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plus en plus, & lui donner les offices les plus bas
ôc les plus méprifez. En effet il fervoic à la cuifiue,
portoit l’eau ôc le bois, allumoit le feu , faiioit
cuire les herbes ôc les legumes, fervoità table, &
nettoïoit la vailfelle, lui qui fefaifoit auparavant
fervir des mets les plus délici'eux , par un grand
peuple de domeftiques.On lui donna auffi la charge
du moulin ôc de la boulangerie : ôc un jour
comme il etoit prefTe de cuire le pain, le four étant
chaud, il en ôta le bois avec fes mains, & emporta
le charbon dans fon fcapulaire , n’aïant point
trouvp fous fa main les inftrumens neceffaires ;
& toucefois il n’en fut endommagé, ni enfaper-
fonne, ni en fes habits, ce qui paifa pour un miracle.
Mais depuis ce cems on ne lui permit plus
d’exercer fes travaux ferviles ; ôc on lui laifTa la
liberté de vaquer entièrement à l’oraifon & à la
contemplation. Il faifoit devant les autels cent
génuflexions par jou r,& autant la nuitjôc feplon-
. geoit fou vent dans l’eau la plus froide, même en
hy v e r , avant fa priere, ôc pour fe préparer à la
communion : quelquefois il s’y préparoit par la
difcipline,& fefaifoit foüetter de verges dans une
chambre fecrette par un frere fon confident, eni
mémoire delà paflion de notre Seigneur. Il vécut
ainfî dans le monaftere fept ans -, & aïant averti
de fa mort prochaine l’empereur Charles, il mourut
le x8. de^Mai, & comme l’on croit l'an 8 i i .
te. 17. Le monaftere de Gelone a pris fon nom,8c s’appej-
le depuis long-temsS.Guillem du défert.Diverfes
églifes honorent fa mémoire le jour de fa fnprp.
L i v r e q u a r a t e - c i n q u i e ’ m e. 7 9
Louis dernier fils de l’empereur Charles , 6c Mo^ Sere
I r o i d ’ A q u i t a i n e » travailla puiffamment à réta- ¿’Aquitaine. blir dans fon roïaume la dicipline cléricale ôemo- I naftique. Pendant le défordre des régnés paffez, I le clergé de tout ce roïaume, qui s’étendoit depuis la Loire jufques aux Pirenées, s'appliquoit moins I au fervice deDiepqu’aux exercices militaires: à I monter des chevaux ôc lancer des traits. Loüis fit I venir des maîtres de tous cotez pour enfeigner le
I ch an t, les lettres divines ôc humaines , ôc le I fuccès paffa la créance. Sa plus grande inclina-
[ tion étoitpour les moines -, ôc il l’auroit été lui-
I même à l’exemple de fon grand oncle Carloman, r. coim. ■
H s* , . H \ r 1* a a i / f- 81 z .n , 1 3 ® . I 11 le roi Charles Ion pere ne 1 eue empeene. Jbn-
I tre plufieurs monafteres qu’il fondade nouveau, I ou qu’il repara , on en nomme v in g t-fix , dont
[ les plus connus font faintFilbert dans l’ifled’He-
i ro ou Noirmoutier, Charroux, faint Maixant,
I Noüaillé, tous quatre dans le diocefe de Poitiers,
[ ôcfainteRadegonde, ou plutôt fainte Croix dans
I la ville : Conques dans le diocefe de Rodés, Me-
I nat ôcM.tnlieuen Auvergne, Moiflacen Quer-
[ c y , S. Chaffre dans le diocefe du Puy , Solognac
g prés de Lim o g e s , Ourbion ou la Grade dans le
I diocefe de CarcafTone ; ôc enfin le monaftere
| d’Aniane. La plupart reconnoiflent l’empereur
! Charles pour leur fondateur, ôc il eft à croire
I que fon fils Louis ne faifoit qu’executer fes ordres
ôc fes çonfeils. A fon exemple plufieurs évê-
I ques ôc plufieurs laïques relevoient les monafte*
les ruinez, ôc en fondoient de nouveaux.