
eeân ; j y vis de superbes bois de sapins
enlrémelés de prairies d’un verd charmant^
cest au milieu d’un de ces boulingrins que
s élève la demeure du propriétaire. Ce
point de vue me rappeloit certaines parties
du beau lac de Lueerne, où l’on admire
le mélangé des forêts, de la verdure
des prés, des habitations, avec les traits
agrestes des hautes montagnes et des rochers
qui entourent ce lac.
La nuit n étoit pas encore assez sombre
pour m empêcher de distinguer les formes
hardies et pittoresques des monts qui s’élèvent
des deux côtés du golfe, mais j©
ne pouvois apercevoir aucun détail. Mon
imagination y suppléoit en couvrant ces
montagnes de beaux arbres et de bosouets
charmans. Cependant l’obscurité augmentait,
et 1© village de Loch Carron situé à
1 extrémité du lae étoit encore fort éloigné,
mes bateliers qui ne eonnoissoient pas très-
bien ce golfe et qui craignoient d’échouer contre
les rescifs dont il est plein jugèrent convenable
d aborder. Nous débarquâmes sur'une
petite plage, auprès d’une masse de rochers
surmontée des ruines d’un vieux château.
On attacha le bateau le plus solidement
qu’on le pût, et nous montâmes un petit
coteau pour gagner une hutte où nous
puissions passer la nuit. Les habitans de la
cabane se hâtèrent à notre arrivée de
rallumer le feu au milieu de la chambre,
en ajoutant à la tourbe quelques branches
de bois sec, qui produisirent en peu d’ins-
tans une flamme brillante ; nous en
avions besoin car il faisoit très-froid, et nous
nous assîmes tous en cercle autour du feu. La
conversation s’établit d’une manière très-
animée entre mes bateliers et nos hôtes,
mais comme elle avoit lieu en Gaëlîc je
ne pus la comprendre ; ils paroissoient
tous en belle humeur, leurs regards se
tournoient souvent vers moi, ce qui me fit
conjecturer que j ’étois le sujet de leur entretien;
cependant ces braves gens s’effor-
coient par leurs gestes de me témoigner
le désir qu’ils avoient de me rendre service.
J’essayai de mon côté, soit par signes
, soit en me servant du peu de mots
gaëlics que je savois, de me mêler à la
conversation ; ils m’en surent bon gré et se
servant des bateliers pour intreprêtes, ils
me ¿firent savoir combien ils étoient con-
tens que j eusse choisi leur cabane pour