
Ta traduite M. de Saci : « C ’eft ici la figure
-» du ferviteur d’Ormufd , du dieu Sapor roi
« des rois de l’Iran & du Toiifan , d e la race
» des dieux j fils du ferviteur ’’xf’Ormufd', du
« dieu Ardefchir roi des rois de l’ Iran, delà race
» des dieux, petit-fils du dieu Bibecroi ».
Les habiileTfléns des filures qui paroifiênti fiit
ces bas reliefs ,' -nous les- feront reconnoître
pour les' roh pcrfes de la dynaftie des faffanides»
De forte que ’/arriverai par le moyen de jj ceS
habilletnens an même but que M. de Sacy a
attetnt, en j expliquant les infcriptions des bas-
reliefs l’évidence doit fortir de ce double
tfravaîl. f
En générapon ne ^peut-méconnoîtreles perfis
fur les marbrés de Nakfchi Ruftam & de
Nakfchi Radjab. Les vaftes 8t longues chauffes,
la chauffure baffe , la riche ceinture , la tunique
à, lohgU'iS manéhes3 i’habit extérieur à manêhéé
flotattteS & fixé> feulement fur les épaules j. Ta
barbe & les cheveux longs & firifés, les colliers
prëGiçux -s • la tiare enfin 5 tout ici f«afâSlérif#lèS
habitat«; & tesf-tois.dé la - fie ffé .-D ép lu s , icés
rois font des faftdniUes; car ils portent .la tiare
crénelée* furmotvrée d’un .globe , ornée d’un ou
pufieurs' diadèmes avec les bouts flotatis. Cette
coëfifure eft abfôiumenr la même -que celle des
médailles reconnues plus haut pour les-monnoies
des faffanides.
Le globe' placé, fur la tiare , coêffure particulière
des fafianides & dçs fouveramy.de la
ptrfi leurs prédécttfeurs immédiats, fournis aux
- srfaéîdfcs, Fut conftàmmgqt leur attribut -exclwfif
de tout autre attribut' des-rois; d’Afie , même'
des arûteides ; comme-jé l’aj fait voir ci-deffus.
La "cifiaris , coêffure feàllè , différente de la
tiare , & la cidaris' fans globe :étoi't la coiffure
des rois mythes fucceffettrs d’Arface. Le bas
relief ex-p&qilé- ci devant, par M. de Saci à- l’aide
'de l’ infcrtpnon, auroir p u ,l’ être dé même par,
la différence des -coéffures que portent les.deux;
combattans. Celui'qui eft placé à la droite du
fpedateur eft -earaéterifé par une tiare creneLée
chargée des'veftrgès'ff’ on ornement que le temps-
a -détruit, mats que £qn peut fuppléer pat la.
pian.he 16gfie te BrnybfotfrVeptéfente une figure
abEplument Têffihlabie. Un vafte globe «primé
trèi-diftitrélèfitetit furimme la tiare crénelée. Cés
deux t.ajês' réunies 'dé lignent un-roi-' XÆatitdé.'
Le cavalier j p te ré i'^ 'li gaupte djff"fpëéiatewr ,
porte une cràar s baffe * entourée d'un dïâdêmê
avec1- de< bouts florins Si des fifoons .fabittùslà
@ette coêffure'de-figne un arfocide; car ïéfpèce
de plabe qu> paraît au-deffus de la ’cidarfis j eh
eft abfolum.nt détache ; i l tieryt^atébâton rfue
po»e k trqiftèmefigure, M ïépréfentéün paxafol
; meuble dont j ’ai parlé ci-devant dans la
defeription des bas-reliefs de Perfépolis.
On ne connoît point' de rivalité ou de combat
plus célèbre entre un .roi parthe & ’• un roi
faffanade ,qifo la vlétoire d’A rdefehir fur Ardev an}
viétoire^qunnic fur. le trône "de Perfele fils de
S alfa n , le redoutable Ardelchir. Tout coifopu-
r° f t à motiver, l'explication du. bas-relief
de Nitkfihi Ruftam , dqnpée par M. de Saci. Le
, fqùlpteur de c è t monument femble même avoir
prevu la difficulté de fon explication, en répétant
pour la faciliter j les attiibuts difiinîftifs; des*
cavaliers. Il a placé en effet , fous- Ie§ pieds de
leurs chevaux des buftes dont la tiare fi m pie &
la cidaris caraébérifent encore de nouveau les'
Ptrfis & lés par dus.
