
pour célébrer les ancêtres de son maître
ou conserver le souvenir des époques mémorables
clans l'histoire de sa tribu. Les
poëtes chantoient encore les vers antiques
destinés à perpétuer la mémoire des exploits
de Fingal et de ses héros. Ces beaux
poëmes rassemblés par Macpherson ont été
justement admirés de toute l’Europe, ceux
ci se transmetloient aussi de Bardes en
Bardes pendant une longue suite cle générations
et servoienl à donner ou à entretenir
le goût d’une poésie forte, expressive
et adaptée à la nature d’une contrée alpestre
, et à l’esprit vif et ardent, quoique
sans culture, des races valeureuses qui l’ha-
b;toient. Les hauts faits des anciens héros
Calédoniens, célébrés dans des vers pleins
de feu, se répétaient avec les noms de Fingal
, d ’Ossian et d’Oscar dans les plus
chétives cabanes, et de tels récits don-
noient aux descendans de ces redoutables
guerriers, un amour de la gloire, un caractère
plein de fierté, et un langage plein
d’imagination et de poésie qui les distin-
guoient du reste des vassaux et des paysans
dans toute l’Europe.
Aux traditions des Bardes, les Seanna-*■
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dues ou Généalogistes, que chaque grande
famille avoit toujours auprès d’elle, pour
former une histoire particulière de son
Clan ( i ) | joignoient leurs connoissances sur
l ’origine des chefs, et des membres dé la trib
u ,°L e système patriarchal établi de tout
temps chez ce peuple donnoit à ses yeux une
grande valeur aux recherches généalogiques.
Autant il importoit aux membres
les plus obscurs de la tribu de pouvoir
au besoin prouver leur lien de parenté
avec leur chef, autant les chefs eux mêmes
mettoient de prix à L’ancienneté de leur
race et à faire remonter leur origine à ces-
Rois qui avoient jadis gouverné l’Ecosse
l ’Irlande ou les îles Hébrides ; les Séanna-
chies pour flatter l’amour propre de leurs
maîtres, ne manquoient pas d’iavoquer la
tradition à l’appui de ces prétentions, et ils
avoient toujours une suite de noms dans
l ’esprit pour lier les familles de leur Seigneur
à celles des héros Fingaliens anciens
maîtres de ces déserts. La plupart récitaient
(1) L e s Hébreux avoient aussi leurs Généalogistes.
Nomen per posteros in genealogùs conservari magno
honori ducebatur, quars jam prim a origine, Hebraeis
étant publici Genealogi. Jahi?. Arch. ÿ ib l. p. iS 5*