
2% N E M N EM
nurbre de Pâros , pour ériger un trophée' fur j l
champ de bataille ; mais ce marbre fervit à un
ulage bien different, Phidias remploya à une ftatue
de Néméfis^, qui fut élevée à Rhamnufia. La déeffe
L - ju a C-ete ulie coutonne , furmontée de cerfs
& de petites viéloires j e lk tient de fa main gau-
che_ une branche de pommier fauvage , de la
droite une coupe , oîi' font repréfenté* des
Ethiopiens ».
La ftatue de êfônqfij-Rhamnufîa étoit d’une
grande beauté : elle avoit dix coudées de haut,
& etoit d’une feule pierre. Pline dit qu’elle avoit
d abord été ébauchée pour une Vénus} que
deux difciples de Phidias , Agoracrite 8e Alca-
mene j avoient travaillé tous deux à l’.envi à faire
une Venus pour Athènes. Quand les ftatues
furent Haies, les .athéniens, pour favorifer Alcà-
mene, leur concitoyen, donnèrent la préférence
à fa ftatue , "fur celle d'Agoracrite, Parien j quoique
ce dernier eut mieux réuffi que l'autre. Ago-
racrite , indigné de-cette injuftice , la vendit; à
condition qu’elle ne feroit point dans Athènes,
elle porter oie le nom de Néméfis ï elle fut
placée à Rhamnufia. Voyej Rh am n u s ïâ .
Néméfis eut auffi un culte établi à Rome; On
lui facrifioit dans le CapitoIe; mais fans lui donner
de nom latin , comme le dit Pline 5 & quand
les romains pjrtoit nt pour la guerre , ils avoient
coutume d’offrir un facrificè à cette déeffe , &
de donner en fon honneur un fpedaçle dé gla-
diateurs , pour montrer qu’ils n’ entreprétioient
jamais que des guerres juftes. Mais alors Néméfis
étoit prife pour la Fortune , qui doit accompagner
& favorifer les guerriers. Cette opinion pa-
ro;ffoit fondée fur la roue & le timon , qui accompagnent
quelquefois fes ftatues.
L ç nona de Néméfis eft formé de nfttm*, je
m’indigne.
Platon dit que cette déeffe avoit une infpeâion
particulière fur les offenfes faites aux pères par
les enfaas.
_ Néméfis , félon quelques anciens poètes , fut
aimée de Jupiter , qui la rendit mère d’Hélène
( Hygin. Poet. aftronom. I. n. V I I I . ) ; & félon
d’autres , elle éteit fille de Jupiter & de la Né -
ceffité.
Elle fut fumommée Adra/Ue, d'un temple que
lui avoit élevé un héros Adrallée , qui eft d’ailleurs
abfolument inconnu. On donne d ce furnom
une autre origine, & on la puife dans l’ étymologie.
Adrafiia peut- avoir été formé des mots <m ,
toujours agiilante, ou de 1’* privatif, & de Jfc««
ou MçarxM t je fuis : divinité dont ou ne fauroit
fuir la vengeance*
'Phifieurs des anciens ont confondu- Leda avec
Néméfisr. Paufanias dit; que Léda n’étoit point la
mère d’Hélène , mais feulement fa nourrice. Phidias
fe conformant à cette tradition, feptéfenta
Léda de telle forte fur la bafe de la ftatue de
Néméfis , ^qu’elle fembloit amener Hélène à Cette
déeffe. D ’autres enfin ont dit que ce fut Néméfis
qui pondit l’oe u f , & que Léda l’ayant trouvé,
le couva, 8e en fit éclore Caftor,-Pollux & Hélène.
( Voyc% le mot Hélène , où l’on éxpofe
les différentes traditions touchant cet oe u f myf-
térieux ) .
L’ufage, a confacré la dénomination de Léda
pour toutes les-femmes qu’on voit eareffées par
un cygne, de quelque manière qu’elfes foient
repréfentées: peut-être feteit-on plus fondé'à
leur donner le nom de Néméfis.
