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vous nous deviez ; & votre fervice nous a été
agréable. A prefent vous manquez aux facrifices
ordinaires 8c faites moins de voeux ; 8c ce qui nous
déplaît davantage , vous voulez introduire un
Dieu étranger. Gardez-vous de recevoir ce culte
contraire au nôtre , fi vous voulez que nous vous
foïons propices. Que fi vous voulez quelque dieu
nouveau , nous recevons volontiers en notre coin*
pagnie Eric jadis votre'roi. Les Suédois touchez
de cet avertiffement de leurs dieux, drefferent un
temple à l’honneur de ce roi Eric , 8c lui offrirent
des voeux 8c des facrifices.
Le faint évêque étant arrivé demanda à fes
anciens amis comment il pourroit faire au roi fa
propofition. Ils lui dirent tous , qu’il n’y avoit
rien à efperer pour ce voïage , 8c que s’il avoit
quelque chofe à donner, il I’emploïât à racheter
fa vie. Il répondit : Si mon Dieu en a ainfi difpor
f é , je fuis prêt à fouffrir pour lui les tourmeris 8c
la mort. Enfin par leurconfçil il invita le roi à venir
chez lu i , lui donna à manger, lui fit des pre-
fens 8c lui expliqua le fujet de fon atnbaffade ,
dont il avoit déjà oüi parler. Le roi t-rèsoeontent
de la réception que lui -fit l’évêque , lui dit ¡ Je
.confentirois volontiers à ce que vous défirez
mais je ne puis rien vous accorder , que je n’aie
confuiré nos dieux par le fort : 8c que je ne fâche
la volonté du peuple , qui eft plus maître
que moi des affaires publiques. Envoïez quelqu’un
de votre part à la prochaine affemblée , je
parlerai pour vou s , 8c vous ferai Ravoir la réfor
lutipn
L i v r e q u a r a n t e - n e u v i e ’me.: s 77
lution. Après cette réponfe 1 eveque recommanda M
l’affaire à D ieu , par des jeûnes 8c des prières: 8c
Dieu lui fit connoître intérieurement que le fucces
en feroit heureux.
Le roi Olef affembla d’abord les feigneurs, 8c.
leur expliqua la propofition de l’évêque. Ils dirent
qu’il falloit confulter les dieux : fortirent en
campagne, fuivant la coutume , jetterent le fo r t ,
8c trouvèrent que c’étoit la volonté de D ieu ,
que la religion chrétienne s’établît chez eux,
A u fli-tô t un des feigneurs ami de l’évêque alla
lui porter cette bonne nouvelle. Le jour de l’af- «m»-
femblée generale étant venu , elle fe tint a Birca :
8c le roi\ fuivant la coutume , fit publier par
un héraut le fujet de l’ambaffade des François.
Il s’émut un grand murmure parmi le peuple
partagé en divers fentimens : mais un vieillard
fe leva , 8c dit : R o i , 8c peuple, écoutez - moi.
Nous : connoiffons déjà le fervice de ce Dieu ,
& qu’il eft d’un grand.fecours à ceux qui l’invoquent
: plufieurs d’entre nous l’ont éprouvé
dans les périls de mer , 8c en d’autres occafions :
pourquoi donc le rejettons.nous ? Autrefois quel-
quesruns alloient à Dorftat embraffer cette religion
, dont ils connoiffoient l’utilité : maintenant
ce voïage eft dangereux , à caufe des pirates :
pourquoi ne recevons-nous pas ce bien , que l’on
vient nous offrir chez nous' ? Le peuple per-r
fuadé par ce difeours , confentit unanimement
à l’ établiffement des, prêtres 8c de la religion
chrétienne. Le roi en donna aufli-tôt avis a ie»
TomeX. C c c c