
300 H i s t o i r e E cc l e s i a s t iqu e ?
Paul ou celles de Ju p ite r , de Saturne, ou de
Mercure: ce ne font ni des Dieux,ni des apôtres,
ni des hommes. Ainil oti ne fait que changer de
nom, mais c’eft toujours la même erreur. Que
s’ il falloir adorer les hommes, il falloir plutôt
les adorer v iv an s , lorfqu’ils étoient l’image de
Dieu, qu’après leur more , lorfqu’ ils ne relTem-
blent qu’à des pierres. Er s’il n’éft pas permis d’adorer
les ouvrages de Dieu, encore moins les ouvrages
des hommes.
Il atcaquoicen particulier le culte de la croix,.
& difoit : s’il la faut adorer, parce que Jefus-
Chrift y a été attaché, il faut adorer bien d’autres
chofes.Car il n’a été queiîx heures à la croix,
& neuf mois dans le fein de la Vierge fa mere:
il faut donc adorer les filles vierges-, les crèches,
puifqu’il y a été mis; les langes, puifqu’il en a
été enveloppé ; les barques, où il eft fouvent entré;
lesânes,puifqu’il en a monté un,les agneaux,
les lions, les pierres, dont on lui donne le nom ;
les épines, les rofeaux, les lances, qui ont fervi
à fa paillon II n’a pas ordonné d’adorer la croix,
mais de la porter, c’eft-à-dire de renoncer a foi-
même.
Quant à ce que vous dites, il parle à Theode-
m ir, que j ’empêche d’aller à Rome par pénitence:
cela eilfaux , je n’approuve ni ne défa—'
prouve ce vo ïa g e , parce que je fç a i qu’il n’eft ni
nuifible à tous, ni utile à tous. Eten fuite : On a
mal entendu ces paroles de l’évangile : T u es
Pierre, Ss lerefte ; en croïant gagner la yie écer?
L i v r e q u a r a n t e - s e p t i e ’ m e . 301
nelle par le voïage de R om e , & par l’inc erceffion
de faint Pierre. Il ne lui a pas été d it: Tout ce que
tu délieras au ciel, fera délié fur la terre; ce mi-
niltere n’eft donné aux prélats de l’églife , que
pendant qu’ils font en cette vie. Enfin il difoit
que i'apoftolique, c’eft-à-dire le pape, fuivant le
langage de ce temps-là, n’eft pas celui qui remplit
le fiege de l’apôtre, mais celui qui en remplit
les devoirs.Telles étoient les erreurs de Claude
de Turin.
Elles furent réfutées par un reclus nommé
Dungal, étranger & retiré, comme l’on croit, à
faint Denis en France, il dédia fon ouvrage aux
empereurs Loüis Sc Lothaire, vers l’an 818. Car
il dit que deux ans auparavant, la queftion des
images avoit été agitée au palais, c’efTà-dire en
quelqueconference tenue incontinent après celle
de Paris, il dit qu’en cette conférence du palais,
on avoit défendu que perfonne ne fût à l’avenir
aifez infenfé, pour déterer un honneur divin
aux anges, auxfaints,ou à leurs images, mais
auifi que perfonne ne fut aifez hardi , pour les
rompre, les effacer, ou les méprifer, le tout conformément
à la lettre de faint Grégoire à Serenus.
Il rapporte enfuite plufieurs autoritez, particulièrement
des poëmes de faint Paulin, pourmon-
îter que les images ont toujours été en ufage
dans l’églife. Et il foûtient, qu’en niant qu’on
doive honorer les iaints, Claude renouvelle les
erreurs d’Eunomius & de Vigilance. A la fe-
pande propoiition de Claude, par laquelle il
X X I .
Dungal écrit
contre Claude«
Mabiü. ead.
pr&f.n. 35).
bibl.PP.
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