Nous trouvons cependant un caradère' diftitif-
t if dans la fable> elle nous apprend que Jupiter
dégurfe' en cygne, & pourfuiyi par Vénus,,fmé-
tamorphofee en aigle , alla chercher ,un aftie
dans le- fein d^-Néméfis, - Cette aéeffe recueillit
1 oifeau fû g io f, qufen jouit pendant fon fpipipeiî,
& s’envola à fon réveil. On pourrait donc appele
r Néméfis lés femmes quLfont repréfentées endormies
fur les-monumens antiques, 8c eareffées
par un cygne* Le nom de Léda appàrtipndrôit.ex-
ciufivement aux femmes qui feroierit repréfentées
avec le cigne , mais éveillées , ; ou dans toute >
autre attitude que couchées.
Les ancienis donnaient à Néméfis une roue
pour attribut. Elle étoit le fymbole' des imprécations
que Jes amans- lui ,adreffoient-contre- les
perfonnes qui ne répondoient }pas à leur amoqr.
Ils tournoient une roue, en Suppliant Néméfis
défaire tomberl'amantdédaigneux à leur porte,
& de le faire roulerJur -lui-même comme, la. raye
tournoie fur fon axe. Çq|bn% les termes de'la-ma-
gicienne de XbéoéfMÇ
comme fille de la Juftjce.-, vengeoit . toute forte
d’injure, & les amans ( Lucian.dial. metetric^fy
juraient par cette divinité vengereffe. Properce
( Eleg. 6. v. %.6. Ælegj-Ü: v. fait fouvent àllufiort
à la roue de Néméfis. Cette roue, a fouvent
fait confondre fes figures .avec celles de h Fortune,
dont die. tient auffi: quelquefois dégou-
vernail.
Elle eft quelquefois coè'ffée avec des tours,
comme C ybê lq , ç’eft ainfi qu’ elle eft repréfen-
tée für un médaillon de Macrin , dans Buonarqti
C Qff- f°pK alc.'mèd.p.‘22 j . ) .'
Les anciens lui rendoient un culte particulier
afin qu’elle les préferva d’orgueii ( Macrob. Satùrtt.
l. i . c. 22./). C e culte tonijftoit, félon Sénèque
( t e ) , à fe réduire volontairement à la
mendicité, & à contrefaire les_ pauvres* Suétone
dit
N EM
dit qu’ Augufte -péatiquoit.- tous les .»Ma,
un jour entier ,cette- fÀk^erïfitiop. Winflfelrp^U
fécqnrtuîfe dans-une ftatue ^appé'lée, fauflement
RbUSAIRE. y
La figure de cette déeffe eft’ fjouyentjplacép fur
les, médailles &■ les,pierres gravées ; mai? qu,nJen
coi0noit,qu’:une feulfj;flatue( de marbre, quij eft
à la yilla Albani, RUe ell très-reçpnnpiffable àjjfon
attitude ordinaire , qui eft^d’élave^ avec H m^.]n
gauche1«1 pan de fa robe"ver^ foh'mento’n ,‘comme
pour cacher fon vffage. N (mefis chetche^a éviter
fa vue des crimes , qu’elle 'p^nit, cependant tôt
ou tard. Peut-être aüfft(|e§ gn'qi^ns, ,onç- il s ^ v.oulij
exprimer» par çette ,'aéticodé,.J Oié'gine
que quelques-uns font naître-de JaNuit.
C e bras-plié'devant le fein,lignifie auffi qu’elle
tnefure, ( examirîe) les hommes 5 car la 'djegufe
Ordinaire des grecs s’appejloit trwyâtj ^c&udêé.
& élle fe prefioit depuis la^eConde-jpintuije des j
doigts jufqu’stu coude. ,Oeft de que nous epÇçîgne
un ahcied'hymme de Deays fur cette dée£Çe:(r
■ "ïb -j' àù fiisTot 'fterçiis, '
a Vous mefurez, toujâursla vie avec la coudée ».
’ Néméfis regarde ordinairement en bas vers -fon
fein avec un air auftère, comme nous la dépeint
-le'mêiùe poëte.
, Neu£/s éi'vsro &Et x-àra otpçvy,
« Vous baiffez toujours vos fourcils vers votre
fein ». s
On voit cette d&irûfâ ' redoutable fur le bas-
rélieBddtodSÿp^e’ÿqtii repréfente‘la mort fatale
de Méléagre.-'1 Elle ;eft -reconnoiffaible-:-à Ton bras
didit é le vé ,'à la roue- fur laquelle eft %peLffirien
pied- gaùche -& au roulêau qu’ eHe .-tteot-de tla
main gaucheîi-Nefoé/w regarde avec attention -ce
triiïe évènement s Ss paroit en men’acer les auteurs
avec fon bfcas droit qüi:eft levé, n
Dans la colleélion des pierres gravées de Stofch,
oh voit finî line onyx un bufte de Né méfiai avec
deà ailés „ éle'vaftt d une main le bout aê .foni’voile
un peu- au-deffus >dë'*'fon fein / & y fixant »fes
regards., fij.
