
,gïees , comme Iss - phéniciens , déffgftèrent par
bât mens ronds ou longs les navires marchands oiî
ceux qu'on- dêftinoit à combattre. Le vaiffeau de
Jafon fut fans contredit le plus vafte & ie plus fü-
perbe qui eût encore paru dans cette contrée. Uh
décret public défendit à d’autres que ce héros de
mettre en mer aucun vaiffeau avec' plus de cinq
hommes. Lui feul eut le droit de défendre les côtes
, & de combattre les pirates, O n lui en donna
même une commiâîon expreffe.
- Quelque hardieffe que fuppofe l’expédition des
argonautes j on ne peut s'empêcher de convenir
qüe les grçcs, à cette époque, n'avoient encore
ce la mer que des connoiffances très-imparfaites,
quand on les voit perfuadps que le sC y a n é e s,
fuite de-rochers vers l’entrée du Pont-Euxin,
étoient mobiles » & fe rejoignoient pour brifer lés
vaiffeaux qui ofoient afpirer à les franchir. Cette
te ignorance fe perpétua long temps , & dans
» le fièCté même d’Homère > oh ne leur voit
» encore que des fdées abfurdes for les pays fitués
au-delà de la §iciîe. Ils y plàçoienf dçs cÿ d o -
r> pes y-dés-leftrigons, les portes du jour & de la
»> n u it, -le féjour des afhes, &c. f Mém, de
fàcaçl.1. X V I I I , p .9 6 .) : >
La guerre de Troye eft pofférieare de trente
ou quarante' ans ‘à l’expédition des argdnfutes.
L'armement dès grecs étoit compofé de Vingt-
huit flottes , commandées par foixantg 8c’ neuf
■ ch e fs, & renfermant onze .-cent - quarante-trois
vaiffeaux. La Béetre è h ’fotohit cihquïntév Sparte
foixante jTArcadie foixante 3 Pÿlos foixante-dix, j
Mycène , Corinthe & quelques autres villes cent
&e. O h voit dans ceitè guerre plufieurs trirèmes
conduites par lès rhodiens 8c les phocéens, Après
ce iiége fameux-, les grecS , en retournant dans
leur patrie , edrent une navigation malheurëufe.
Piomède Sc Ménétas fdrèriti jettés par les-Vents
pn EgypteyUlyffe erra long-temps avant de revoii
fés foyerk ?
Les grçcs ne .firent pas de grands progrès dans
la navigation, p?rce qu'ils ne connurent point ia
b o u ffo le c e tte belle invention moderne; Ils ne fe
régloient fur mer dans la Conduite de léurs vaiffeaux
, que par rinfpçétion du foleil pendant le
jo u r, 8c par celle des étoiles pendant la nuit 5 ce
qui les jettoit dans de grands embarras , torfcjue !
le temps dev.enoit gros & jbbféut j ce qui les ein*“-’
pêchoit par conféquent d'entreprendre des voyages
de long cours., & encore plus de tenter, comme
on a fait après eux , de noûvellesV'écouveytes à
travers des.mers-,inconnues. Dans leurs voyages
maritimes, ils fé conduifoient parlagrande pUrfe,
ou Helice, conftellation q u i, ne montrant le nordique
d’une manière vague, devenoit pour leurs pilotes
un guide peu fur. lis në-xopnoiffoient pas'
l’jjfage t}es -çapfes niarinë?, 8e jls “fç ferV'piênt
d’àütrë moyen pour cotmoîtrè lés liés SciescôteJ,
que du vol de plufieurs"oîfeaux qu'ils poïioîent
; aVëe'ePx ’dahs lèufS vaiffeaux j pour leur indiquer
- le* terres où ris voulaient aborder j ainfi ils aq
faiforenrque cotoyer les rivages.
