
2 4 ? N A V
Enfin les matelots aidant les paffagers à monter
fur le navire, employoient cette formule reli-
. gieufe : Confonde, quodbene vertat.
Lorfque tout l'équipage étoit monté fur le navire
, on le dédioic, s'il étoit neuf, à quelque divinité
j avec de grandes cérémonies j on le cou-
ronnoit de fleurs , & tout l'équipage s'en cou
-ronnoit auffi. Qn agiifoit de même, à la dédicace
près, lorfque le navire n'étoit pas neuf, pour obtenir
une heureufe navigation. Arrives au port déliré
, les autels fumoient de nouveau, on offroit
les facrifices d'aâions de grâces. C ’eft ainfi qu’E-
née promet ( Æntid . V . 233. ) aux divinités maritimes
de leur immoler à fon arrivés un taureau
blanc :
D i y quitus imperium eft pelagi, quorum iquora
cufro j '
Vobis lit us ego candentem in Uttore taurum .
Çonfiituam ante aras voti reus.
On lit auffi à Rome, fur un cippe ( Tamaf. de
. dbnar. c. 2j. )£ Ca s t o r i . e t . P ozi.tr c i , sa cru-s i .
0 3 . T E J .J C E M . J S . 3 A T R I A M . R E D I T U M , T O T . S U -
f E R A T I S . S A J J V S tA G I I . R R R IC U L T S . ............. .. . B X .
roTo. cum. socJJs. i . j f , p . c . V aj-brius, c^r.j
i / L gE I L U S . . . . . . . . r
Le nom de chaque navire étoit écrit'lur une ta-
bîer.e appeilée ptyçkis , que l’on elouoit à. la.
proue. Aux deux cotes de la proue , fortoient en
faillie deux forts madriers, appelles épotides , qui
fervoient à défendre le navire du choc du rivage
, & des navires ennemis,
La proue étoit de bronze, & garnie d’un du de
plufieurs éperons deftinés à percer le flanc des
navires ennemis. L’acroftole étoit un ornement
élevé au-deffus de l’épéron , & sélevoit en fe
recourbant vers le- navire. Le chénifque, ou col
& tête d’oie, étoit l’ornemént de la'poüpé qui
faifoir le pendant de l’acroftolé, & qui fe re-
courboit vers la mer, Lorfqu’il y avoit des châ-,
teaux à la proue 8ç j la pouppe,on les nommoit
Tlaoa,S?r:fici. Le pont s’appe|loît. Kecrèsfoefsel: Au
plus grand nombre des. navires fculptés fur les
monumens antiques, on voit la proue figurée
en forme de tête de.poiffon, ou du dauphin des
anciens , avec des yeux exprimés très-diftinélement
des deux côtes. Cet oeil ferojt -il lapièce ronde
appeilée içéakftof } oe i l , quePollux & Euftathe
difent avoir porté Je n,om du vaiffeau. Il y avoit
4e chaque côté dp navire, un , quelquefois même
deux gouvernails. Cette pièce pajroît renfermée,
à fa fortie du navire, dans une efpèçe de coffre '
Taillant, qui fer voit fans doute à faire manoeuvrer
Je gouvernail perpendiculairement à la > mer par
des m^ugepvtei de renvoi.
N AV
Le fymbole n-apuri/tu y qui donnoit le nom aui
navire, étoit placé à la proue j mais la divinité
proteârice avoit fa ftatue & fon autel placés à la
pouppe. Lg pouppe du vaiffeaud’ Abos (JEneid.
X . Ï 7 1O portait une ftatue d’Apollon.
