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A n. 814. de la foi. E neffet, ilneceffapoint d’appeller les
uns , d’aller trouver les autres, ou de leur écrire ï
& il voyoit fouvent le patriarche pour le foûte-
nir dans l’abbattement ou il étoit.
Il écrivit fur ce fujet aux moines une lettre ï
qui commence ainfi : En ce tems ou Jefus-Chrift
tu 'i-i. eft perfecuté en fon image , ee n’eft pas feulement
ceux qui font en place &c diftinguez par
leur fçavoir, qui doivent combattre pour lav e ri-
té,mais les difciples mêmes. Quand les abbez retenus
par l’empereur font demeurez dans le filen-
ce ; 8c ce qui eli bien- p is , ont promis par écric de
ne fe point aflembler 8c ne point enfeigner,ils ont
trahi la v é r ité , aimant mieux v iv re à leur aile
dans leurs monafteres, que de fouffrirpoùr la
m bonne caufe. ils difent : Qui fommes nous ? J e
répons, premièrement des Chrétiens-, qui dof-,
vent abfolument parler en cette occafion; en-
fuite des moines qui ont tout quitté pour être
hors des atteintes du monde ; enfin des abbez,.
qui doivent même reparer le fcandale des autres
; fi quelqu’un vient à eux pour s’inftrur-
re , que lui diront-ils? J ’ai ordre de ne point
parler , 8c de ne vous pas recevoir dans ce mo‘
naftere.
xiv. Cependant l'empereur envoya fous main des
a fu ™ 13'10" Soldatsinfulteràl’imagedeJ.C.quiétoitàlaporte
jppr.adiheotb- d’airain ; la même qui avoir été abbatuc par Léon
Sup. Ifaurien , 8c rétablie par Irene, comme il paroif-
foit par une infcription mife au-deffus. Les fol-
dats jetterent des pierres 5c de la bouë contre
L i v r e q u a r a n t e -s i x i e ’me : 171
«cette image, invoquant l’enfer 8c le diable, 6c proférant
quantité debiafphêmes. L ’empereur fe ignit
d’en être fâché, 6c dit au peuple : ôtonsde
la cette image, de peur qu’elle ne foit davantage
profanée par les foldats. Cette aêbion encouragea
encore Antoine , Jean , 6c les autres
Iconoclaftes. La fête de Noël étant proche , le
patriarche fit prier l’empereur de ne point troubler
l’églife: offrant de quitter fon fiege s’il étoit
la caufe du fcandale. L[empereur répondit : Et
qui oferoit penferà dépofer le patriarche nôtre
pere,ou à troubler l’églife ?,nous avons examiné
cette queftion à cauie de ceux qui en parloient ;•
maisaurefte, je croi comme l’églife; 6c tirant de
fon fein un crucifix, il l’adora devant tout le
monde, mais ce n’étoit que diffimulation pour
paffer la fête.
En effet le jour de Noël il vint à l’églife, entra
dans le fanéfuaire, fuivant la coûtume des
empereurs deC. P. 6c adora l’ornement d’autel ,
ou étoit reprefenté la nativité de nôtre Seigneur,
ce qui contenta tout le peuple. Mais l ’empereur
.découvrit fon hypocrifie à la fête fuivante de
l ’Epiphanie , fixiéme Janvier 815. car étant venu
à l’églife , il n’adora point les images. Depuis
ce tems il fe déclara plus ouvertement contre
le patriarche , l’empêcha de prêcher, 6c donna
la garde de l’églife & des vaies facrez au. patrice
Thomas, qui avoit été deux fois conful. Alors
le patriarche tomba dangereufement malade: ce
gui retint un peu l’empereur, efperant après fa
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A n. 814;
Vita Niceph, ?..
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