
. Les génois eurent ce vafe à la prife de Céfarée,
l’an iioi comme un équivalent pour une groffe
fomme d’argent, fans qu'on y foupçonnât de la
fraude; car en l’année 15x9 ils lé mirent eux*
mêmes en gage pour 1*200 marcs d'or.
Mais cet art ingénieux , renouvelle en Italie du
tems de Laurent de Médicis 8e de Léon X * ne
fut cultivé en grand que vers le commencement
de ce fiècle.
On peut, à jufte titre * regarder le duc d’Orléans,
régent de France, comme le reftaurateur
de l’art de faire des p â te s . Le goût de ce prince
pour les beaux arts eft bien connu. Il s’amufoit
avec Hombert , célèbre chimifte, à faire .des
empreintes en p â te des pierres gravées .qui' fe
rrouvoient dans la collection du rOi, dans la
fiçnn: & dans d’autres collections»
C lâchant l’aîné, graveur, François de réputa-
tion , qui mourut à Paris en 1781, apprit cet art
de S. A. R., lui î, ou fon père ayant eu quelque
place dans fa maifon.
Mlle. Feloix, rue de l’arbre fec à Paris, a
cultivé cet art bien des années & le cultive encore.
Elle l’avoit appris de fo’n pète,' qui en qualité
de garçon de chambre du regent , avoit fou-
vent affidé au laboratoire de fon maître, 8c avoir
appris ce qu’il en favoic. Cette dlle. a une collection
de 1800 articles.
Le baron Stofch , pruffien do nation, avoit
voyagé par toute l’Europe , pour chercher des
pierres gravées originales , 8c des empreintes des
pierres gravées antiques , pour l’ouvrage ( Pierres
gravies avec les noms des graveurs de Stofch. J
qu’il a donné fur cette matière avec des gravures
de Picart. Il connoiflbit fûremenf cet art ; il
l’avoit enfeigné à fon domeftique Chriftiano
Dehn , qui s’établit à Rome , centré des beaux-
arts , où il faifoit & vendoit fes empreintes,
en foufre bien connues & fes pâtes-.) Il avoit rama
ffé îjfoo articles. Francifco-Maria-Idolce les
a' mi fes dans un ordre fçientifiqüe, & en a donné
la defeription dans un catalogue raifonué.
Ç’eft en conféquence de cette Colledion de.
Dehn . que le goût pour les empreintes en foufre
& en p â tes eft devenu général. Ces empreintes
font devenues des objets de recherches, 3e exigent
Couvent une grande érudition pour les expliquer.
Elles ont > fans contredit, ' fervi à étendre
& à perfectionner l’art de graver fur le^ierres,
& ont été d’une grande utilité aux peintres, aux
fculpteurs , aux autres artiftes, ainfi qu’aux per-
fonnes de goût, 8e qui s’adonnent à l’étude des
auteurs claffiques de l’antiquité.
Il eft très-difficile dé faire des modèles qui
imitent parfaitement des camées diverfement colorés.
üri ne le fauroit faire ni avec de la cire ,
ni avec le foufre, ni emplâtre , ni avec du Verre
d’ une feule couleur. Ces difficultés viennent ' de
la grandeur, de la forme & de la nature dés différentes
efpèces de verre qui ne s’unifient pas
bien dans les différentes couches. Le fuccès le
plus complet dans la partie chimique & méeha-
nique de l’art ne produifoit pas un fuccès füppor-
table. Les modèles ou imitations faites' fans l’ aide
du burin du graveur ne réuffiffent pas, parce
que la forme concave 8c affez profonde d’ un grand'
nombre de pierres originales, demande d’être
remplies, dans les. endroits creufés obliquement
en-deffous, avec de l’argile ou de la cite ; pour
que les modèles en pubien t être enlevés fa iis les
endommager. De-là'vient quelés ethpteintès faites
fur ces originaux ontde la dûreté 8e manquent de
délicateffc, de fineffe dans le co n to u r iu fq u ’ à-
ce que ces endroits creufés %ient été répares à
l ’outil.
M. Reiffenftein à Rome , a vaincu, parfon
génie, fa perfévérance , avec l’aide d’habiles artiftes
, toutes ces difficultés. Il a réuffi âu' ppxP.t
qu’il a produit des modèles de camées diverfement
colorés , que l’on a de la peine à diitinguer des
originaux. ‘
M . lnppèrti; yitfief de Drêfde, né avec du talent
& du zèle pour les beaux - arts, a cultivé
cetce branche avec certain' fuccès. Mais ne trouvant
point affez d’encouragement, ou pëut-être
rencontrant des difficultés focales ' qui • Fëmpê-
choient de bien- fabriquer- ces pâtes de verre colorées
& à bon marche î a cëffé'd’ y travailler.
• Il y fubftitua des empreintesI non de plâtre ou
d’ argile, j comme on le d r td a n s 'l’encyclopédie
d’Edimbourg, mais d-’iin albâtre gypfenx ou de
gyps criftallifë. De; telles empreintes quand onlés
'a fait tremper dans Une folution de favbn blanc
de caftifte*, 8é qu’ehfùite on les laiffè viéïîàlÿr^
, qu’ on fes frotte avec une broffe molle-,-‘prennent
lin très-foeau poli. L ’ouvrage y paroît plus avan-
rageufement que dans des foûfres blancs ou
■ rouges 5 mais ces’ empreintes ne font pas ïi | te -
■ râbles. Elles font'fujettes à être gâtées par les
• frotrenienV M. Lippert de Drefde , publia tfois
, différâtes collections de ces empreintes, chacune
de -.1000 arttcjes', 8c outre qu’ il augmencâ'-le
»nombre des articles'donnés dans les -collections
de .Dehn' 8e de Mlle. Feloix f qui fe retrouvent
toutes entières dans les fiennes , il employa • de
fàvans allemands pour .les claffer 8e ■ en'ad'nnër la
defeription. La première' colfeétion' fut envoyée
8c décrite par fe.profeffeur Chrift‘»à. Leipfik.
