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Cette discussion continua encore quelque
temps a occuper les esprits ; les mêmes arguments
étaient de part et d’autre répétés
sous des formes ^différentes ; les journaux
périodiques de Londres et d’Edimbourg
étoient remplis de mémoires pour ou contre
l ’authenticité des poëines d’Ossian et cependant
on n’avoit pas encore abordé ouvertement
la principale question. On a pu
s apercevoir , par ce qui précède , que les
arguments des deux côtés avoient quelque
chose de trop vague et de trop général pour
pouvoir , dans une matière aussi délicate ,,
amener un résultat satisfaisant. La question
n étoit pas encore décidée sans appel, et
cependant peu à peu on vit les esprits se
vcalmer. Chacun restoit dans son opinion j
mais on cessoit de combattre. Macpherson
montroit ou affectoit une grande indifférence
sur le succès de son liv re , et sem-
bloit ne plus guères se soucier que les
éloges ou les critiques appartinssent à lui
ou a Ossian. Appelé à des fonctions administratives
en Canada, il avoit quitté
l ’Angleterre. Blair et Johnson , ou fatigués
de leurs efforts , ou occupés d’autres sujets,
gardoient le silence. Alors la position
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des partis se trouvoit telle que presque tous
les littérateurs anglais resloient persuadés
que Macp'uerson étoit l’auteur des poëmes,
tandis que tous les habitans de la Ilaute-
Ecosse, et la plus grande partie dés hommes
de lettres cl’Edimbourg, les altribuoient à
Ossian, ou du moins à d’anciens Bardes
des montagnes. Les noms de B la ir , de
Bobertsôn, de Lord Hayles, de Fergusson,
de Lord Bannalyne, e tc ., donnoient dans
1 étranger, ainsi qu’en Ecosse, du poids.et
du relief à cette dernière opinion. Une
autre circonstance remarquable, qui ten-
doit encore à l ’accréditer, c’est qu’aucun
de ceux qui attaquoient Ossian ne savoit
le gaëlic, tandis qu’au contraire tous ceux
qui connoissoient cette langue n’avoient aucun
doute sur la vérité des opinions émises
par Macpherson et par Blair.
Je dois cependant dire ici que Johnson
parvint à amener à son avis deux ILébri-
diens instruits , l ’un le docteur S h aw , auteur
de la première grammaire et du premier
dictionnaire gaëlics qui aient été publiés
, 1 autre , le docteur Macqueen, de
l’île de Sky. Cela est d’autant plus surprenant,
que le docteur S h aw , dans sa