i , Thucydide dit que lés navires'âpnt on feTërvft
à la guerre de Troye n'avoient point dè p o n t, &
| qü’ils étoient conftruits’ comme de fimple? bat-
teaux. Cepëiîdant'j fuivant h tradùélion de ma»
damé Daçier ( Odyjf. ton. II. fol. '235. ÿyir fut
dreffe un liç à Ulyffe fur le poht.'il fe péiit qu’Ho»
mère ait attribué aux phéacjëns cetie 'particularité
ihconutie aux adtres^ grecs 5 Ce? 'ijùî"fen>ij: affez
. conforme à tout.ee qu'il dit des premiers. On he
eqnnoiffoit point alors kstiuvires âplufieuts rangs
de rames. Les phocéens,qui fondèrent Marfe'ilLe ,
& qui vainquirent fur mer les carthaginois, ne fç.
vfervoient que de vaiffeaux longs & fimplés avec
un feul rang de cinquante rames; Il paroît par le
témoignage de Thucydide, que peü ) avant la
guerre desperfos pc la mort de Darius,'fucceffeur
de' C a m b y fe y f .1 dja hi t fus* de Corcyre & les
tyrans de Sicile «Voient'" plufieurs'’ navires à
-trois raflgs.'Cependant cfe ne fuf qu’au temps de
Themiilocle ( Thucyd. ) queléà grecs & fimto'fît
les athéniens, à far{ferfuafiori, ârjhèféfit cès na-
vifè s pendant la guenê <fâ ils-'Taifqient aiix"-'égi-
nètes, & en attendant Jafvenue dé Xerxès ; auffl
durent-iîs’â -çes navires le gain d e;lfa batailléüe
Salamine ; mais alors il ri’y àvoit'. poihjt de
ipotit. •'
Les. romains^ n.e -çojinuf-ent la navigation, quâ
lors de la première guerre punique.’. L’an 490 du
: Rome, iis furent forcés d'équiper une flpt-te-par les
fuccès que donnoit aux carthaginois leur füpénc»
Tité- fur mer , 8^ il arriivà'que i-’quoiquqitput fieufe
dans .ce genre- de- combat vainquirent Jçurs
ady.yrfaires qui étoientalqrs les .pè,uples(1ék plus
expérimentés dani j a marine.'Leur manière de
'combattre étoit dp prendre .en flanc,le bâtiment
qu’jfs aitaqnoteni,, a^n, qug. du çhoo yiojentt4 e
fl éperon t ils puffei^^’entr’ouvrir, & le couler à
fond, ou, bien le rafer de près pour p-n romprp
{les rames, ou l’acEràcher avec des mâihs’f& des
crochets de ter'qu’ils jettoient 'pouÿjéîjoindre 8c
, aller à l'abordage.. Quand ils £e préparoient'à un
combat, ils élevaient dans, leurs,-vaiffeaux des
tours de pharpente qui fë montoient & fe dép^erjy
jfoieht.facilement, & d’o àils.je tïq en t avec avantage
des pierres & des traits fur lepr-s ennemis.
Iis fê fer voient encore pour cela des machines*
■telles que de groffes arbalêtres placées ea différen*
endroits du vaiffeau^qui lançoienj des pierres.affez
groffes & des lances à feu. 'Cesrdériiiers^ét.oiënf
■de .gros d'axds^ainis de poix 8c d:a.u,ttes matière?
combuiftbles q u i, étant enflammées, mettaient Lp
fe u aux vaifféaux.
