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gères modifications qui tendent plutôt à
augmenter qu’à diminuer la portion des
poëmes qui doit être regardée comme vraiment
nationale et antique.
Il a existé dans la Haute-Ecosse , et c’est
là ce me semble le point le plus important,
des poésies d’un grand mérite transmises
par tradition depuis une époque fort reculée.
Il est certain qu’une partie des poëmes
d’Ossian traduits par Macpherson est authentique
et provient des poésies traditionelles.
I l est extrêmement probable qu’une très-
grande partie du reste l’est également et a
été prise à la même source.
Mais il ne paroît pas que les poésies gaéliques
ayent jamais composé un seul tout,
un poëme épique entier; elles ne nous sont'
parvenues que par fragments, ainsi la forme
sous laquelle Macpherson a présenté ces
poésies est vraisemblablement son propre
ouvrage.
Quoique les poésies gaéliques portent en
général le nom de poésies ossianiques, et
quelles soient attribuées par les montagnards
écossais au seul Barde Ossian, rien
ne prouve qu’elles soient toutes du même
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auteur et que les Bardes contemporains ou
à peu près tels, n’y aient pas contribué.
Enfin , si l’on fait abstraction de la forme
que Macpherson a donnée à cet ouvrage, des
changements qu’il a introduits dans quelques
t
noms et dans quelques circonstances , pour
placer l ’époque des poëmes au temps des
auerres entre les Calédoniens et les Romains Oe
t le lieu de la scène en Ecosse , si l’on a aussi
égard aux défauts de style propres à cet
écrivain, on peut affirmer que la traduction
de Macpherson, en particulier le poëme de
Fingal et ceux qui ont été publiés à la
même époque , donnent l’idée la plus juste
du sujet et du genre des poésies ossianiques;
et lors même qu’on voudroit étendre beaucoup
la portion qui a pu être composée par
Macpherson , toujours doit-on convenir que
cette portion même seroit une imitation si
parfaite des vrais poëmes gaëhcs qu’elle au-
roit trompé les hommes les plus versés dans
ce genre de litlérature. Aussi , jnsqu’à ce
que la société highlandoise veuille bien, ce
qui seroit fort à désirer, publier la traduction
des poëmes gaëhcs qui sont entre ses mains,
l ’Ossian de Macpherson continuera à être le
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