miferables', venez
a-lâ; mçfrf', püifque'f pus -voùf énhufeèi de vivrci
Les deux maris & lès deüx femrtles fortirent pleins
de joïe , comme s’ils alloient à un feftin. Le moine
George , volant' que les’ foldàts ne le pré-
noient point, leUr dit : Pdurquëi Voiirlez-vous1
obliger lès fidèles à embraffer votre fauffë religion
? Ne pouvez-vous aller farts nous en enfer
aVec votre prophète i Alors les ïôldats lè-jettaht
V v v iij