Cbmftre îF d ’àvdiênt p'oiût ençofc ff|a g e dp la
Bouffoléi ils fe cotiduifoient la'tluit par lés étôiles |
& le jour par la vue des côfes o’u'des^îles dont
ils àvoietit connoiffanee , 8c qui fervoient à guider
■ Je pilote; c’ eft ainfi qu’ iU -pavîgeoier^t fur }a-Méditerranée
, qui étoit la feule met fréquentée alprs ,>
£c où li on'n'eil pas long temps, fans déco^tYrin,
quelque terre. Ils ne coîlnoiffôient d’autre navi-i
gation fur l’Océan que>$fedông des côtes.1 11$
»voient l’ ufige des’ahcr'es pôur atrêter le vaiffeau ,
& celui de-la fonde poûr:cbnfioître. le' fond ; mais
ils ne cdhnoiffotent pas affez h ’fciencp de la hayi- [
Ration pour sYxpôîét à un gros temps f*s|ils en
étoient furpris, ils ch'érchoienf pour s’en garantir I
la terre, à defteih de fe faire échouer & lisfab-
fervoient la même manoeuvre quahd ils étoient:
pourfuivis de trop près par un ennemi’ fupériëur^
•Lorfque le danger éto.t paffé, on temeftoit ^la
bâtimeht.eh meï à force dé bras & de leviers, !
Les qualités propres.à’tfn bon va'ffeau étoîépt
chez les ançtehs. t°. une .grandeur raifomuble,,
( Curi. 4. Vide frie ut rïayigia que, màiwipfx-^
eédant, régi mque'anél Ce f u t l'iddonVénient des,
vaiffeaux des catïhagînois qui s'embarafsèrent
dans leur propre gtafrdeUr, quod ipfum èxitio fu it3
ditTiorus ( 2.-21. 3H»’). z0., Là'légèreté .p o u r pb,u-tK|
■VoirrnaVoeuvrer ptós^aiïefnenr. C’e to ît l’avantage
des vaiflfeâoX romains , 'ainfi que noüs l’apprend le
.morne, ElprüstC 2. W^Romdid J; i
levis , 6’ quodam genere ' oaflrenjis y'fic remis qkafi,
;mMnjs agebatur. j®. Il fa’ut encore obferver la
qBMi’të de bois'qüi ne doit pas être-coupé indiffé- ■
remment en-tout tèmps j ca'rje’ bois coupé thal-à-,
■ propos elt 1fufët à être rongé d'e vers : Temport
îm$ôrtiiHo‘‘éelfti 'arbbres\ïh Ge’org I . J^ditServius,;
terenidts :fuc*Mnt. Lê-bbis lé pluîljhbpdè' à'^conY- ')
trume‘âü^nhvires eft le f-pin-j parce qu’ il eft fort
léger ; ainfi que le dit ‘THép'phrafte : Triremes àcl
majores loiîgas navets ex abietè flepitatis cchïfâ', fà-\
ciunt. L ’aulne ; le tèdrë ,''lè''exprès , le pin ‘föiit'
encore propres à cet ufagéf le prême aütfetirff’îd - ,
rdtim dicam ligna f iâ t ex quibus rtavts fabri- ■
iatiiür, ' ' ' J
.On fe fervoît anciennement de clous de fer
pouf jomdre les différentes parties du vaiffeau } ;
mais Végèc f t f l V . 34.) affure qtie* l'es cioùs dé
cuivre fbht pf^férâbles , parce que ce métal ëft |
moins fujet- à | fe rouiller dans, l’eâûi q^e'-fy'-fer»; |
utilius eneis clavis quèt'm fêrfeis-xomjtingendÔ.
! On a trouvé près' de Dorehc'ë un bàteau .anfi-
que qui étçît SBuBlé^dé plaques* de plomB atta
ebées avec dés clous-’de cuivre. V . D oubÜAg i . ]
Les fentes' du bordage étoient remplies d’étoupès ;
& dé poix-’réfitfc'. ' -
‘ Les vaiffeaux prenoient leur diMôrfiftfatron'gé-1
nérale d?. de l’ufage auquel on leS deftiqoit, par *
exeiîiplë,: îîs Y’appelfdiëhf frkmtntdrU, lorfiqu’ila
ctbient'deftinés au trànfport des bleds, & pifca->
» quan,d Ü's l ’étoient à la pêche 2“ . d.u nombre
dès.rangs des rçmeurs y<tp)s?que les birêmes ,
les trirèmes, les -quâd'rirêmës , & c .
