
3 i i H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e :
les Ju ifs ; Mais quelques commiflaires de l'empereur,
principalement Eve.rard à prefent maître
des Ju ifs , fe font oppofez à ma défenfe, fous prétexte
des édits de 1 empereur. Je n y ai pas eu
égard, ne croïant pas qu’un prince fi religieux
ait pû donner des ordres contraires a la loi de
Dieu ; Se je vous prie , vous qui etesmaintenant
regardé comme la colomne de l’églife , de demeurer
ferme dans l’obfervance des canons; 8c
d’écrire aux évêques vos voifins, qu ils s uniifent
à nous , pour délivrer l’églife d un fi grand
mal.
Enfin Agobard écrivit fur ce fujet à l’empereur
même, & comme il d it, que c’eftaprès en
avoir conféré avec fes confrères, on croit que
ce fut dans le même temps du concile de Lyon ,
tenu en 819. dont il ne nous refte rien. Dans
cet écrit intitulé , de l’infolence des Ju ifs , Agobard
dit : Les Ju ifs font venus m’apporter une
lettre de vôtre part, & en ont donné une autre
au vicomte de Lyon , portant ordre de leur prêter
fecours contre moi. Quoique ces lettres por-
taifent vôtre nom 8c vôcre fceau, je n’ai pas crû
qu’elles vinflent de vous: toutefois les Juifs en
étoient fort infolens, &menaçoient de nous faire
maltraiter par les commiflaires, qu’ils avoienc
obtenus pour les venger des Chrétiens. Everard
eft venu après eux, répétant la même chofe; 8c
difant que vôtre majellé étoit fort irritée contre
m o i , à caufe des Juifs. Enfuite font arrivez
Gerric 8c Frédéric vos commiflaires, aïant en,
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main leur commiflionôeun prétendu capitulaire;
Lés lu ifs fe (ont alors exceflivement réjouis :
plufieurs Chrétiens ont f u i , ou fe font cachez,
d ’autres ont été arrêtez , tous étoient dans une
grande confternation : car les commiflaires diraient,
que vous n’avez point d’averfion des
Ju i f s , comme l’on croit : mais que vous les a imez
ôc les efti mez, plus que vous n’eftimez beaucoup
deChrétiens.
La caufe de cette perfecution eft, que nous
avons défendu aux Chrétiens, de vendre aux
Ju ifs des efclaves Chrétiens, de fouffrir que
les Juifs vendent des Chrétiens pour envoïer en
Efpagne; & qu’ils tiennent des Chrétiens chez
eux à leurs gages. Noifs avons auflî défendu
d’obferver le fabbat avec eux, comme font quelques
femmes : travailler ledimanche: dîner avec
eux en carême:c’eft-à-dire,romprelejeûne,car
alorsonne mangeoitquele foir, d’acheter d’eux
de la chair ou du vin , car ils ne vendent aux
Chrétiens que ce qu’ils croient immonde.
' Et enfuite: ils fe vantent d’être aimez de vous,
àcaufe- des patriarches, d’être admis honorablement
à vôtre audience; que les perfonnes du premier
rang demandent leurs prières 8e leurs bénédictions
ils difent que Vos confeillers trouvent
mauvais,que nous les empêchions devendredu
vin aux Chrétiens, 5c leur ont donné plufieurs
livres d’argent pour en acheter. Ilsinontrent des
lettres en vôtre nom, avec les (eaux d’o r , & des
habits qu’ ils prétendent être envoïez à leurs