
La grande objection de Mr. Laing,. que
l’existence d’un pareil état social dans la
Haute-Ecosse et l’Irlande supposeroit une
marche rétrograde dans la civilisation j bien
contraire à celle qu’offre le reste du monde,
cette objection ne me paroît pas fondée. En
effet, quoique la marche progressive de la
civilisation soit évidente lorsqu’on embrasse
une portion considérable du genre humain,
il n’en est pas moins vrai qu’un mouvement
retrograde s est manifesté quelquefois
, et j ’en citerai pour exemple l’Islande,
île célèbre au moyen âge par les lumières
de ses habitans , par le talent de ses poètes
et le savoir de ses historiens, et qui aujourd’hui
est retombée dans un état de ténèbres
pour le moins égal à celui que présente
la Haute-Ecosse.
s e r l ion, il faut lire les écrits les plus récents des
littérateurs allemands, et en particulier le bel ouvrage
de M.r Frédéric Schlegel dont il est à regretter
qu’on n’ait pas encore de traduction française.
Poésie et Musique gaéliques.
J ’a i dit que les poëmes d’Ossian servoient
à. donner une idée juste du genre des anciennes
poésies gaéliques et des sujets qu elles
traitent, et dans la dissertation sur 1 authenticité
de ces poëmes, j ’ai fait connoître occasionnellement
la plupart des traits qui caractérisent
cette poesie. Mais il est encoie
quelques observations à faire sur cet objet,
qui, étant fournies par la lecture des originaux
gaëlics, doivent naturellement échapper
à ceux qui n’en connoissent que la traduction.
On peut y remarquer d’abord une
concision poussée quelquefois jusquà 1 obscurité
; ce style serré et tout composé de
phrases courtes, donne de la force et du
mouvement au discours, mais en ôte peut-
être la grâce et le moelleux. Tandis que le
poëte semble avoir ainsi restreint le développement
de sa pensée , on est étonné de
le voir user des épithètes avec un luxe et une
profusion étonnantes, non-seulement chaque
nom ne paroît jamais sans un adjectif, maie