
meilleur échantillon des chants des anciens
Bardes écossais.
Quant à l’époque à laquelle les poésies
ossianiques paroissent avoir été composées,
c’est ici le moment de faire connoitre les objections
péremptoires de Mr. Laing contre le
système admis par Macpherson, celui de porter
l’origine de ces chants au temps de l’invasion
des Romains; les historiens romains,
les moeurs des Calédoniens dans le siècle de
Sévère et l ’histoire du moJy. en âgOe lui fournissent
de fortes objections contre ce système.
Et d’abord on trouve dans Ossian
plusieurs noms de lieux qui n’existoient pas
ou qui n’étoienl pas connus au temps des
Romains. Tel est en particulier celui de
Balclutha qui est Xyîlcliiith de Bède, aujourd’hui
le château de Dumbarton. Si ce
lieu avoit existé alors, Ptolémée n ’eût pas
manqué d’en faire mention. L ’empereur Ca-
racalla , que Macpherson suppose désigné
sous le nom de Caracull, ne portoit: point
encore ce surnom qui ne lui fut donné que
longtemps après la guerre contre les Bretons.
Ainsi cette vaine ressemblance de son
ne peut servir à prouver que Fingal
éloit contemporain des Romains. A cette
( 435 )
époque là les invasions des Danois n’avôient
pas commencé, tous les peuples du nord ne
se servoient que de légers esquifs, et igno-
roient encore l’usage des voiles, dont il est
fait mention dans ces poésies , enfin le nom
de Lochlin , si souvent employé dans Ossian,
pour désigner le Dannemark et la Norvège
n’exisloit pas alors et ne commença à être
connu qu’au g.™8 siècle.
D’ailleurs les moeurs décrites dans Ossian
sont tout-à-fait contraires à celles de la
Haute-Ecosse à l’époque choisie par Macpherson.
Dio Cassius dépeint les Méathes ou
les Calédoniens qui vivoient entre les deux
murs , lors de l ’invasion de Sévère , comme
des sauvages à demi-nus, habitants de
misérables huttes, dans un pays stérile,
sans villes, sans culture, ne subsistant que
du produit de la chasse, ne connoissant
d’autre métal que le fer, et possédant leurs
femmes en commun. La race actuelle des
Highlanders, suivant l’opinion de Mr. Laing,
n’étoit pas encore arrivée en Ecosse, et
leurs ancêtres, les Gaëls irlandais, étoient
encore plus barbares que les Méathes. Les
énormes pierres rangées en cercle , dont il
est quelquefois question dans les poëmes
d’Ossian , ne sont point suivant Mr. Laing