( 364 )
vent étrangers, qui gèrent les domaines pen-
fiant l’absence des propriétaires, ils préfèrent
abandonner leurs fermes avant que le bail
soit expiré et profilent de la première occasion
favorable pqur entreprendre un voyage
lointain.
Ajnsi s’établit une grande émigration ,
par laquelle le Gouvernement anglais vit
passer dans les pays étrangers des milliers
de sujets fidèles , d ’hommes honnêtes et
braves qui étoient auparavant pour lui une
pépinière d’intrépides soldats.
Un cri général de désapprobation s’éleva
en Ecosse contre ceux des propriétaires
qui sourds à la voix de la nature et de la
charité , et n’'écoutant que leur intérêt
personnel , saerifioient à leur cupidité le
bonheur d’une foule d’hommes qni avoient
exposé leur vie pour eu x , et dont les pères
s’éloient plus d’une fois généreusement dé*
voués pour leurs ancêtres. Que sont donc
devenus, disaient avec amertume les mal*
heureux sans asile et sans protecteurs, que
sont devenus ces liens de famille dont notre
chef aimoil autrefois à conserver chez nous
le souvepir lorsqu’il avoit besoin de nos
bras ? ne sommes-nous plus sa tribu ? ne
sommes-pous plus les enfans d’up même
père, aujourd’hui que c’est nous qui réclamons
sa protection ? Heureusement pour la
tranquillité du royaume que ces exécutions
si douloureuses n’eurent pas lieu dans toute
la Haute-Ecosse à la fois , car si la fermentation
qui en fut la suite et qui en quelques
occasions s’y manifesta autrement que par
des plaintes , si ce mécontentement du
peuple eût éclaté dans tous les districts
en même temps, la sûreté publique auroit
pu être gravement compromise. Mais plus
heureusement encore pour l’humanité , il se
trouva bien des propriétaires qui, préférant
à l’appas du gain la jouissance de répandre
autour d’eux des bienfaits, cherchèrent au
lieu d’augmenter leur revenu à améliorer
le sort de leurs subordonnés. Il y en eut
aussi qui , bien que désirant conserver auprès
d’eux leurs anciens vassaux, ne purent
pas résister à la tentation du haut prix qui
leur étoil pouvellement offert pour leurs
fermes ; ces derniers essayèrent, sans pourtant
faire les sacrifices convenables, de retenir
ceux qu’ils dépossédoient.
Us auroient voulu concilier deux cl oses
incompatibles la plus forte augmentation
possible de revenu et le plus grand nombre,