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on voit souvent un même objet désigné par
une suite nombreuse d ’épithètes. La faculté
que donne la langue gaélique d’employer
des mots composés , sert merveilleusement
le poète dans de pareilles occasions, il forme
lui-même des adjectifs qui renferment plusieurs
îuées , et il crée des noms pour éviter
des périphrases. Les transitions brusques
dun sujet à l’autre, le fréquent emploi des
comparaisons tirées des objets naturels et
surtout de la mer , des nuages , des rochers,
et des arbres, enfin la multiplicité et souvent
la hardiesse des images forment encore
les traits distinctifs de ce genre de
poésie.
Les Gaëls désignent par des noms différents
diverses espèces de poëmes. Les plus
communs dans l’ancienne poésie sont les
Duans que l’on traduit improprement peut-
elre par ode, puisque ces morceaux sont
plutôt la narration des exploits , des amours
et des chasses des anciens chefs écossais
que des chants dans le genre lyrique.
Le Duanmor (grand chant), n’est qu’un
semblable récit plus étendu que le simple
D u a n , mais ce n est pas une épopée
comme le prétendent quelques dictionnaires
gaëlics. Le style lyrique se trouve bien
plutôt dans l’espèce de poëme appelé Bros-
nachaih-catha (encouragement au combat),
ou chant de guerre des Bardes. La plus
ancienne de ces odes connue aujourd’hui a
été composée par un Macmhuirich, Barde
des Macdonalds , et chantée a la bataille de
Harlaw, il y a. 400 ans. J’ai déjà parlé des
Jorrams et des Oran-luthaidh (voyez, vol. 2,
page 349 et Patje 278), ces petits poëmes
qui se chantent en choeur , soit en ramant
sur une mer orageuse, soit en travaillant
dans les champs, sont d’un style plus familier
et ressemblent aux ballades des autres
nations. Le mètre est en général adapté à la
musique qui les accompagne , mais ordinairement
la portion du poëme chantée par
le choeur est d’une mesure différente que celle
que chante le coryphée seul. Les vers du
Brosnachaih-catha, ou chant de guerre,
destinés à animer les combattans , doivent
avoir le môme mouvement qu’ils veulent
communiquer, aussi sont-ils toujours très-
courts, de quatre à six syllabes au plus, et
en grande partie formés de syllabes brèves
ou de dactyles. Le Duan a des vers de sept,
huit et jusqu’à dix syllabes, qui tantôt se