C ’eft ici le lieu de traiter la queftion fi fouvent
agitée _ des rangs de rameurs 8e de la forme des
rames. La colonne trajanne ( fo l. jp; 6p. S . s
peintures antiques 8e d’autres monumens àtteftent
que les rangs des rameur? ét'oient placés les uns
au-deffus des autres , conformément au fensff’un
.paffage de Paufànias, lequel , comme l’a traduit
Bayfe ( ï . Bayfius , de re navali, fol. 144. ) ,
parle d’un vaiifeau , qui ,• depuis le pont jufqtt’ à
1 eau, avoit neuf rangs dé rames. C e paffage ll jC)-
corde avec Appien u Alexandrie ( Liv. V..jbl.
S ) » qui dit typ'Agrippa fendit le vaiffeau de
P apia y an lui donnant un furieux coup !df éperon, Çf
, tous les rameurs des rangs denbasfurcnt Mp^'és.
Les navires qu’on apperçoit furies monumens ont
auffi les rames placées lés unes au-deffus des -autres
; mais l’intervalle entre IesTangs ne fuffit pas
à î’efpaçe que dévoient occuper le?'hommes,
première difficulté. La, plus forte eft d efe repré-
fenter comment trente rangs de rames pbuvoient
etre difpofés ainfi. L’hiftoire cite .'cependant de
pareils navires ( Pline } liv. VU . çh. yé'.i). "Quelle
immenfe longueur dévoient donc avoir les rames
du rang fupériçur pour arriver jïffqu'à l’èau ?
j Çette difficultqâ'paru triompher jpfqu’à .pré font
de toutes les conjectures. Venons-en aux propor-
[ tiens : Philppator ( L.Bayfius-, de ce,navali., fo l.
$1.1 apporte ce paffage d‘plien. ) fit COnftrpire.'un
vaiffeau à quarante rangs de rames ,.long de|po
coudées , large de a 8 ; depuis le pont jufqu'ati
bas, il avoir 48 coudées de haut , du .fommatyde
pouppe ÿufqu'à l’eau 53 coudées. Les rames les
_ pîus'jîongueS avoienr 38 coudées, leur, poignée
étoit garnie de plomb pour contrebalancer J\ex-
.trême longueur. Le vaiffeau avpit quatre gouvernails
de 30 coudées, fjc recevoir 4000 rameurs.
Ces grands batîmens étoient par )eur voîiime
peu propres au fervice ; auffi ne.fe ferÿpit-on o|pi-
nairement que de navires,fi. deux-, à.tpois , ,&>au
plus à cinq rangs" de rames,, y ne peinture antique
( Tournbull a (reatife ‘on ancient painting, ta,]).
81 un monument rapporté par lîavfé,, repréCep.tent
ces navires à trois rangs,remarquables par lesieu'es
ouvertures ou paffàges des j ’amex
ment les unes, au deffius des àuttéS j; de
que le premier rameur du troifième,rang fe trou-
voit perpendicttlaTrement au - deffous du ifcèopd
rumeur du ^replier, ,& .ceux dûfpcond.ràng ,
au-èel]us des rameurs; du quatrième, sJjl y avoit
un quatrième rang. De l à on fent que quatré ; rangs
de rameurs ne prenoient pas plus d’efpa’ce en hauteur
que n’en ferment deux pofés perpçndipd|ài-
remeot fuu au-deffus de l’autre. Du reflétées
■ * monumens
N. A W
, tnohumens, !dtés> paroîtcqpfo peutTêtr-e 1 encore iti-
fefifans'.,- par Ie.peu>d;efpacej qui fo cçmarque
emreJès ouvertures ; uiais.il ffaut. faire..^,titô|)îion
que:.l,a plupart .des^rnonufoens pe.çhenc pg^éfauc
ck proportiohjj Cuit qu’da rqpïéfentent d è ïntCyires;
•des'maifons., , des s temples ,-Cftès portique?,, &
d’autres bâtimens,fe!T^blaiîl£S• Quar)t<âU^ rames,
celles d’en haut récréent .affurépient tresdongues’j
auffi avqitsonrattaché,ijup ghl?foftç.pgte à.qes
ratneu’rs:( hi.
