
aucune inquiétude , et nous pouvions
jouïr en plein de la vue remarquable que
présente ce bras de mer entouré d’îles et
rempli de rochers de formes sauvages et
variées; plusieurs veaux marins nageoient
sur ses eaux calmes, et plus d’une fois
lorsque leurs petites tètes rondes s’élevoient
au-dessus de la surface de la mer, je croyoïs
voir des hommes qui profitoient de la beauté
de la soirée pour se livrer au plaisir du
bain.
La petite^île d’Eriskay a acquis depuis
quelque temps une place parmi les lieux
classiques dans l’histoire d’Ecosse. Ce fut
là que débarqua en Juin 1745, le Prince
Charles Edouard Stuart, lorsque venant de
France sur une corvette de dix-huit canons,
il se rendoit sur la côte occidentale de l ’Ecosse
, suivi seulement de sept compagnons
dévoués et intrépides, avec quelques armes
et un peu d’argent. En brave chevalier ce
Prince commençoil avec de si foibîes moyens,
cette expédition si brillante d’abord et si
désastreuse ensuite. On le vit, après que la
bataille de Culloden eut ruiné toutes ses
espérances, proscrit et fugitif errer dans ces
( 7 )
mêmes Hébrides où il s’étoit présenté quelque
temps auparavant comme un conquérant
avide de gloire et de combats. Les
habita n i de ces îles , non moins héroïques
par leur noble et généreux dévouement
à leur malheureux Prince, que par la valeur
avec laquelle ils avaient fait triompher
sa cause sur les champs de Falkirk et de
Gladsmuir, 'affrontèrent les plus grands
dangers pour soustraire Charles Edouard
aux troupes qui le poursuivoient d’île en
île et de chaum ère en chaumière.
Nous débarquâmes à Kilbride, jolie maison
de campagne située au bord de la mer ,
dans la partie méridionale de l’île de South-
Uist. Mr. Macdonald nous présenta à sa
famille; quon se figure le plaisir d’un voyageur
qui, au milieu de ces pays retirés et
sauvages, se trouve comme par enchantement
transporté dans la société la plus aimable
et la plus élégante, lorsqu’il pou-
voit se croire à l’extrémité du monde et
loin de tout vestige de civilisation. Ce
sont de ces contrastes qui frappent particulièrement
l’étranger qui parcourt les Hébrides.
Il y avoit six semaines qu’011 n’ar