
tinue j sur les trois notes de l’accord parfait.
Dans certains chants, comme nous le verrons
bientôt, on trouve aussi quelques notions,
bien imparfaites sans doute, de modulations
, soit de passages réguliers d’un ton
dans un autre. Mais je ne parle dans ce moment
que des airs les plus simples, de ceux
qui n’ont qu’un seul ton , ce sont les plus
communs, et probablement les plus anciens,
car c’est sur des airs semblables que se chantent
les poésies ossianiques ; ils sont fort en
usase dans les districts O occidentau^x de la
Haute-Ecosse, ainsi que dans les îles Hébrides.
Plusieurs n’ont qu’une seule partie,
tels sont les récitatifs sur lesquels se chantent
les vers d’Ossian , d’autres, tels que les
Jorrams ou chants des mariniers, en ont
deux, l ’une pour le coriphée, l ’autre pour le
choeur. Ces airs dans leur grande simplicité ,
ou plutôt dans leur monotonie ont un caractère
tout particulier qui les distingue de nos
chants, même les plus simples ; ils ont quelque
chose de singulièrement plaintif qui ressemble
à notre mode mineur, et qui est dû
aux grands intervalles que met entre les
notes, l’omission de deux sons dans la
gamme ; on pourroit croire qu’ils sont dans
un mode nouveau, qui est intermédiaire
entre le majeur et le mineur, et qui participe
à la fois au caractère de ces deux modes.
Le mineur existe pourtant aussi dans la
musique gaélique, et il se forme en diminuant
d un demi ton l ’intervalle entre la
seconde et la troisième , ainsi qu’entre la
quatrième et la cinquième note de la gamme.
Les intervalles d’une gamme mineure sont
comme suit : entre la première et la seconde
note un ton, entre la seconde et la troisième
un demi ton, entre la troisième et la
quatrième deux tons, entre la quatrième et
la cinquième un demi ton, entre la cinquième
et l’octave de la première deux tons,
ce qui correspond aux notes suivantes :
ut, r e ,m i bémo l, sol, la bémol, ut. On
conçoit aisément qu’un si petit nombre de
notes, laissant entre elles des intervalles
aussi considérables , ne doivent produire
que des intonations barbares, et que de
pareils chants doivent paraître bien sauvages
à des oreilles accoutumées à une musique
plus parfaite. Ce défaut paroît être senti par
les Gaëls eux-mêmes , car il est très-rare
qu’ils fassent usage du mode mineur seul,
et je ne connois qu’un bien petit nombre