Ils avaient chacun un nôni particulier tiré de
ieurffyihbole, 8c l’uiage très-ancien de donner
aux vaiffeaux le nom dés animaux qui étoient re-
'préièntés fur la prouè-, a , félon quelques philologues
, enrichi-la mythologie.‘Elle'ne dit 'pôitj-t que
Pérfég 'voyàgç^f-'fur un vaiffeau , mais qu’il étoit
monté fur un cheval ailé. Dédâle s’enfuit de C rete
for un vaiffeau à voilés?» qui-sdllait plùs vite que le
vaiffeau à râmeÿqMle pourfoi^’éife ^ è i f â f e â île s
avec lefquelles il s'envola*Mirrerve en'Cqriftrâifa’n t
le vaiffeau des. argonautes , <avoir employé- au
g o ti^ e rn a ^ n dés chênes de la forêt dë’Dodbne ,
qui rendoit des oracles ; ,'8c cette'fabte h ’eft f o n dée
que fur uqmot phénicien^quj^ft.équivaque ,
8c qui-figmfie éga!emqntdadaro^e ou, ùn.gouvernail.
.Virgile n'a gardededVre groflièrement quëTiirnus
brûla laflqtte de f®n héros dan? lç port-j* Il transforme
les vaiffeaux’ d'Enée' êfl des déeffes immor-
tëlfes. On voyoit déjà , nous dit-dfy,voter''lês fi-
fonsardens & festorches enflammées dë:,Tti|-nus.
Déjà uhedpaiffé fumée s’éîevoït jufdu’aux affres
Idrfqifutîë Voue*'redoutable1 fé fif en tendre:
.Troÿëns , d it elle', ne vous armez-pointippiir la
defenfe de mçs vaiffeaux } Turnus embrâferajplu-
tô t les mers qué èette flotte facrée.„Mmr«.r .n a gez
8cdevenez déeffes-de l’Qcéan v c ’eft la mèig
des dieux qui l’ordonne. Auffr-fÔt' cfrâqife navire
brife fes cables, 8c>!comme des dauphins fo'ploh-
gëartt dans le féin des fonde »J,'ils?'îep,Àdtflent à
l’in ftan t, 8c offrent- aux yeux autant dfocéânides.
Qes nouvelles déeffes le foqvenant des dangers
qu ellés, avôienr couru , préfenfept depuis fors
ujie main feconrable à toùs*?és vaiffeaux menacés
dunaufta^e excepté'aux vaiffeaux dés-grècsl;.,.-,.
Qiiè d’idées ’ia^emerufes 8c brillantes dans, ce- feul
eridfoit de l ’Enéide ( D. J. ).
Les marins ne s’embarquoîçnif jamais fans
adreffër à Nbptune 8c aux autres ;divït$tfêsSle la
qjér dés voeux ardens pour obtenir un heureux
vpyâj|è ‘8c unlpromht'retour. Ffbràrée, ;à*chlri'té le
dëpàpt de fon ami Virgife ( 't)d. ïi'$ . ) dans une
bgl’e ode où ih'le récommartde aux vents. Nous
Hfotls fur un ma’rbre antique ( Torkafks de "âana-
riis , ît.'
fp'XprT. ÊTfÆdoilpMrTS1M. QUART. SX-
’àoWb'ijt. Ils i^nmbloient dp's Viétîmës à laSner, 8C
lèÿ engloutiffaient dans f t s flots' ( tzeer. nature
“ èpf. l'^Nofrï ducts^ftiare irigrcdïentes ", immolateJuUtbus
kaftiam ponfutPerünC Avant que
de symbarquer,;, iis:b^Tfoiè®'Ié\'rivage qu’ils al-
'IoieM|giiiïter ( Valer.'Flàcc. 4.' - * '
Vltirnd jam patrie ce&hs dédit ofeula ripg,