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y j z H i s t o i r e E c c i . e s i a s t i q j j é .
ques, de peintres, de moines, d’évêques. L ’em?
pereur en vouloit particulièrement aux moines.
Il leur défendit d’entrer dans les villes , ni de paraître
à l a campagne : en forte que ne pouvant
avoir les chofes neccflaires. à la vie , plufieurs
moururent de faim & de rnifere : d’autres quin-
roient leur habit pour fortir, fans toutefois abandonner
leur profejfion : d’autres enfin tombèrent
dans un entier relâchement. Ainfi les monafte-
res devinrent lès. cimetieres des moines qui y de-
meuroient morts, ou des logemens des feculiersw
Cependant il y avoit dans tous les villages des receveurs
, pour charger d’impofitions ceux qui ne
renonçoient pas aux faintes imagés.
vftt s. jam. 4.' Toutefois l’empereur Théophile ne put. y faire
47. renoncer Theodora fa femme , ni Theoéiifta fa
ivfiThcof.». j. belle - mere. Il avoit cinq fille s , que leur ayeuie
appelloit fouvent chez e lle , leur faifoit de petits
prefens, & les prenant en particulier;, les exhor-
toit à réfifter courageufement à l’hercfie de leur
pere, & honorer toujours les faintes images.. En
difant cela.elle prenoit, Les fiennes-, quelle gan-
doit dans un coffre , les portoit à fon v ifag e , 8c
les baifoit. LLempereur demanda un jour à fes
filles ce que leur grand - mere leur avoit donné',
& quelles careifes elle leur avoit faites; La plus
jeune nommée Pulquerie raconta tout :. nomma
les fruits dont elle les avoit régalées, puis ajou>-
ta :-E lle a dans fon coffre quantité de poupées,
qu’elle met fur fa tête, & les baife. L ’empereur
comprit bien ce que c’é toit, & en fut fort irrité^,
L i v r e q j i ' a r a n t e - s ' e î t i e ' m î . 3 3 ?
mais il n’ofa le témoigner g par le refpeéb qu’il
portoit à fa belle-mere , & la crainte de fes reproches
C ar e l l e l u i parloir avec liberté, le reprcnoit
publiquement de la perfecUtion qu’il faifoit aux
catholiques : ■ étoit prefque la feule qui osât lui
dire combien il étoit haï de tout le monde. Il le
contenta donc d’empêcher que fes filles n’allaffent
fi fouvent chez elle. ' r
Il avoit un petit homme ridicule , nomme
Denderis, qui le divertiffoit par fes folies. Etant
entré dans la chambre de • l’imperatrice Theodora,
il la trouva qui baifoit. les faintes images-,
& les*portoit à fes yeux par dévotion.. Ll lui demanda
ce que c’étoit , & s’approcha pour les
voir. C e font, dit-elle, mes belles poupées. Auffi-
têt Denderis alla trouver 1-empereur „q u i étoit
à table , &.qui lui demanda d’où il venoit. Il dit
qu’il venoit de chez fa maman, car il nommoit
ainfi l’imperatrice, & qu’il l’avoit vue tirer de
belles poupées de derrière fon chevet. L’empereur
l’entendit ; & fi - tôt qu’il fut forti.de table,.,
il alla chez-l’imperatrice fort en colere , lui dit
beaucoup d’injures, l’appella idolâtre, & lui rapporta
le difeours de fon fou. Seigneur , dit-elle ,
ce* n’eft pas ce que vous penfez •, c eli que je me
regardois à mon miroir avec mes femmes , & il
a vû dedans nos images. Elle appaifa ainfi l’empereur
-, &c fit enfuite bien fouetter Denderis,
pour lui apprendre â ne glus parler des .belles
poupées. .
Il fe trouva des catholiques qui réfifterenr
T t i i j .