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temps de semblables exactions, et murmurer
hautement contre un Chef dont ils dévoient
attendre un toût autre traitement,
c’est ce qui paroîlra tout naturel.
Mais il faudroit connoîlre bien peu le
caractère des montagnards écossais , pour
croire qu’ils seroient insensibles à la bienveillance
de leurs Chefs, et qu’ils ne sen-
tiroient pas que ceux qui font en leur faveur
de véritables sacrifices, sont en droit
d’exiger de leur part celui d’une répugnance
mal fondée. Si malgré les avantages
que leur offriroient leur Laird pour les
retenir dans ses terres, il se. trouvoit encore
des hommes qui regrettassent l’ancien état
de choses, ou qui amorcés par l’ambition
de devenir propriétaires à leur tour , et séduits
par les promesses des embaucheurs
américains persistassent à émigrer, du moins
le Chef n’auroit plus de reproche à se faire,
et il pourroit sans regrets et sans remords,
voir s’éloigner ces esprits inquiets et déraisonnables.
Fidèle à son système que l’émigration
est un bien, Lord Selkirk après avoir invité
les propriétaires à suivre sans scrupule
leur intérêt personnel et pécuniaire,
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j ’adresse au gouvernement, pour lui prouver
que l’émigration non-seulement n’a pas
d’inconvénient pour la pairie commune,
ainsi qu’on l’avoit toujours prétendu, mais
qu’elle lui est avantageuse, nécessaire même.
Je n ’entrerai pas dans le détail des arguments
qu’il allègue pour soutenir son opinion;
il me suffira d’observer qu’en n’admettant
que deux cas possibles, celui de la
persistance des propriétaires dans l ’ancien
mode deteoement, et celui de l ’introduction
générale du système des fermes à
moutons , Lord Selkirk n’envisage pas la
question sous toutes ses faces, puisqu’il ne
discute pas un troisième cas ; celui où le
propriétaire en faisant les sacrifices requis
ehercheroit à retenir ses anciens vassaux
par l’agriculture ou la pâche, celte possibilité
n’est nullement entrée dans ses calculs, et
cependant si elle eût été considérée elle
l ’eut amené naturellement à des conclusions
fort différentes des siennes. Dans aucun cas
a législation n’auroit pu contraindre à demeurer
en Ecosse ceux qui étoient décidés
à s’expatrier; mais elle eut dû, ce me semble,
joindre sérieusement ses efforts à ceux des
propriétaires, pour retenir tous les indivi