. Sur une pâte ântiqqe le même fujet, mais fan?
ailes.
- : Sur une üardoihè Néméfis debout avec de grarides-
aîles ■ qui de la main ’.droite fe découvre un peu
la gorge‘de la même façon qu’élleieft reprefehtéé
fur des médailles, 8c qui^e la main gauche tient.
comme ( Paufan. lib. I . p. 81. h 14. conf. Suidas.
yoye^iPafifo'ébié;')1 Ja Néméfis de Phidias, .jpifrâ-1
meau“de pommier fâuvàge'/: a ih â lé en -grec MeAv
ou pexU, du bois duquel les anciens faifeiént
leurs C Conf. Euftath.adl. B. p. 282. b. 13. ) piques
Antiquités, Terne IV ,
N E N 26$
& leurs jayjïlgts. C'eftTlà probabkipentun attribut
qpi.jdoit Wtquer là,dürete inexorable de cette
'ftéetje. Jv’t
Deux autres Néméfies femblables àla nôtre font
au cabinet Strofi^i\ Rome , & aü cabinet qui
appartenoit au coniteThoms. Toutnefort (" Mém.
W&fijkcadt des' .injfcr. t. IV . p. 18^,) ayant iVoUyé
la ftatué' d’ upe femme frappée , fans tête & fans
bras, la prendit pour Une Néméfis qui pourfmt
qqeiqu’un;;^ rnajsiçette décik n'a jamais été repré-
ign té e dahs fâMîon dé éàyifk* ' v
S^r une pripjs dans
la même attitude, mais avec .une roue à fes pieds,
& tenant de kmain.gauche une bride au lieu de
rameau-, v’;-
Sur une prime d’ émeraude, Néméfis debout
[dans la mêmeatt-tude, tenant de la main gauche
la bridé leramêah', & ayant à fes pieds latoue
& une* quenouille des Parques,
Sur une pâte antique, imitant la fardoine, Néméfis
debout, tenant fon voife. élevé de, ia main
gauche, 'âyâhtla ’ main droite fur One,'roue
gtp eft fur, une^cojonnéyis-à-vis d’ elle. Aujped
de la jcolohnqqn voit un petit amour tirant une
çqrdAïquLpafle fur la ro'u.e ,'*& dont Néméfis t-çnt
rfins doute l’autre bout ; image qui peut lignifier
qpzsN.eMéfis .rihpéiieure- a l’Amour, & peut
içïrldsrÆdh orgueil.
Sur un. jgfp.e rçmgefdeux Nétrj.éfis, -dont l’tine
payant, k roue- à, fes ;piedsi,.,t;ent mni'bâton, de la
main droite &jtrn poignard de k gauche j -8c l’autre
nommée, CAW'gÿrrorîly/fîrçç.v fopfi. tàlc. Medagl, p.
' ixfifi%0 dfufieàiî % en-main’unesfronde lâchée. : ’
S.uriuçie cqrtr^line deux -Néméfis.au-deffus def-
quelles fbnt placées la Fortune 8t la Victoire. H
NEM E STR INUS , divinité ,qüi préfidoit aux
forêts, & qu’on, regarâoit, comme le fouverain
des DryadesHaniadtyaties-, Faunes , . Satyres
& autres dieux faabitans des bois. Arnobe ( Gàw*
tra genres lib* 5. )|/ell Jej Ifeul écrivain qui ;ait
parlé de cette divinitté, dont le nom paraît formé
de nemus , forêt., i .
N EM O R A LE S 'j fêtes qur fé célébroiént dans
la. forêt d’A r id e , en l’honneur de la déeffe des
bois.
N E M O lL E N S IS -y furnom de la Diane
Ar ic q m a .
N É N IÂ T O N . Pollux ( Ckap. X , du Üv. I V ,
de l'onomafi. ) diit qu'ub des airs fpondéès ou fpon-
daïques , fe nommoit neniaton, & foupçonne que