( TXàSyliothêca Lippa ftia ttà , ' d u ia fi) :€hr i'flid tlAp-
Jié, 40. ) La feçoiide:8e la troifième , patîlÇf^ro-
feffeur Heyne, de Gottiirgus^ ( I te fty lio ck e ca
Lippartiana , -M y r ia s I I I I I . audore Hejne.
L ip j î e , 4°. ) M. Lippert ne s'en -tînt pas là ;
voulant rendre l’étude de ranfïtjuitd plus facile 8e
plus agréable aux artiftes , dans le nombre entier
de 3600articles, formant £acollection, il choifît
2000 des mieux faits; §e des plus inftrirCtifs vcfont
il donna lui-meme une defeription en allemand.
( L ippcrto Befchraibung S c in tr D aStyliqieek^Leip^ig
l e y ÿpe itMd pf'f 40.
MSs de tous les artiftes qui ont fait dès empreintes
de P. G. erf ^>ufre & en p â te , aucun
iie paroît avoi'r porté cet art à unplus haut degré
de \|éri|(Sion'que M. Jacques Taffiep .natif de
Glafcow en Ecoffe, établi à Londres depuis
.17^ . ‘
- Ses eonnoiffances dans les différentes branches
des beaux-arts, fur-tp.ut le deffin, lfont naturelle^
mçnt conduit à cë dé'gtë de perfëStiqh. Lës p'of-
téàits- élégans q.u’ii I modèle ea cire, & qu’en-
|uite il exéeute en pq te. , 8c qui reffemblent parfaitement
aux camées , font avantageufement connus
du public. M. Ta'ffie profitantde toutes les autres’
chofçs publiées dans .ce genre , 8c. en.ayant trouvé
auffi dans plufieurs capinets, tant en Angleterre
que dans d’autres’ pays.ou d’autres artiftes n-V
voient pu pénétrer, a’ pôrfé à fes fraîs & avec"
une grande induftrie , fa colleâion de pâ te d’antiques
8c modernes,: jufqu’au norrjbrg de iî2pQO-
articles. C’eft la plus grande cbJIeaion de cette
efpècequi ait jamais exillé , 8c qui répond parfai-1
témenr^à tpur.ee que peuvent defirer les- artiftes ,
les antiquaires, les favans | les connoilfeurs 8c
même les philofophes. Le grand débit de ç e sp â te s
fut occafionné au commencement par les jouaiiliers
de Londres, cmifles mirent à la mode en les en-
chaffanf dans pes,bagues , des1 cachets, de» bracelets
, deSjGoiliers, &c- La réputation de cettfc'
«Qlle^tionétant parvenu^ alfimpératrice de Ru Aie, j
ipujours' emp’réffée de favorifér les arts, elle donna
fès :©rd|es à- M. Taffie^lpoilf exécuter tjhe-' fuîrc
complette de fes empreintes!, .faites die la maniéré,
la plus parfaite 8c de la matière la plus durable. II
a retnpli les intentions de cette princeffe à fa plus
grânde 'fat&fiéfrpn les tablettes dans lefquels
les empreintes fopt arrangées fe voient maintenant
dans fon-^alais de CzarSko Zelo. ^
M. Taffie en exécutant fes Ordres , s’eft pré-
yâlq^e^touiJes avantages que lui fourniffoient
les prpg^sqiieJ'dàa fait dans la chimie , les arts
agréables & les eonnoiffances de notre (ièele. Les
empreintes ont été faites avec' une pâ te d’un beau
blanc luîfant, qui n’eft-.pas fujet à ik . retraire ni â
fe former en bouillon, qui fait feu au briquet 8c
prend un poli vif, qui montre chaque branche dé
l’antique dans une plus grande pèrféélton que tout'
autre-, fubftance.
Quand les couleurs fîmplêis ou tAélangées 8c la
nature des 'originaux peuvent être déteiniinées,
vil les imite -auffi parfaitement que l’art peut les
; imiter. De forte que plufieurs pierres gravées 8c
Lpiofieups pigées feits de c e s s â t e s , ont aQproché
’dé G yrès' d’es^ originaüx , que les artiftes eux-
i;mêmes ont avoué ne pouvoir prefque pas les en
'diftinguer. Quand on ne pouvoit fixer ni la couleur
ni k nature des pierres, les p â te s étoient
‘ eXeéutéër avec, unê fùbfta'nce de couleur agréable
8c le plus fouvent tranfpatente. On a eu la plus
gratjje attentipn'd.ç çonferver le contour, les ex-
riêmitês, les attributs S i les iriferiptiorw.
Ce, que nous venons de dire eft extrait du petit
ouvrage de M.Rafpé, intitulé : Z>e l'E ta tp r i f e n t
0* de Varrangement de la eolteSiion des pâtes &
empreintes- de pltSprès antiques & m odernes fa ite s par
M . T a f fie , ip86. .
L’a'rrângémeîit dé M. Rafpe etf à-peu-près le
mrême que celui de l’abbé. Winkelmann dans la
defeription- de Stofch, Mais comme quelques ouvrages
moderrisS ont été inférés dans cette collection
, il a* été d’y faite quelque changement
8c d’y ajouter quelques divilîons , commet,
on verra par ce profpeéfais que nous allons copier.
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