
z i8 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
«.88. tion, au contraire il fe jetcaaux pieds du faint
vieillard , 8c lui demanda pardon avec larmes.
Mais un nommé Anaitafe courut en avertir l’empereur,
accufant le gouverneur de négligence.
Enfuite il alla lui-même éclaircir le fait, 8c ne
voïant fur Théodore aucune marque des coups,
il lui en donna cent , l’enferma dans une pri—
fonobfcure 8c infe<£te,avecfon difciple Nicolas,
8c en emmena deux au.tres en différentes prifons.
• yo-ij. Théodore demeura trois ans dans la fienne:
fouffrant beaucoup de froid pendant l’hy v e r , 8c
Une chaleur très étouffante en eflé , mangé de
toutes fortes de vermines, affligé de faim 8c de
foif; car on lui jettoit feulement par un trou un
petit morceau de pain, de deux en deux jours,
8c fes gardes fe moquoient encore de lui. Mais
un homme de dignité paifant par le grand chemin,
qui étoit proche, 8c apprenan t l’état du faint
abbé, ordonna qu’on lui donnât la nourriture
fuffifante pour lui 8c pour ion difciple.
'ttf- h- En cet état Théodore trouvoit encore moyen
d’écrire, 8c on rapporte à ces trois ans un grand
nombre de lettres. Dans une à Naucrace, fondi t
ciple, il décrit ainfi fa prifon : Après les coups de
foüet, on nous a tous deux mis dans une chambre
haute, dont on a fermé la porte 8c ôté l’échelle.
Il y ad es gardes autour, pour empêcherqu’on
n’en approche, on obferve même tous ceux qui
entrent dans le château, il y a défenfe trés-.fevere
de nous donner autre chofe, que de l’eau 8c du
bois. Nous vivons de ce que nous avons aporcée
L i v r e q j j a r a n t e - s i x i e ’ me.' 2.19
Sc de ce qu’on nous donne de temps en temps,par
le trou d’une fenêtre. Tant que dura nôtre pro-
vifion 8c ce que le portier de femaine nous donnera
en cachette, nous vivrons, quand cela finira,
nous finirons : Dieu nous fait encore trop de
grâce.
Dans une autre lettre il confole une commu- “ •«?• r>.
nauté de trente religieufes, à qui on avoit ôté
leur monaitere, 8c après les avoir fouettées,8c fe-
parées, on les retenoic en prifon. On diiperfa auffi
les moines de Stude,8c on donna ce monaftere 8c
celui dé Saccudion,à un d’entr’eux nommé Léon- )u J7.
ce eunuque,quiavoit étéduparti des Méchiens
8c qui devine alors un des chefs des Iconoclafles.
S. Théodore déploré fa perte en plufieur^ de fes
lettres; car il perfecutoit même fes freres. Le
faint abbé leur écrivit pour le confoler ; 8c il fait
l’éloge de Jacques l’un d’entr’eux, qui mourut
en prifon, des coups de foüet qu’il avoit reçu.
S. Théodore écrivit auffl à tous les moines dif- «M»*
perfez, pour les foûtenir, non-feulement dans la <?. i°®.
foi , mais dans les moeurs. Fuïons, leur dit-il, les eai.c{. i7,
traits de la concupifcence mortelle Prenons garde
quelles font nos demeures, fi elles font dan-
gereufes, il faut.changer, s’il y a du fcandale,il
faut le retrancher,fi nous fommes feuls, il faut
prendre un compagnon, puifqu’il ya malediêtion
contre celui qui demeure feul fans neceffité. Il 'Eccl- iu l'>-
faut obfervertout le refte, le boire, le manger, le
fommeil, le travail, pour y garder la mefure qui
fondent le corps fans le rendre rebelle à l’efprit.
Eeij