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pectables qui avoient aidé Macpherson à recueillir
les poëmes, et qui avoient vu de
nombreux manuscrits entre ses mains. Enfin
la commission a joint à son rapport toutes
les lettres adressées à Blair au sujet des
poëmes d’Ossian, à l ’aide desquelles il avoit
composé l’appendix à sa dissertation; ces
lettres , écrites par des ecclésiastiques , ont
ceci de précieux, c’est que chacune porte
l ’indication exacte des morceaux d’Ossian
que l’écrivain de la lettre a entendu réciter,
avec ses remarques sur la fidélité de la traduction.
Outre la lumière que ces témoignages
jettent sur le principal objet des recherches
du comité, ils ont encore, ainsi
que les dépositions des simples fermiers des
îles , un genre d’intérêt tout particulier en
ce qu’ils transportent le lecteur au milieu de
ce peuple si curieux à étudier, et qu’ils font
connortre une foule de détails^ sur les moeurs
et l ’esprit original des Highlanders. Les dépositions
sont en gaëlic telles qu’elles ont
été prononcées par les témoins , et on y a
joint une traduction anglaise littérale. Des
détails infiniment précieux sur les nombreux
manuscrits que la société s’est procu-r
rée , des morceaux considérables de poésie
gaélique de différents ^auteurs et de différentes
époques, complètent encore cette
collection de documents.
Donner un extrait du rapport seroit impossible,
il faut le lire en original pour en
apprécier tout le mérite ; il me suffira ici
de signaler les faits qu’il établit presque juridiquement.
Il existe dans la Haute-Ecosse une tradition
ancienne et très-répandue concernant
Fingal, Ossian et les héros de cette race ; des
proverbes populaires en donnent la preuve,
Ossian d a ll, ou l’aveugle Ossian, est une
phrase qui revient souvent dans la bouche
des Highlanders de' tout rang et de tout
étal; lorsque les enfants, craignant quelques
tricheries dans leurs jeux, veulent y rétablir
l’ordre, ils s’écrient: Cathram na fe in e ,
le juste combat des Fingaliens. Le proverbe
Ossian an deigh nam feine , le dernier de sa
ra ce , s’applique toujours à un homme qui
a eu le malheur de survivre à sa famille,
et les villageois expriment leur admiration
de la beauté d’une jeune fille par ces mots :
Tha i cho boidheach reh slgandecca nig-
hean antsneachda. Elle est aussi belle qu’A -
gandecca, fille de la neige.