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, * Jé cofiviens que’ le récit d'Hérodote ne s'ac- j
corde point toilettant la retraite des foldats égyptiens
, avec celui de Diodore , qui attribue leur
mécontentement au feul affront'dont on a voit
cherché à les couvrir. Hérodote au contraire pré- ,
tend qu’ils a voient été laiffés pendant trois ans
dans les garnifons de la Théb aïd e, d’où Pfammé-
tique rie vouloit paS qu’ils fortiffent ; mais Céla
n’eft point probable, & cet écrivain fe trompe
encore lPrfqu'il place beaucoup trop avant dans
l'Ethiopie l’ établiffément que ces déferteurs y
avoient formé. Il patoît brefquê Certain, qu’ ils fe
fixèrent fut les bords de l’Aftaboras, & y Ouvrirent
même un cànal qui fe déchargéeit dans la
Mer rougë, fanS qu’on fe foit apperçu que cette
faïgnée artificiellè faite à l’Aftaboras, ait diminué
les eaux du Nil { ce qui a cependant dû arriver,
mais la diminution a pu être infenfible ».
M it icÊ des grecs.
Quelques auteurs prétendent que Philippe r
jô i de Macédoine , 8c père d’Alexandre le grand ,
A été l’ inVentieur de la phalange. mais iis ont confondu
l’époque dé fa perfeâiprt av éc celle de fon
Invention. Lé terme de phalange étoit connu chez
le s grecs long-Éetàps îa^àfit;lui, & il défignôît
chez éi& Up grand corps d'infanterie pefamment
jàfmé , mis ën bataillé fût beaüçôup de riront 8c de
hauteur, & qui ne laiffpit aucun intervalle entre
Tes divilions. jGétte manière de ranger4 eur infante
r ie , leur étoit Çômmune aVèc les peuples d’Àfîé,
avec les égyptiens, les CârthâginbiS Lfes gaulois &
les romains même, dans les prérhiers nècfesde
leur république. Polyén attribue cette difpbfition
à Pan , général de l’ariflée de Bacchüs. Mais ,
fans recourir au temps fâbuleüx, lés monumens
hiftoriques nous offrent affez de lumières fur l’ ancienne
té de la phalange. Xénophon, en parlant
dés règlerrtetis militaires de Lycurgue,. fe îert du
ÙÔfn fajpkalânge , AàfiS fc fgBs que Pôlÿièn lui.
donne. Plutarque en fait ufage aufli dans la Vie de“
ce légillateur : il en eft également parlé dans îâ
ityropKâii. LéS égyptiens fê formèrent eh phifiçuis
bataillons quarréS de dix mille hommes chacun, !
contre le gré de Créfus, qui vouloit donnes à fa
phalange le plus d’étendue qu’il étoit poffible.
Tous ces exemples, prouvent que le mot de phalange
a été de tout temps propre à là tactique dés
grées. Deux caufes Ont pu donner cours à l'opinion
contraire.: il n’y avoit. poiiït de corps particulier
dans les,troupes grecquesauquel èn don-,
nât le nom dé phalange. Depuis Philippé, il y en
eut toujours un dans celles des macédoniens, qui
Lut diftingité par cette dénomination. Le dénombrement
des premières né nous montre de diftinc-
tion entr’ elles j que dans la différence de leurs
armes On n’entendoit par 1? mot de phalange, que
la difpbfitton ordinaire de l’infanterie pefante dans
les batailles. Pour recevoir ce nom , il falloît
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qu'elle fût' mife en ligne : elle le confervoit enfuîte I
dans les manoeuvres qui dépëndoiéAt du premier I
arrangement. Chez les macédoniens , au contraire, I
on ne v|dt qu’une feilte trempé , tpujpurs rémar- I
quable par le choix & la qualité des foldats, & I
par létfr expérience, qui foit ainfî nommée : mais I
comme la conftitutîon que Philippe lui donna con- I
tribua beaucoup à fon excellence,.il ateft pas éton- I
nant qu’on t'en ait cru l’inventeur. 1t hYmbrafla I
point d’autre fyllème de ta&iqüe que celüijdes I
grecs i il en fit la bafe de fes opérations t$ilî- I
taires.