Les figures du fécond bas-relief de' Nakfchi
Ruftam portent les mêmes attributs diftinéStifil
Le cavalier tjft coçffé de la rare crénelée fifr-
montée d’un globe , c’eft donc un roi falfanide.
La figure agenouillée qui-ifonible lui demander
grâce, les cheveux cachés fous<■ une cidaris
ornee_ d’un diadème treî-apparent, c’tft donc
Uft-roi parthe. Il y remercie un roi-falfanide de
k grâce que ce roi vient de lui accorder en la
pèrfonne de fon envoyé , relevé de la pofture
de fuppliant par le, vainqueur. adouci. C ’eft la
fuite de la ihétoire d’Ardefch'r , & l’on doit ce
t*e femble le reconnaître dans ces deux bas-reliefs
attribues, fans vraifemblancç par • les perfans- à
Ruftam, le héros de leurs fables modernes^
Radjab, autre héros des fables perfanes, eft
celui auquel les habicans de la P erft attribuent
aujourd hui les deux bas-reliefs très endommages
que l’on voit entre Chelùunar 8r Nakfchi Ruftam.
Ces deux monumens repréfintent, fel;o'n eux ,
un combat triomphe Radjab. Mais
l’tnfÇripiioB qui elhigravée fur le- cheval-même
du triomphateur,-l’a f^it reconnoître par M . de .
Saci, pour le fiJs> d ’Ardefchir, pour 1»roi'Sapor.
Comme Ion habdlsment ne différé en rien d’important
, de celui- d’Afdçfohir ; je n’ai,-pas cru
d.-voir publier de nouveau ce monument des
faffanides, fu.r. lequel d’aîffquts' on ne peut plus
d'ftmguer.ks tra<ts du vifage de Sapor. Je forai
©bfofver fotrfenapnt que oe rotporcc un très-riche
collier , ce -qu’Ammien Marcellin cité plus
haut, a dit des' rois p tr fis j-tc de plus, qu’il a
un poignard attaché a la cuiffe droite , ufage
établi chez des p tr fis dès le temps où éctivoit
Hérodote. -
Le fecond bas-relief;.de Nakfchi Radjab ,
quoique dépourvnd'u fcrîj'&ps qauçf enqore être
expliqué parle combat d'Ar^efchir avec-Aa'devan.
C e roi parthe paroit encore y difoUter le diadème
delaiPrrjft a4 fijs. de Saffanj mjjs;i»ÿ %nt
i pied tous lès detne. Le roi perfi porte une
tiare ifans globe-, ornée d’un, diadème dont .les
bouts font longs & pejidans , & une tunique
courte , fans manteau ni ’tunique Dotante. La
cidaris du roi parthe & celles dès figures qui
raccompagneht/font un attribut trop caraétéV
riftique de cette nation pour qu’on puiffé, la
méconnoître, enfin l’ on voit'foi très-diftmélènieijf
l i liaifon de ce corps arrondi qui par-oît au-dçffus
de la cidans..du roi parthe, fixé au bâton.que
porte un perfonnage dé fa fuite. - C ’ eft évidemment
une efpèce de parafol ; meuble q u i, avec
le chaffe-mouche forme dans l’Orient, partie du
luxe public des perfonnages conftitués en di-
«nité.
Je ne forai plus qu’une obfervation fur cts bas-
re’iefs de Nakfchi Ruftam & de Nakfchi Radjab
-que M. de Saefo en expliquant leurs inferiptitns, a
•|endu à Ardelchir & à Sapor ; reftitution que
j ’ai fortifiée dans cet article par le rappro-
chement des médaiJes fie des coftumes des
arfàcides 8e des (affanides. Cette ohferyation a
pour objet les çorps ronds" qui pendent , entré!es
jambes des chevaux 8e qui font attachés à la
‘felle avec des chaînes. On les a pris quelquefois
pour des petits vafes remplis d’eau que les
cavaliers orientaux portent encore dans, leurs
marches pour fe défa'.térer. Les grecs des bas-
fiècks les. appéllpiént j 8e peut-être Pline
les avoit-il défignës foiùs la dénomination de vas
viatqrium. Mais peut-on croire .qu’un, fouverain
riche 8e püiffant chargeât ion cheval d’un poids
incommode qui conven'oit beaucoup, mieux à fes
officiers ou domeftiques. Il feroir plus raifom
nable de reconnoître ici de petits boulets de
pierre ou de métal-,-qui ont forvi quelquefois
dé maffue .à la cavalerie des anciens 8e qui auront
fait partie de fon armure.