-•Le,comte d e C a'yj u's ( K c r ^ < z Kpq v-itésy-t • I P ■
fol., 14(5 ) pinfo qiie C’étoît le norçibrç ddjorçprp^
iempiçÿé ifur chaquéfim.e, ou dSfliné
tour-à-couT , qui détéWiq.oitÿJ'èmOm du^vaiffeau1.,
& lion .le. nombre: des’ tapg's;i'îcquiu)è'|inqijs,. le
.penféns.
:*.Les fa^ans né f o n [pa^,d^ctcpr-d fur un.gaffage
de IWîtüwrèt'Ê d Ayftopliant,^ NXiindct. maru,
-téùdi’hiUe- i . d t s «u’optjpÿSjjbiep
ïçooerfis^et auteur, q u i, (olon lu| , tnt^on,y eJÿj
.ptfe.Ja? dhpôfinqS’ des
des autres izz-.i.,W‘t\t-
-,m<iis cut-.il»5iCel()ii Ba-\' 1 e ' , ' ( j ’vj
&ç luttes;* -divffétdes'^.a.pgs.;d’ tr1 rgtpè5dan_sf,!ç
fins de fa,;lot)guçur ,'4e pteiTilti; à ^ .p ^ ip e , le
'fécond aU'tni|it u , ,V f i croffisji^jt^à ,on
îd e n 1 a n d -1 a ; taui-«i‘ars; A 'U101 f-'i^ ^ nV centre
{mdtesj^mjus sÆ>u i,u>eujte,}iu e s , fuient uUs
sde t,hjqu,.‘»cote,» bt i f es deuj^enjp-Jilinf
îedudeu, , comme en hsofp'u Iv ut -- b f.p ^ r j
fqWoi les vÿïï|a»XîMe|rfl, r-ang^.étaient-ils-^p
j^tiuîS .qUft à ,qu^e,^îifee •tLi\fa*!L^:ij:é par
.mÆ-.-,,.de..re mvalÆ m tà iaâ.") ?
arfffUcjftfide q u e j « . d C \ u r pm ro eu t
,des armes , & i\d^ct^rrn-^q,la-craffe
■ jde.s.fold^ts.;
j Qfônuz». i ; t. II.
' étî^payant dfes' jkmés / a. prêteçdu.
qu ici les' n’ré foi Cf ,V t b ni b ij., s \hü’heÇdmV tofftt
’'lun 1 on - s^qîffl ’|S foPmV’êhCüii'àhgle
près du point d’appui ; .ce qu’il fout entendre
ÿorrttne fi le'hôûtHe la k:ame:em|p^^^r Jè ra~;
petite di^tançe1 hàt’s d£*jl^*plère, pùiwfofptb-
l’o n umautlde. la rame eut fait ^ un,an>îe jùfqü'à
^au.'Wînhplm'ann’ a|p.nCçetté‘ idée d’dnïffe«vzVe
fiuipté me, un tmTbte ednfejté à PlireftKnejv auquel
le Tcippteur p'o uf é y itérai e. triop*- grand1
qU’auroiént eu les ram s >Vunà s ^ S a
dé profil, I S llC p o n r ainfi di|e cés’ radies Honfrç
le b â t e n t , cq^u*1|ii?_mt fàit’e cet àngté'j ïfnars
dadlîléîMk,' '11* fêtait itApoffibie quê cela futÿ,
pgrce q ulü'ri éléfnqi;îl3reïd la'ftrcêTnrî^
qifil efï coupé par un an’gleètlbp'^ès du pdkit1
"d’appui;.^ J,
, .Le navke,\ fcolpté for Je mgrbre oonferyé- à
Ànti^ukês , Tome J z ,
N A V 249
Paleftrine , eft de l’efpèce à deux, rangs, appeilée
,bjripies m les rames, font ornées d’ une. efpèçe de
calice de fleur à l’endroit.où elles fqrtent du navire.1.
