
d’airs qui soient tout entiers en mineur. Mais
ce mode est fréquemment employé dans les
airs plus composée qui admettent quelque
modulation.
Il arrive en effet souvent que dans le
même air on change de ton, et ordinairement
on passe dans le ton immédiatement
au-dessous de la tonique, quelquefois aussi
dans le ton immédiatement au-dessus, et ces
changements ont lieu fréquemment dès la
seconde mesure de l’air, et se répètent plusieurs
fois d’une mesure à l’autre. De semblables
modulations ne paroissent pas soumises
à des règles fixes, cependant on peut
entrevoir en général que lorsque l’air commence
en majeur, le passage se fait dans le
ton au-dessus, et dans le ton au-dessous
si l’air est mineur ; celte règle est pres-
qu’invariable pour les tons mineurs , et il
est à remarquer que lorsqu’on sort de ces tons
c’est toujours pour entrer en majeur. Ainsi du
ton de ré mineur on passe toujours dans le
ton d’ut majeur , du ton de sol mineur dans
celui de fa majeur, etc. Mais si le ton primitif
est ré majeur, le passage aura lieu en
ut majeur, et plus souvent encore en mi^ majeur
et ainsi de suite.
Ces passages ne se font jamais d ’une
manière brusque, mais ils sont toujours
amenés ou préparés par l’introduction, dans
la mesure ou portion de l’air qui est dans le
ton primitif, d’une note qui n’appartient pas
à ce ton, mais bien à celui dans lequel on va
passer. Cette note transitoire ou préparatoire,
si je puis m’exprimer ainsi, seroit,
d’après notre système musical, la quarte ou
la septième du ton primitif. Mais comme ces
intervalles n’existent pas dans la musique
gaélique, il est évident que celte note n’appartient
pas au ton primitif, mais qu’elle est
là comme la tierce ou la sixte du ton au-
dessus, ou bien comme la quinte ou la tonique
du ton au-dessous, dans lequel on va
passer. Par exemple, si dans un air qui commence
dans le ton de sol majeur ou mineur?
nous trouvons accidentellement un ut ou un
f a naturels, nous serons certains que l’air
va passer dans le ton de f a , comme en
effet cela ne manque jamais d’arriver. Nous
pouvons affirmer que ce f a n’appartient pas
au ton de sol, ainsi qu’on seroit tenté de le
supposer, si, ne connoissant pas le système
gaelic, on croyoit que l’air entier est dans
ce ton là. Car, dans cette supposition, si on