
essayoit de faire avec les notes de l’air, la
gamme de sol a notre manière, on auroit un
f a naturel au lieu d’un fa dièze, ce ne seroit
donc pas la gamme majeure; mais la tierce
et la sixte restant toujours majeures, ce ne
seroit pas non plus la gamme mineure. O r ,
nous ne savons ce que c’est qu’un air qui
n est ni majeur ni mineur. Par conséquent
nous ne devons pas essayer de ramener un
tel air à notre échelle musicale, et nous devons
regarder ce f a naturel qui nous embarrasse
comme l’annonce du nouveau ton
dans lequel l’air va passer. On peut s’en
convaincre encore mieux en essayant de
mettre une basse à un air gaëlic, d’après nos
règles d’accompagnement, il ne faudra pas
longtemps pour s’apercevoir de l’impossibilité
de la réussite; tous nos accords ne produiront
que d affreuses dissonances, et l’on verra bien
vite que les seules basses possibles à de tels
airs, sont les toniques des deux différents
tons dans lesquels ils modulent; c’est pour
cela que tous les airs gaëlics ont des basses
si monotones, et en même temps si vicieuses
d’après nos règles de musique , puisque ces
basses ne sont jamais que les deux toniques
de deux tons voisins l ’un de l’autre.
Je me suis attaché à faire connoitre la manière
de moduler des tons gaëlics et l ’usage
des notes transitoires, parce' qu’il est important
de bien saisir le mécanisme particulier
de ce genre de musique, pour comprendre
les observations que nous aurons occasion
de faire en comparant ce système avec celui
des Chinois, peuple dont la musique est la
seule qui ressemble à la musique gaëlique.
Si maintenant on se figure une gamme
majeure et mineure à cinq notes sans quarte,
ni septième, des modulations d’un ton dans
celui qui le précède ou qui le suit, amenées
par des notes transitoires qui présentent
avec le ton primitif des intervalles à peu-près
égaux à ceux de notre quarte et de notre
septième r on aura la clef de toute la musique
gaëlique , on pourra toujours déterminer
le ton de tous les airs et reconnoître
leurs modulations, sans être induit en erreur
par la manière presque toujours fautive par
laquelle les écrivains de mpsique écossaise
ont cru indiquer le ton au moyen des dièzes
et des bémols à la clef, et l ’on ramènera
enfin aisément à leur forme originaire les
airs gaëlics modernisés ou plutôt dénaturés
par des musiciens qui ont cherché à les rap