
3î><î H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
de votre pais i Vous n’avez quun feul moien de
recouvrer tous ces biens : qui eft de diffimuler un
peu , vous laiffer circoncire Si faire la priere avec
le calife. Il vous comblera de biens ; Si la guerre
vous ouvrira quelque occafion de retourner chez
vo u s , Si reprendre votre religion. Les Chrétiens
répondirent : En uferiez-vous ainfi il vous etiez a
notre place 5 Oüi, dirent les Mufulmans, car il
n’v a rien de plus cher que la liberté, Si ils le con-
firmerent par ferment. Et nous , dirent les Chrétiens,
nous ne prenons point confeil fur la religion
de ceux qui ne font pas fermes dans la leur ; Si ils
les renvoïerent confus. Quelques jours après il en
vint d’autres fous le même pretexte de leur faire
l’aumône , qui commencèrent à les plaindre , même
avec larmes. Quel malheur , difoient-ils , de
ne pas croire au grand prophète Mahomet ? Ces
gens que nous voïons chargez de fe rs , n,e font-ils
pas pareils de l’empereur , de braves guerriers,
pleins d’efprit Si de courage ? N ’avoient-ils pas de
grandes troupes ? Qui a rendus-'inutile_s tous ces
avantages, iinon de ne pas reconnoître le prophète
, dont les ferviteurs les ont vaincus ? Mais il ne
faut pas s’étonner qu’ils ne connoiffent pas la vérité
, dont on ne les a pas inftruits ; il faut pardonner
à leur ignorance. Puis adreffant la parole
aux prifonniers, ils leur difoient : Quittez cette
voie étroite où le fils de Marie vous a ordonné de
marcher : entrez dans la voie large, pour cette vie
& pour l’autre, que le grand prophète nous a mon^
L i v r e q j j a r a n t e - h u i t i e m e . 3 9 7
trée. Qu’enfeigne-t-il d’incroiable quand il d it ,
que Dieu peut donner à ceux qui le fervent , toutes
fortes de plaifirs en cette vie Si le paradis en
l’autre ? Quittez votre ignorance , Si ne rejettez
pas fes bienfaits. Car comme il eft bon , voïant
que les hommes étoient trop foibles pour accomplir
la loi de Je fu s , fi dure &c fi difficile , il a envoie
fon prophète Mahomet pour les décharger de
ce poids, Si les fauver par fa feule foi. LerChre-
tiens fe regardèrent les uns les autres en fouriant,
Si leur dirent : Pouvez-vous croire véritable Si
agreable à Dieu une dodtrine qui donne a la chair
toute liberté , 8i foumet la raifon aux pallions ?
quelle différence y a-t-il entre les betes Si les hommes
qui vivent ainfi ? rien ne peut nous feparer de
la charité de Jefus-Chrift.
Quelque temps après il en vint d autres du
nombre des faquirs ou religieux Mufulmans , qui
donnèrent auffi l’aumône aux captifs, les baife-
rent tous ; Si s’étant affis, leur dirent : Voiez a.
qui Dieu donne à prefent fa puiffance : Eft-ce
aux Romains, ou aux Mufulmans ? A qui donne
t-il les terres fertiles Si les armees vidtorieu-
f e s , n’eft-ce pas à nous ? Cependant il eft jufte .
donc fi nous n’obfervions fes commandemens,
il ne nous donneroit pas tant de biens \ Si il ne
vous foumettroit pas à nous fi vous n aviez re-
fuié de croire à fon prophète. Les Chietiens dirent
; Permettez que nous vous faffions une quel-
tion. Quand deux hommes fe difputent la pof-
feffion d’un héritage , fi l’un fe contente de crier