
Tant que l’étranger étoit dans la maison,
on devoit le protéger et le défendre de toute
atlaque comme s’il eût été un membre de la
famille. La bravoure , l’amour de la gloire,
le dévouement à son chef, la fidélité la plus
siricte à remplir ses engagemens et h protéger
ceux qui se confioient à eux , étoient des
dualités communes h tous les Gaëls. J en
citerai quelques exemples qui serviront aussi
à mieux faire connoître le genre de vie de ce
peuple.
Sous le règne de Jaques V , le Clan Chatan
s’éloit révolté, et le Comte de Moray, à la tête
de ses vassaux, ayant battu les insurgés,
avoit fait 200 prisonniers dont il décida la
mort afin d’intimider les rebelles. Comme
on les conduisoit à l’échafaud, le Comte leur
offrit leur grâce à condition qu’ils clécotfVriéprouver
, et de sslisfaire su curiosité dons h société
d’étrangers. Si cette assertion étoit •vraie, si l’hospitalité
n’étoit qu’un calcul d’égoisme, on ne verroit
pas les Ecossais sacrifier leurs convenances, leur
repos et leur fortune même, pour remplir ce qu’ils
regardent comme un devo ir , l ’accueil des étrangers.
11 y a là un tel sentimeut de devoir que le Highlan*
der recevoit même son ennemi, lorsque celui-ci réclament
du secours, et qu’il étoit obligé de l’entretenir
lui et sa suite pendant tout le temps de son séjour.
roient l’endroit où leur chef se tenoit caché ;
mais ces braves gens répondirent unanimement
que lors même qu’ils le sauroient,
aucun supplice ne pourroit les forcer à une
pareille trahison.
Vers le commencement du siècle passe,
le comté d’Inverness étoit infesté d’une bande
de catherans ou de voleurs, commandée par
John Gunn qui mettoit tout à contribution
et venoit jusques sous les murs de la ville
même, braver une garnison anglaise qui en
gardoit le château. Un officier qui alloit à In-
verness porter la solde de la troupe , escorte
d’un foible détachement, fut obligé de passer
la nuit dans une auberge, à dix lieues de la
ville. Dans la soirée, il voit entrer un homme
de bonne mme, revêtu du costume écossais.
Comme il n’y avoit qu une chambre dans
l ’auberge, l ’Anglais invita cet inconnu à partager
son souper. Celui-ci accepte avec un
air de répugnance. L ’officier jugeant par la
conversation que l’étranger connoissoit parfaitement
les défilés et les sentiers de tout le
pays, le prie de l’accompagner le lendemain
matin, lui fait part du but de son voyage, et de
ses craintes de tomber , avec le dépôt qui lui
avoit été confié, dans les mains du célébré