
la pêche de mer et celle du saumon. Une
compagnie de négociants anglais de Liverpool
afferme actuellement cette pêche. En sortant
du village, un sentier me conduit le long
d’étroites vallées enfermées entre de hautes
montagnes de schiste micacé, recouvertes
d un épais tapis de bruyère. Le fond de
ces vallées marécageuses est formé de tourbe
aussi couverte de bruyères. Je fis partir
plusieurs couples de Gelinotte d ’Ecosse
couchées au pied de ces arbrisseaux. Le
sentier que je suivois côtoie de petits lacs
environnés de sapins ; leurs sombres eaux
réfléchissoient les montagnes voisines dont
les sommités étoient cachées par d’épais
brouillards. Je fus obligé de traverser à
gué plusieurs torrens sur lesquels on n’avoit
jamais songé à jeter de ponts. Dans cette
journée, pendant laquelle je fis huit lieues
a travers des déserts, je ne vis que deux
ou trois misérables huttes, construites de
tourbe et de terre entremêlée d’un grossier
entrelacement de branches de bruyères,
édifices les plus informes et les plus sau*-
vages qu’on puisse imaginer. L ’herbe et
la bruyère continuoient à pousser leur rejetons
dans ces murs qu’elles servoient
à consolider. Quelques branchages recou-»
verts de mottes de terre, de mousse et
de bruyère en formoient le toit. Les ha-
bitans de ces huttes portent l’habit écossais
et ce costume national liarmonisoit avec
J aspect agreste dé la nature. Les montagnards
de cette portion du Comté de Ross
étoient les plus pauvres que j ’eusse encore
rencontrés et le pays qu’ils habitent le plus
triste, le plus inculte et le plus désert. Je vis
des restes de forêts tombées en décadence^
trois ou quatre arbres succombant de vétusté
vivoient encore, et le sol des environs
éloil jonché de troncs à demi enfouis
dans la terre; ces arbres étoient des frênes
et des sorbiers. A la nuit tombante , j ’arrivai
auprès d’une hutte nommée Luidgargan,
nom aussi sauvage que le pays même; j ’y
trouvai cependant un lit passable.
Ee 2Q Septembre. Au point du jour je
quittai mon triste gîte de Luidgargan; le
temps étoit pluvieux et froid , je préférai
cependant partir à rester renfermé toute la
journée dans une hutte sale et pleine do
fumée. Je repris donc le sentier que je suivois
la veille, au milieu de déserts non moins
monotones, et rendus plus affreux encore