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« ï— | Il lui promit que fi Dieu le rétabliffoit dansfapre-
A n . 8 36 . miere dignité , il lui donneroit quelqu’un de ceux
qui étoient en fon pouvoir. Peu de jours après
Hilduin rentra dans les bonnes grâces de l’empereur
Loiiis qui donna auifi, à Varin abbé de Corbie,
le monaftere de Rebais au diocefe de Meaux.
snp.i.Kiui.H.17. Alors il pria Hilduin de lui donner le corps de
faint Vitus que Fulrad abbé de faint Denis avoir
apporté en France du temps du roi Pépin , à fon
recour R om e , apparemment en 7 y 6. On die
que Vitus éroit un enfant de douze an s , qui fouf-
Tiiumo t 1 martyre dans la Lucanie , avec Modefte &c
f.uÿ. ’ ’ Crefcentia, fous l’empereur Diocletien, & leglifc
les honore .tous trois le quinzième de Juin. Fulrad
aïant donc apporté le corps de faint V itu s , le laiila
à un de fes parens, qui lui fit bâtir une églife dans
fa terre, & donna le tout enfuite à l ’abbaïede faine
Denis.
Hilduin donna cette relique à Varin duconfen-
tement de l’empereur Louis , de l’évêque de Paris
& des nobles du diocefe. La délivrance s’en fit fo-
lemnellement dans l’églife de faint D en is , le dimanche
dix-neuviéme de Mars 836. Le corps faine
fut porté premièrement à Rebais : à fainte C ro ix ,
aujourd’hui faint Faron de Meaux, & en plufieurs
autres lieux : enfin il arriva en Saxe, à la nouvelle
C o rb ie , le treizième de Juin : aïant fait pendant
ce voïage plus de quarante miracles , qui font
fpecifiez , avec les noms des perfonnes & des
lie u x , dans l’hiftoire de cette tranflation ,. dont
l’auteur étoit prefenc. Le concours du peuple j
L i v r e qu a r a n t e s e p t i e ’m b . 379
fut fi grand , qu’à un mille ôi plus autour du — “ “
monaftere , la campagne étoit couverte de tentes, A N. 8 36.
de perfonnes nobles de l’un & de 1 autre fexe ,
qui s’y étoient rendues de toutes les parties de la
Saxe. Et toutefois, dans une fi grande multitude,
on n’entendoit ni parole deshonnête, ni raillerie ,
ou badinage : on louoit Dieu jour & nuit ; les
hommes & les femmes, faifant des coeurs féparez,
veilloient autour de l’églife , répétant fouvent
Kjixie e le ifon. Ainfi le paiTa la nuit de la veille
& le jour de la fête ; &: comme il s’y fit encore
plufieurs miracles, le bruit s’en étant répandu,
on y accourut de tout le païs , riches Ôc pauvres,
fains & malades ; en forte qu’il fembloit que per-:
fonne ne fût demeuré dans les maifons. Telle
étoit la dévotion de la Saxe nouvellement chrétienne.
Dans le même temps Badurad fécond évêque ^
de Paderborn , dans le diocefe duquel étoit 1 cl faint Liboire.
nouvelle Corbie , travailla auifi à enrichir fon ^
églife de quelque relique infigne. Il voïoit la î f f Huj-hs-
difficulté de détacher de fes anciennes fuperfti-
tions ce peuple greffier , qui ne croïoit point ce
que les perfonnes doctes lui difoiént de la puif-
fance divine , à moins qu’il n’en vît les effets devant
fes yeux , & n’en reçut des bienfaits fen-
fibles : comme les guérifons miraculeufes, qui fe
faifoient ordinairement par les corps faints. Il
ordonna donc un jeûne , & 'fit une prbçeffion
avec fon peuple : après quoi Dieu lui infpira
d’envoïer en France à la ville du Mans demander
B b b ij