
5 i6 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
- jj tyr qui fouffrit à Cordouë, avec dix-neuf autres,
A n . 851. fous Diocletien , & eft honoré le vingt feptiéme
Un!“''1’ K‘ 17‘ fH L ’exemple & les difeours de faint Sifenand
exciterent Paul à fe prefenter au cadi , & à
lui reprocher la faufleté de fa religion. Comme
il étoit en prifon , Tiberin prêtre de Badajos ,
arrêté depuis vingt ans, pour quelque plainte que
1 on avoir portée au roi contre lui ; le pria d’obtenir
fa délivrance, quand il feroit devant Dieu,
& Paul le lui promit. Il fouffrit le martyre le lundi
vingtième de Juillet ; & peu de jours après le
prêtre Tiberin fortit de prifon , & retourna chez
lui. Le famedi fuivant vingt-cinquième de Ju illet
fut martyrifé Theodemir , jeune moine de
é-Us" 10’ ^armone , & enterré avec Paul dans l’églife de
S. Zoïle. L ’églife les honore l’un & l’autre le jour
de leur martyre.
Florev& Marie. ^ y eut auffi des femmes qui fouffrirent en cet-
j£.»iog. h. c. s. re periecution. La première fut Flore , née en un
lieu nommé Aufinien , à huit milles de Cordouë
d’une mere Chrétienne & d’un pere Mufulman ,
qui étoient venus de Seville. Il mourut & fa veuve
éleva Flore dans la pieté où elle fit un tel progrès
, que dès l’enfance elle jeûnoit le carême, &
& donnoit fecretement aux pauvres, ce qu’elle
recevoit de fa mere pour fon dîner. Le carême
étoit bien avancé quand on s’en apperçût ; & fa
mere , qui craignoit que le jeûne ne lui nuisit en un
âge fi tendre , eut bien de la peine à l’empêcher
d’achever. Au commencement elle nVafoitaflîilcr
fouvent aux aifemblées des Chrétiens , à caufe
L i v r e q u a r a n t e - h u i t i e ’m e . 5 * 7
de fon frere qui étoic Mufulman , & qui l’obfer-
voit : mais depuis, mieux inftruite de la neceffité
de confci fer la f o i e l l e quitta la maifon à l’infçû
de fa mere , & fe retira fecretement avec fa foeur
chez des religieufes, où elles étoient en fûreté. Le
frere s’en vengea contre les Chrétiens, fit mettre
en prifon quelques clercs, & perfecuta les religieufes
: mais Flore ne voulant pas que l’églife
fouffrit pour e lle, revint publiquement à la maifon
& dit : Me voilà, puifque vous me cherchez,
je fuis Chrétienne & prête à tout fouffrir pour
Jeius-Chrift.
Alors fon frere, après avoir en vaineffaiedela
pervertir pailles carefles, les menaces & les coups,
la mena devant le cad i, & dit : Ma jeune foeur j
que v o ic i, obiervoit comme moi notre religion:
niais les Chrétiens l’ont féduite. Le cadi demanda
à Flore ce qui en étoit, & elle répondit, quelle
avoit toujours été Chrétienne. Le juge irrité la
fit prendre par deux foldats , qui détendirent en
lui tenant les mains -, & on lui donna tant de coups
de foiiet, même fur la tête , que le crâne fut découvert.
Le cadi la rendit à fon frere à demi
morte, le chargeant de la faire panfer , l’inftruire
de la loi & la lui ramener. Le frere l’aïant remenée
dans fa maifon, la mit entre les mains de quelques
femmes : pour la panfer & la pervertir, aïant
foin de la tenir bien enfermée. Toutefois quelques
jours après, Flore fe fentant guerie , trouva
moïen une nuit de paffer par-deifus la muraille ,
bien que fort haute , fur une petite maifon voi*
S f f iij