
c e s , il répondit qu’il n’avoit eu aucune
intention de manquer de respect au Roi,
mais qu’il désiroit être excusé parce qu’il
venoit d’un pays où tout le monde s’inclinoit
devant lui.
Le roi de la Grande-Br\e tagO*n e *,* avvant offert
un titre de noblesse au chef des Granls,
celui-ci le refusa en disant : W h a would
be ihe Laird o f Grand? Yx qui seroit alors
le Laird de Grant ? En général bien des
chefs écossais aéraient cru déroger en acceptant
une dignité étrangère ; et encore
aujourd’hui plusieurs Hébridiens ont su
mauvais.gré à un des plus puissans chefs
des îles d’avoir accepté une pairie irlandaise.
Pai ’mi les qualités qui clistmguoient éminemment
le peuple Gaël, une des premières
et celle peut-être qui s’est conservée la plus
entière jusqu’à nos jours, c’est l ’hospitalité.
Celte vertu étoit si généralement répandue
dans les montagnes de l’Ecosse que partout
on laissoit à toute heure les portes des fnai-
sons ouvertes pour inviter les étrangers a y
entrer. On ne devoit point demander son
nom à celui qui réclamoit l’hospitalité, avant
de lui avoir offert des vivres et accordé du
repos. Sans cette précaution , il se seroit
toujours trouvé quelque raison pour refuser
du secours dans un pays où les haines et les
guerres entre les Clans étoient si fréquentes
et si acharnées (i).
(1) L ’hospitalité étoit une des premières vertus des
Hébreux comme elle l ’est encore des Arabes , et de
quelques peuples de l ’Orient. « Viget quoque adhuc-
5) dum » dit J ahn, « antiquissima honestatis ratio
S> qua quicunque etsi cetero quin praedo , hospitem
» collegit, eum tueri et se quoque ipsum presenti pro
» eo vitae periculo objicere tenetur, nisi ab omnibus
» infamis habere velit, et id quidem jam obtinet, si
ï) quis cumperegrino vel crustam panis manducavit.»
Àrch. bibli. p. 221. On a prétendu mais à tort que
l ’hospitalité éloil la vertu de tous les sauvages ; combien
n’a-t-on pas trouvé de peuplades dans les îles
nouvellement découvertes dans la mer du sud, qui
plus rapprochées qu’aucune autre race d’hommes de
l ’état de nature, étoient cruelles, défiantes et inhospitalières,
tandis que chez certaines nations qui ont
atteint un haut degré de civilisation , cette qualité
est restée constamment en honneur. Le caractère
des peuples diffère à cet égard comme à bien d’autres,
sans qu’il soit possible d’assigner une raison plausible
de cesdifférences.Ceux qui chcrchentà déprécier cette
intéressante et bienveillante disposition répètent à
l ’e n v i , quedans les lieux écartés et sauvages, 1 hospitalité
tourne plus au profil de celui qui l’exerce
que de ceux qui en sont l ’obje t , puisqu’elle lui
donne l ’occasion de se distraire de 1 ennui qu il doi