
¿8 H i s t o i r e E c c I e s i a s t i q u e ?
cours en toutes Tes peines; 8c celui-ci dit q u i
c e to itu n e tentation,fit l'encouragea à pourfui-
vre iondeffein. Il continua donc dans le même
lieu, avec quelque peu de moin é% que farepu-
tation lui attira : 8c a qui il montroit l’exemple
de tout ce qu il leur faiioit pratiquer. Ils travail-
loient de leurs mains, 8c ne vivoient ordinaire-
meirt que de pain fie d’eau , ’ne bûvantdu vinque
les dimanches 8c les grandes fêtes; fie mangeant
quelquefois du lait, que les femmes du voifinar
ge leur portoient.Ils n’avoient ni métairie, ni v igne
, ni bétail, ni chevaux ; mais un feul afne
pour les porter au befoin,.
Cependant leur multitude croiffoit, Scia valise
on Benoift s’étoit établi- d’abord étant fort
étroite, il commeça à bâtir un peuplus loinun
monaftere nouveau par le travail defes moines :
ou quelquefois il prenoit part avec eux, 8e quelquefois^
il leur preparoit à. manger. Le monaftere
rut grand, mais les batiraens pauvres fie couverts
de paille : car il ne les vouloit pas autrement.
L egliie fut dediée à la fainte Vierge ; fie il ne
voulut y avoir ni calices d’argent ni chafubles
de ioye: du commencement les vafes facrez n’é-
toient que de bois, puis de verre, ôc enfin d’étain.
Toutefois il ie r,elacha enfuite de cette rigueur
pour l’ornement de l’églife. On donna beaucoup
au nouveau monaftere d’Aniane : Benoift recevoir
les. terres , mais non pas les ferfs dont elles
croient alors peuplées, Sc il les faifoit mettre en
hberte. On ne lç vit jamais affligé pour aucune
L i v r e q u a r a n t e - c - i NQmiE’ iAE. 6 9 .
peite qu’il eût faite ¡jamais il ne redemanda ce
qu’onluiavoir dérobé: au contraire fi le voleur
étoit pris, il lui fai£oit du bien fie le renvoïoit fe-
crettement.Un homme qui enlevoit les chevaux
du monaftere fut arrêté, maltraité par les voifins,.
qui ramenèrent au faint abbé ; mais il le fit panier
de fes bleffures Sc le renvoïa. Un jour comme
ilma rcho it, unfrere q u il’acçompagnoit reconnut
un cheval du monaftere , fur lequel» un
homme qu’ils rencontrèrent étoitmonté: il s’écria
auffi-tôt, mais l’abbé le fit taire, difant qu’il
y a fou v en t des chevaux qui fereffemblent. il lui
dit enfuite en particulier:. Je l’ai auffi reconnu,
maisjp n’ai pasvoulu faire un afront à cet homme.
L’exemple de Benoift excita plufieurs. autres
faints perfonnages à affembler des moinesScà former
leur vie fur fes inftruétions. Il leur fervoit
de pere, 8e les affiftoit pour le fpirituel êe le temf
iorel.: les vifitoit fouvent pour les encourager fie
es foûtenir contre la crainte de la pauvreté &
les autres obftacles ¡ainfi fe formèrent plufieurs-
monafteres dans le païs,.
Celui d’Aniane croiffoit toujours, 8c Benoift
aidé par des ducs Sc des comtes, commençai y
bâtir une égiife plus magnifique l’an 78 2. quatorzième
du roi Charles. Il renouvella auffi le cloî- H1
tre, mettant des colomnes de marbre dans* les
galeries, fie changeant en tuile la.paille des toits.
Cette églife fut dediée à faint Sauveur; fie l’autel
folide au dehors jétoitjcreux au-dedans, aïantdes
chiffes qui contenoient des reliques, entr’autres.
I iijj.