
que ces ressources n’étoient que temporaires
, et excités d’ailleurs par l’exemple ,
par l’espoir de faire fortune et l’attrait de
posséder des terres en propre, persistèrent
à se rendre en Amérique.
Ainsi l’émigration continuoit toujours. À
la fin de chaque guerré , on vit des troupes
nombreuses d’hommes , de femmes et d’enfants
j s’embarquer pour le Nouveau-
monde. Ceux qui ont été témoins du départ
de ces infortunés, ont peint avec de vives
couleurs les scènes déchirantes qui se re-
nouveloient sans cesse , lorsque tant de
pauvres Highlanders , disoient un éternel
adieu à leurs chaumières, à leurs vallées,
à cette sauvage patrie qui tenoit une si
grande place dans leurs affections.
Parmi les nombreux ouvrages qui ont
été écrits sur l’émigration u des montaDgnards
écossais , le plus marquant est celui de
Lord Selkirk.
Cet auteur est le seul qui ait parlé avec
approbation de l’expulsion des petits fermiers
, et qui ait fait envisager l’émigration
comme favorable au développement de l’industrie
dans la Grande - Bretagne. Il a
traité cette question sous le point de vue d&
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l ’économie politique entièrement, et il a
pressé ses arguments avec toute la forcé
que donne un talent distingué. Cet ouvrage
étoit ce me semble d’autant plus dangereux
qu’il tendoit à faire abandonner toute tentative
d’amélioration dans le sort des malheureux
montagnards, comme infructueuse et
même plutôt nuisible , encourageant ainsi
les propriétaires à marcher droit à leur intérêt,
c’est-à-dire à expulser de leur patrie des
êtres intelligents, heureux et dévoués ? leurs,
devoirs, à leurs loix , à leurs souverains,
pour les remplacer par des troupeaux de
moutons. Qu’il me soit donc permis d’essayer
d ’oppOser quelques réflexions aux considérations
par lesquelles Lord Selkirk a justifié
une telle conduite et motivé ses opinions.
Devoit-on , demanderois-je d’abord ,
Comme l’a fait l’auteur, n’envisager ce sujet
important que sous un seul point de vue,
celui de l’intérêt pécuniaire des propriétaires
et de l’intérêt industriel et commercial de la
nation? N’y a-t-il pas une question bien plus
grave encore, et d’une bien plus haute
importance? ne faut-il pas savoir avant tout
s i, contre les loix de la religion, les règles
de la morale et la voix du sentiment intérieur,