L ’Europe ne connoît-de monumens des faffa-
nides que leurs médailles qui font en petit
nombres les deffins des bas-reliefs de NakTcbi
Ruftam ; & de Nakfchi Radjab. Une hepreufe
circonftance men a fait trouver en 1786 un
très-beau dans le riche tréfor de l’abbaye de
Saint Denis en France. On le voit aujourd’hui
avec les antiques nationales d_e la rue Richelieu.
J en vais donner- une defeription affoz- étèndue
pour faire çonnoître ce monument auflî précieux
par fa matière que par le fujet qui y eft
gravé. ,-
Une plaque circulaire de criftal ffe roche ayant
r deux pouces huit.lignes de diamètre,- forme le
fond d’upgvjpge foucoupe d’or & de verre coloré
dans laquelle félle eft tncafttée. Spr la plaquqi
de criftal eft gravé e.n creux un perfonnage ref’
. marquable par une (jOêffure &’ ’des;,habiïlemens
extraordinaires. C e p-rf.mnage eft afiis fur un
fifgS fupporté par deux è(pècés’ de fphmx aîlés.
On voit à fa gauche an obj^t difficile à re’éon-
^ n p i t re q ui a une iai’géur égale à celle du corps
; de ce- perfonnage , & qui s’é'ève jufqu:à la
hauteur de fes_ épaules. La fingtdarité de cettè-
■ gravure fixa mon attentiqn, fie je fos moins frappé
■ dü prix d’un ttavail exécuté fuir une matière fort
dure, que,d’ un coftume auflî éloigné de celui
des grecs & des roni’ams. Je crus y reconnoîtrè
au premier coup-d’ceil un féi pan n e , 8r je ne
J'us reébfier ce premjer- jugement à calife du
défaut de tsonuraenÿ des arfàcides. Mais je
demeurai convaincu' ’du grand prix d’une gravure
qui nous bffroit. dans Ton ’ entier un de
ces rois dont les médailles ont corifervé. feulement
les- buftes.
Ayant obtenu depuis l’agrétr.etvt des favans 8c
obligeans dépofitaires de ce mont ment pour le
faire deffiner ; je le comparai ici avec les médailles
des arfàcides. Cette comparalfon- m’apprit
que le globe placé fur là tiare.' ne permettoit
pas de- leur attrrbuerl la gravure de St. Denis.
JMife en parallèle avec les médailles des rois
per fes de la dynaftie des faffanides, & avec tes
deffins des bas-rehefs dfe Nakfchi Ruftam & d«
Nakfchi Radjab ,- elle m e , parut, évidemment
appartenir aux rois faffanides & repréfenter un
de- ces rois. Mais je n’y ai trouvé aucun indice ,
aucun caraâèrè qui pût la faire attribuer à l’un
d’eux exclufivement aux autres.
La defeription de cette gravure va terminer
mon travail; parce qu’effè formera une- récapitulation
fimple 8e naturefle du' coftume des rois '
perfes, fucceffeurs d’Ardefchir que j'ai eu pour
principal objet dans cet ai tic!,e. La coêffure du
roi eft compofée de plufieii» parties , d’ une
tiare baffe , crénelée , entourée d’un diadème >
d’un croiffant fixé fur fo' devant de la tiare,
d’un plus grand croiffant placé, fur la tiare, entouré
d’un petit diadème à bouts flotaats , 8c
enfin d’un globe qui furmontetoute cette ccèffiue.
Le globe 8c les deux croifians rappellent le titre
de frère du fo lè il &- de la lune ; 8i le double diadème
rappelle celui de roi des rois'], titres ambitieux
que prenoiènt les faffanides. Les lo'ngs
cheveux bouclés / les mouftaches 8i k barbe
caraétérifoient les perfis.
On n’ apperçoit pas diftinéfoment le manteau
des perfis , mais on en dift ngue des portions qui
flotent au jgréfojès vents fie qo/reffemblent aux
lambrequins du- blifon , pièces qui pendent du
cafÿ.ue, autour de j ’écq. Peut-être font cfc là .des
„manches flottantes éçgagéc?; des bras , te'lës que
celles de jliabit e^féiieur des levantins. La tunique
à fleurs décrite par Strabon & garnie de
matfoï^wferrées au uofcpat, la tjtpiqXie"blanche,
décrite par Le .même écrivain , placée au defious,
8e enfin la riche ceinturé qui les ferrdit toutes
les deux., forment l'habillement du roî faffanide.