L'ordonnance folide, unie 8c condenfée, -dût I
fut tôaj'ôurS; aflfeétée à l'infatttefie peßmtegfes I
grecs j éç qui rendoit le choc de la phalange fi for- I
midable, eft clairement-écrite dans Homere } 8c I
il eft aifé de s’âffurer par la levure de l’Iliade, I
què lés manières de fe ibrliver, de Combattre, I
de fe retrancher, due Loft voit chez les Grecs I
dans lés fièeies" p^hérieilrs , êtojëttt pratiquées I
par eux dèsJ| e temps dé la guerre deTro|re. Ils |
atoient dès-tors pour armes le càfqpe , là cuiraffe, E
les grèves, lé bouclier , d^f‘jïyë|pts à làhcér , lia I
pique & l’epéè. jLë combat commençoit aV^C dés I
cris extraordinaires , pat les àtute jèf i' tés ,ne- I
elles , les traits , léS dards ôn îè ’joig'rib'it ertfüne., I
fpir avec la piqué ; Toit àvée l’épéé j 8é;peMâÂ_'fa I
mêlée, les armés à la légèré, placés derrière fes I
autres combattans, J^Vôypi|Ut.)pâ’r-àwüS leurs I
têtes une grêle déïraits fut l’ennemi. ÖnTäpper- I
çôrt dans l’âfffiée des gréés, comme dafis lèfjle I
aes troyens , Une égale atfehtioA pour découvrir I
èi. jiéfteriêr lés dëjffèiris iiife'' rëÂMeftfi■.'j.iÇ'pùt |^t- I
prëndre:& d’Iôê; ftirpfis, en üp mot, I
autant de fàgacité que dé CPùrage dâfiS l attaque I
& dârfs la défënfe. Xénophoft, dans fon Tràûé I
de la république de Lacédémone , nous a confervé I
les règlétheais militaires déLycurguè: lêS évplu- I
tions particulières, les manoeuvres générales, la I
formé des camps, les eXe'rcicë’s des foldats, &c., I
tout s’y trôuve prdonné avefc'foin. -
L’/hfànt&îe étoit divifée en fix corps’egauif , I
& la cavalerie dans fe même nombre d’èfcadrons. I
Cèux-cf étoiëfit dê ç'inqnàfïte Ö^alietsqör K Jör- I
moient en quarré. Chaque corps d’infanterie étoit I
commandé par un poÙinâfyuc , quatre ided/ques
ou capitâihér, huit lfetlteUanf SC feiZe êriântaiar- I
<pies pu. Chefs- d'efeouade. 'Ces éfcôoades fe par- I
tageoient encore eri trôis ou fix pelotons 5 Chaque I
ç®rpp d’ infähtefie, à ce que dk X éd& ||^ ^ » dh - I
tendit quatre cents oplites armés de boucliers I
d'airain. Thucydide leur tu donne cinq'tprits I
d o u z e & dit que l’ énomotie ou efeouade , avoit I
qrdinairement. quatre hoipmes de front fur |uit I
de hauteur. Xénophon dit que l'bn mettoit la I
; phalange en bataillé fur plus Ou moins de pröfon- I
j <pù‘r , fuivant les occurrences, 18c que les döm- I
: mandemens étoieht faits à la voix par chaque ino- I
motarqtie, I
M. t IL
mot a fq u e qui, l'éifip.rtflbirà cet é’^ard les ;fon£liphs
ordKiauee.dpsabérauts. ?
- 0 a pfcç<î>fe.à feftèêè des!files les-meilleurs foldats.
-Les manctes feiaifbïencen'Cplpii'be par énot
métie. L’ennemiîfe^pféfentbiMl, chaque feétion
ivfnçaiüt 3'',o%'1pPja d ro tt^ èu fur‘ la |||uq!}£Î' de
celle qui la précédoit, la troupe Mtrbuyoit en
bataillé, allignéeTut-fe ffonedte'la'prcrtSièreéno-
motis. Si lon< é'toit attaqué par derrière ,:‘o'noppo-
fpit., par in're-'cbfitle' fnZrchel, fesfehefs de file à
lfennemi Torfqüe fes cdnjon&ures Uexigeorent,
on pofroit. aVto’lat'mêmeftfisfcîlité ÿ'^ajdrôite-à ld
plateitle, la ^aucheéllà ia^çSuce;-de là
droite ; 8c s’ /l, âirivérr qu’oîi fût enveloppé par dus
fèrees ^fupérieurfô i on ’faifoit aüûitôtf frmit^ de
tous cô té s , *onoppofoit par-tour une égàle réfif-
t|pgf.;ai-1.
. " 0a'oepmpoft en to n d , à moins que ladifpofif
titmHu ’ rerteàn ne'iqmïttibuâP elfo^'rrrême à la
fûtôté-de ;q U e 1 que ic St ëi d 11- campjçOn établiflbit
dânÿf'inté/îéW d'es’ reffanchemens des boftes^d’iftr
fanterie ppur la np'hcë' 8c le bé|roxdte . 8e 'Jx1-
d|hîS?s des ga’fdès ;dèrè?v-al^fé'':p'dâr "découvrir :au
B ih , ‘8e3fé*girantîr';d«is rdrprîfes.'-
^© t f’èlièerf'oic'HeV-foidatS tous feï jStfts'j Pn com-
me:b$éit^d'égale*1 p0 rw du jour t? les^feirë màridBu-r
v rë r , ;tpTarpherf& ‘c-o^ir^en, obferva’i||flue dans
la"edurfé comme Ü^rîs, la fimpfeina'rchè, ils’gar-
'd^îfenï ïfeujs rMgs.' Les' manoeuéreS
mtes , i é
cuiiêre^ la croupe faire
le répâs dû fhatii)‘. Les’ fiïemeS exeïcîtésTe rePre"
njiiëhï dans l’ a^rès-‘‘midi 5 &1 'lo fe l'ils 'é to ièn t
achevés, un hgraat commandait aux foldats d^al-
le/ jpre.ndre fe repas du 'fpir, d’ offrjr aux dieux
un lajérjfjqfr, &c de fe coucher enfiijte auprès de
fejjrsjifmes. L ’,eQ>ritrde,querelle & de diffention",
& ,itpus les-, vif es que Loifivetiq^raîpp, apres fp i,
n’ a ^ ® t pas le temps d’jpfe/ler fes foldats toujours
3ffeqjbL§s ^fo.ujp'ui'S occupés, dont les aérions
fes .plù5 communes étoient aftujetties à un ordre
invariable;; ’
L ’armée étant rangée en .ba taille.à la vue de
l ’ennemi, le roi.fac,ripoit une chèvre à la Diane
des champs en préfence de tous les foldats, dont
les armes étoient- Jùifantes & qui. âvoieqt d-a tête
ornée de couronnes,de fleurs. Après fe façrifice,
fes joueurs de flûtes , dont il y avoit pluiieurs dans
les rangs, ayant corrjmencél’air de la chanfon de
Càftor, le roi fe mettoit en marche le premier :
l’armée le -fiiivoit, et s’avançant jen cadencé au
fon de ces inftrumens, & d’un pas légal, fans troubler
ifon ordre, ni confondre fes rangs, ellealloit
affronter la mort.