L q f fcnjpteur n’a .felcÿbt marqué .les opvotturé?
ffg’on voit .très-grandes aune peiptüre du Virgile',
de la.pibi.ioçhequç;dp Vatican.
Les navjrei des anciens all’orent également à.Ia
"SjdJéMk à la rame. Télémaque;;Çpêyf^y.àh à fes
compagnons;: Tries‘amis , prépkre? vos rdmes ,
‘(fépiofe^ vrfs‘voiles. ‘ Wincltelrpanti’ remarque ce-
mendanr', ^prç’s Dioh'Caffiüs' flibV L . p. 4405,X,
'qhelêfevaiffea'u^(M$nuin!Mn\.!inedb t. IJ., fol. 280.J
idjipoMs pbur4 è- copiqaç^ n’a voient ni- voiles ni
'àtitenne^/ ,,
Lès'■ 'pilu's faméux navires dé J’ântiqnlté, 'font
.celui-de Ptôlémée PKilopâtor , qiri-ééok'îbng dè
l®p'cn’udeés, ffarge de..:$QÏilhatn« d e 48 -, & ;qut
'du haur;dCiasp°upe jufq'û’ à la Tn'er ’eq'aVoit 54.
rI't 'f^ foE LÆ C râméurSSÆoir matelots. & \ 3 ôçlà ’
Ifolflats-. Cepii pour naviguer1 fuf/le NiL,
'eééi^lpng d’ un®d^fh’r;ftsdëf; &l. Jf'ifge -de 3a 'ctiu-^.
dges. Mais ceÜ'h'eft rien, en'corfidàraifon du•’rtUvirc
d’Hiërpn , confiant fous la /conduite djA-tphi-
, e^fa, fa ^ ri q pé';d uq u dl'^M qfoh i g n , au rap?
æoSvjds^ Snérli'us .a écrit undivre entier. . ,
O,a j®mproÿa,Je bois deftilié àyfgire.foixante -
navires ordinaires , & ïrpi$ cepts, ouvriers , fans
les manoeuvres. Le dedans étoitjfi.bien difliibuéj,
qu’il y àvoit;;itàW |ogê; pour tffiajt grades- rameur?,
aies matelots , des foldats & des paffagevs. Il y
avoit auffi,plufi.eurs; faM|fsrf(à..rr)angciî>j chambreSj
promenpji,s I galeries, jardins, viviers , fours«
je û n e s , cuifines., moulins ,*un temple de, Ven us ,
dejjbamsî,;dçs, faites de convet-fation , & c j ’ouûçe
cela ^ ik ^ a v o ip un r.emeatt de. fer huit- tqurs^,
pmûqïpdefix poupe j Jcs .autres fur
esreores , avec des murs 8c b allions, fur lefquels
ëtbient placés plufieurs machines de-guerre , dont
une-jéttoit une ;pierre du .poids de ^pqjivres , op.
fine^ flèche de dojize poudees, à la portée, dé 6ap
pas, avec plufieurs gptres merveiiksîdont A thé- -
née â.fait.msntjon, ( ;
, Maxime de T y r nous a donné la .defcriptîon
d’Un vaiffeau d’un roi phénicien , quf gjen-fervjt
Dour faire un voyagé à,Trbye;^ ^qétoit un palajs
flottant , diyife, eh»p)ufieurs jappartemens richement
.meubles. Il rertfetqîQJÿ des T vergers a fiez
IpâLieux > remplis d’orangers , de poiriers , de
pommiers, de vignes , & dlautres arbres fiuitiers.
Lejjcb^ps du bâtiment étoit peint de divetfes cou-
'eur?J2& l’or 8c l ’aigent.y btilloient -de toute
paM^8p|
Les„vaiffeaux de Caligula étoiept encore plus
’magu;fiq.pes que celui-ci^: L ’or & les pierreries
eruichiffoient leurs pouppësj des scordes de foie
l i ■ ;