
cette nature, est saisie par l’ennui et le découragement.
Après une marche de huit heures nous
aperçûmes enfin quelques huttes , mais en
approchant quel ne fut pas mon désapoin-
tement de les trouver désertes. Celle qui
■étoit jadis une auberge étoit brûlée , les
deux autres étoient ouvertes mais sans lia-
bitans. Il me fallut continuer tristement ma.
route. Cependant, la vallée sembloit s’élargir
, je traversai un joli bois de bouleaux,
les montagnes des deux côtés s’abàissoient
insensiblement. Je vis avec joie que j ’allois
quitter ces affreux déserts. Bientôt les montagnes
arides et sombres font place à des
coteaux arrondis , cultivés et souvent couronnés
de bois de sapins. Je laisse derrière
moi ces montagnes et ces vallées primitives,
et je rentre dans les plaines, ou du moins
dans des régions secondaires peu élevées ;
la pluie et les brouillards avoient cessé, le
soleil se couchoit et doroit les bords des
nuages, le ciel, du côté de l ’orient, étoit
serein, tout enfin m’annonçoit le beau temps
pour le lendemain.
Ces p ré s , ces champs , cette belle verdure
, ces b o is , ces sites pittoresques, ces
maisons de campagne répandues de côté
et d’autre , formoient un spectacle ravissant
pour moi qui veuois de passer six semaines
au milieu d’une nature agreste et sauvage,
et qui avois encore l’esprit préoccupé des
tristes images que m’avoient offert les montagnes
du Ross-shire. Peut-être le contraste
embellissoit le pays à mes yeux; il est probable
qu’il m’eût paru bien différent si j ’y
avois été directement transporté d’une des
- riches vallées de la Suisse ou des bords du
beau lac de Genève. J’atteignis bientôt une
grande route qui me conduisit à une très-
bonne auberge où je passai la nuit.
L e 3o Septembre. Réveillé à la pointe
du jour je me mis tout de suite en marche
Le temps étoit ravissant. Après une heure
de route, j ’eus à traverser un torrent
tres-rapide et grossi par la pluie de la veille.
Le soleil échauffoit la terre de ses rayons ,
la nature sembloit renaître à mes yeux. Je
retrouvois des arbres, des arbrisseaux , des
buissons et des hayes, je voyois sautiller les
pinçons, les linottes, les fauvettes et d'autres
petits oiseaux qui n ’habitent point les sauvages
Hébrides , je ne pouvois me rassasier
d entendre leur joli ramage; j ’admirois les