
a animaux sauvages couvre ces déserts ¡
des tribus innombrables d’oiseaux de mer,
d’espèces , de plumages et de formes différentes,
nagent, volent, et cherchent leur
nourriture au milieu de cet Océan dans lequel
se roulent d’énormes baleines , des
dauphins , des marsouins , et se j»uent les
phoques et les veaux marins. Ces rochers
sont couverts de nids et fourmillent d’une
multitude cl’oiseaux pêcheurs. De tels tableaux
sont si variés, si animés et se
succèdent si rapidement aux regards du
voyageur, qu’il oublie aisément que l ’homme
n’est pour rien dans tout Ce spectacle, et
qu’d éprouve presque un sentiment de regret
lorsqu’il se voit obligé de quitter cette sublime
nature pour rentrer dans la société de
s e s semblables.
Mais ici clés montagnes uniformément
couvertes de bruyères, sont terminées par
une longue ligne droite; aucun pic, aucun
rocher élevé et pittoresque ne surmonte ces
crêtes ordinairement enveloppées d’un bandeau
de brouillards et de nuages. Un ruis-
seau, dont les bords indéterminés se perdent
dans des marécages et dans de profondes
tourbières, sépare les bruyères des monm
" H I C65) tagnes de la droite d’avec celles des montagnes
de la gauche. Les habitations rares
des tristes montagnards qui cultivent avec
peine quelques morceaux de terre au milieu
de ces déserts, paroissent comme des
taupinières et des boursoufflures de cette
même terre, sur lesquelles l ’herbe et la
bruyère continuent à végéter. Enfin, rien
de déterminé, rien de varié ne s offre aux
regards du voyageur. Semblable aux marins
en pleine mer, lors-même qu’il avance
de plusieurs hepes, il ne voit pas le moindre
changement dans l ’aspect de la nature. Le
soleil se lè v e , et après une journée de fatigue,
il le voit se coucher sans que rien
soit changé autour de lui , le lendemain
la même monotonie l'accompagne et le
poursuit. Enfin , un morne silence régne
dans ces profondes solitudes, pas un son
pas une voix, pas une pierre qui tombe
ne vient le troubler; le ruisseau roule
sans bruit ses eaux bourbeuses, au milieu
des tourbes. Le triste oiseau des bruyères, la
Gelinotte se fait par fois apercevoir, ce s ,
e seul habitant de ces longues vallées. L'âme
fatiguée et abattue par la triste uniformité de
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