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avant Macpherson, ou ceux qui sont contenus
dans l’ancien manuscrit du doyen de
Lisniore , et que l’on dise s’ils ne renferment
pas une aussi belle poésie que l’Os-
sian de Macpherson ; et si les originaux
retrouvés de certains fragments de cet ouvrage
sont confrontés avec la traduction, ne
verra-l-on pas clairement qu’ils présentent,
dans leur simplicité, bien des beautés que
Macpherson n’a pas rendues, ou qu’il a
dénaturées par l’emphase de son style.
Pour en revenir maintenant à la question
principale qui est de savoir jusqu’à
quel point les poëmes d’Ossian, traduits
par Macpherson , sont fondés sur des originaux
gaëlics, j ’observerai que le rapport
de la commission nous a procuré' la certitude
que plusieurs fragments des poëmes
ont été retrouvés en originaux et qu’il y a
ainsi une partie décidément authentique;
puisque même à l’époque tardive où la
commission a commencé son travail, et
après que Macpherson avoit déjà enlevé
avec soin tous les manuscrits qu’il avoit pu
se procurer dans la Haute-Eeosse, on a
réussi à en recueillir un nombre aussi considérable,
il est raison able de présumer
que Macpherson en a eu encore bien davantage,
et qu’il en a fuit le même usage
que des autres. Mais celte supposition prend
un haut degré de probabilité, lorsqu’on
songe aux obstacles que rencontra la
commission dans l’exécution de ses desseins
, obstacles que ne dût point éprouver
M acpherson, car, lorsqu’il entreprit ses
recherches , un nouvel ordre de choses com-
mençoit seulement à s’établir ; la population
des montagnes n’avoit pas en partie
émigré, emportant avec elle les souvenirs anciens
et les traditions nationales, une vie active
et laborieuse n’avoit pas encore remplacé
chez les Gaëls , ces longs intervalles de
loisir et de sécurité qui favorisoient en eux
le goût pour les poésies traditionnelles de
leurs pères, et leur permettoient de retenir
dans la mémoire une quantité presqu’in-
croyable de vers. Cet état n’existoit presque
plus lors du travail de la commission, et
malgré cela elle a retrouvé plusieurs fragments
de ces poésies.
Ces considérations et les observations qui
précèdent nous permettent donc, en nous
résumant, d’adopter pour le fond les conclusions
de la commission avec quelques lé