La douce harmonie de la flûte tempéroit le
■ Antiquités, Tome IV .
. MI L 97
.e9uragtt.^>q{^i^<^ S:'^ 1M^a,bl,^ ns » empêchoit
,que leur vafeiir impétueufe ne. les emportât trop
déjfesitendoit bien plus redoutables, en les.
prenant'unis 8c .fexrjésfdans leurs- rangs, malgré
•la ççjérfp.é' de leur; marche;1L’ennemi’ rompu 8c
nus en fuite , il neleur était permis de le pour fui;
vre ,,queutant,qu’il fe falloir pour que la déroute
;fûfî<tpti'ère 8c‘ la, viéfoirq affûtée. Lycurgue regar-
doitsçpmme indigne dlujre nation-libre .& géné-,
reufe^-dç.rnaffacrer' de fang-freid des gens épars ,
■ îdébandes.,'hors'd’état’ défe rallier. Cette maxime
n’étoit ipas- mdins's avanea’gèufe qü’honôràble aüx
fpartiates : ceux qui combattoient contr’eux ,
allurés .qu’en s’opiniâtrant à leur tenir tê te , ils
’àypiéntj:t^nt-à irndpû^é%;*fe'nttëhi' fûyaût>'pitsfê~
roient fouvent le£ patfi.de la fuite à une défenfe
trop obftkiée..---
t Dans fes beaux lîècles de la Grèce tout citoyen
étoit foldat : lorfqu’il s’agifloit du falut delà patrie,
ou de laIdéànfe de fon propre pays, perfontae
n’étoit difp^fhé .de prendre des armes | fes plus!
viggprÉux .marr.hoient en campagne , les j.euhés
gens & les; vieillards- demeuiofent pour la garde
de s-rernpar^ <, j,.
Auffi-tôt que t e jeunes gens avoient atteintleur
yi‘rguè'me année, le nom en étpi.t mûrit dans les
f^ g i^ ç s pubÜLS , & ils devcriérit marcher.-à la.
igusrê^ISbèzIfes^athéniens, on fes efivoyoit dès
l;âg4'.dë dix-hùft -ans dans-fes?;forts ouiçhâteauàc ,
où/iisj-érofent dfrelîés à tojjs"îfesr eretcices m:li-
tairesj cependant on ;tjeifes admettoip. point dans
lgë armées > qu'ils n’euffent vingt ans ; ce. aleff
qu’à,cet âgé qu’on recévpit feiit ferment milhairq«-,
T^put; (àthéniep étoit obligé de-le prêter, lorfqu’ifi
étoit, m'? pour la première fois fur la lifte des
citoyens -; 8e- ppur fe! rendre «.plus inviolable,, la
çéçémeme ^’eji Faifoit publiquement dans le tetn-
]p^ d’AgrauJes -,?! Je ju te , difoit le Candidat j: que
éje'në déshonorer.aj, point la profçffion des armes;
que je ne sauverai jamais ma vie par une fuite hon-
tqufe j-de qnqijç^ombaefrai jufqu’au dernier foupir
pour ;la défenfe de ma patrie ,, de. concert avec
tous mes coUcitoyens, & feul même , : s'il le faut :
j’en prends à témoins Agraule , Mars 8c Jupiter ».
Il fâîlqitàjSpàftëjquarante ans dé fervrçe ppur
être .exempt de marcher aux .guerres, étrangères .-
les athéniens,jouiffoieht communément de cette
exemption à l’ âge de quarante-cinq âns. Cepèn-
dant, .il dépenloit quelquefois'des généraux dé
feur. faire prendre les armes dans un âge beaucoup
plus avancé.
La loi du fetM?eé; perfonnel danaj^y;-.àrrùées
obligeoit indiftinétement tous-fes.citoyenis^quels
que fuffent leur état & leur bien , 8c chaqùlrs’ac-
quittait fucceflivement de ce deyoir eq>ers là
patrie. Dans Athènes, le peuple régloit la forme