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contenta donc de faire couper la tête à Fandila ;
5c expofer fon corps au de-là du fleuve , le treizième
de Juin 85 3-. L ’églife en, fait mémoire le
même! jour.
Le lendemain Anaftafe auflî prêtre & moine
fouffrrt le martyre. Il fut inftruit dès l’enfàncc a
c-i- faint Acifcle de Cordouë : étant diacre, il en quitta
les fèn£bions 1 pour embraffer la vie monaftique :
& fut enfin ordonné prêtre. S’étant donc prefenté
aux juges ,'&£ àïant parlé contre leur prophète , il
fut auffi- tôt exécuté : 5c avec lui Félix moine natif
de C om p lu t, mais Africain d’origine. Ils eurent
l’un 5c l’autre la tête tranchée. Le même jour vers
i ’heure de n on ë , une rcligieufc nommée Digne ,
du monafteré de Tab an e , qui gouvernoit Elifa-
be th, fe prefenta au martyre. Peu de temps aupa-
râvant elle crut voir en fonge fainte Agathe, qui
tenant des lis 5c des- rôles lui en donnoit une , &
l ’appëlloit à la fuivrc. Depuis ce jour elle defiroit
ardemment le martyre : fi bien qu’aïant appris celui
d’Anaftafe 5c de F é lix , elle ne put attendre
davantage : mais ouvrant fecretement fa clôture,
elle fe rehdit en diligence à Cordoüë , & demanda
hardiment au cadi pourquoi il avoit fait mourir
fes frétés , qui ne fo-utenoient que la vérité. Elle
ajouta fa profeflâon de foi 3c des maledi&ions
contre la huiflé religion •: ôc le cadi lui fit aufli-
tôti-couper la tête & pendre ie1 .corps - par les
pieds avec "le? deux autres-. Ces trois martyrs
Îouffrircnt donc en même jour le quatorzième
de Juin ,.ere 891. qui eft l’an 853. Le lendemain
Beifilde
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Benilde-femme avancée en âge 5c d’une grand pie- g
té , fouftrit le même martyre : 8c J eglife honore
ces quatre faints le jour de leur mort. Leurs coips Martyr, k. 14. &
furent brûlez quelques jours après 8c jettez dans
le fleuve.
Colombe .foeur de l’abbé Martin & de l’abefle
Elifabcth; mais beaucoup plus jeune , charmée
de la vertu de fa foeur 8c de Jeremie fon beau-
frere , étoit très - fouvent chez eux ; 5c conçut
un grand defir de fe confacrer a Dieu. Sa me-
re , qui la vouloit marier , le trouvoic fort mauy
Vais ; & s’en prenoit à fa fille aînée & a fon gen- ,
dre. Colombe refufa plufîeurs partis ; 5c enfin fe
trouvant libre par la mort de fa mere, elle fe retira
avec fa foeur au monaftere de Tabane, fous,
la conduite de Martin ion frere. Elle y fut l’exemple
de toutes les religieufes -, 5c pour vaquer
plus librement à l’oraifon , elle obtint de s enfermer
feule dans une cellule. Mais les Muful-
roans aïant diihpé la communauté de Tabane ;
les religieufes furent obligées de fe retirer a Cordouë
, dans unemaifon quelles avoient près le-
glife de faint Cyprien. La ferveur de Colombe
y croiiToit de jour en jour ; & poufiee par de fréquentes
révélations , elle fortit fecretement du
monaftere, demanda le logis du cadi , le prefenta
devant lui , lui déclara fa foi , 5c 1 exhorta
doucement à fe convertir. Le cadi furpris de fa
beauté 5c de fes difeours, la mena au palais, 5c
la prefenta au confeil, où elle continua de panier
fi fortement, que n’efperant pas de la faire
Tome X . Aaaa