
¡66 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
• .... Cirque. Il avoir près de lui une troupe de débau-
A n . 8/4. chez, qu’il traitoit avec grand honneur , & fe
». H moquant de la religion , il leur faifoit porter des
ornemens pontificaux tiifus d’o r , & contrefaire
les plus faintes cérémonies. Il nommoit patriarche
leur chef Théophile, furnommé Gryllus ; &
donnoit aux autres les noms des onze métropolitains
des premiers fieges fournis à Conftantinople,
prenant lui-même celui de Colonie ;c a rilten o it
à honneur d’être de la troupe. Ils imitoient les
chants de l’églife avec des guitarres dont ils joü-
o ien t, tantôt plus doucement, tant plus f o r t ,
félon qu’ils vouloient reprefenter ce que les prêtres
difoient bas, ou chantoient à haute voix. Ils
avoient des vafes d’or ornez de pierreries, qu’ils
empliiToient de vinaigre & de moutarde, pour
diftribuer en forme de communion.
Lis faifoient des procédions par la v ille , où
Gryllus étoit monté fur un âne, & fuivi de
tous les autres. Un jour ils rencontrèrent le patriarche
Ignace , qui marchoit en proceifion
avec fon clergé. Gryllus ravi d’une fi belle oc-
cafion , commença à fonner de la gukarre levant
fa chafuble : tous les autres Limitèrent avec
grand bruit, & accablèrent d'injures & de paroles
infâmes le patriarche & fon clergé. Une
autre fois l’empereur Michel envoïa quérir fa
mere Theodora , pour recevoir la benediélion
u.n.n- du patriarche. E lle , croïant que c'étoit Ignace,
vint avec refpeét, & fe profterna fur le pavé,
C ’étoit Gryllus, qui cachoit fa barbe & fon vi-
L i v r e q u a r a n t e - n e u v i e ’ me . ¡ 6j
fage. Il lâcha un vent deshonnête avec des paroles
infâmes, & ajouta : Nous vous donnons,
madame, ce que nous avons. L ’imperatrice ainli
outragée chargea de malediétions le faux patriarche
& Ton fils, à qui elle prédit que Dieu l’aban-
donneroit.
Enfin la treizième année de fon regne, qui étoit
l’an S j4 . il obligea fa mere à fe retirer, &c à fe faire
couper les cheveux , pour embraifer la vie mo-
jia ftique , avec fes filles. Il voulut perfuader au
patriarche Ignace de leur donner l’habit, mais il le
refufa , difant : Quand j’ai pris le gouvernement
de cette églife, j’ai promis par écrit & avec ferment,
de ne rien faire contre votre fervice ou votre
gloire. Quel crime ont commis cesprinceifes,
pour être traitées de la forte ? Ai'ant ainfi parlé il
fe retira; & l’empereur fit enfermer fa mere & fes
foeurs dans le palais nommé de Carien. Bardas fre-
re de cette princcffe , homme habile , mais corrompu
, prit toute l’autorité, profitant de la fpi-
bleife de fon neveu.
En Saxe faint Anfcaire chaffé de Hambourg ,
par l’incurfion des Normans , dès l’année 84 j . ne
îaiifoit pas d’exercer fa million :• tirant fa fubfif-
tance du monaftere de Turholt dans la Belgique
, que Louis le Débonnaire lui avoit donné.
Mais le roi Charles, dans les états duquel fe trou-
voit ce monaftere, le donna à un feigneur nommé
Reigner ; ce qui réduifit Anfcaire à une extrê-'
me pauvreté. Les moines de l’ancienne Corbie ,
qui l’avoient fu iv i, retournèrent à leur mona-
A n . 854.
Simeon Mxg.
n. 10.
Id. n. n .’
Vofl. Theofhl
ri. 2 z i
Vita Ign. p. 1194.
X V I I 1.
-S. Anfcaire évêque
de Brème.
Sttp. lii>. xL vm ,
n. 31; Vita n. 3J,
to. 6. act. p. 95.