
n’exisloit par conséquent pas de marché, et
les fermiers n’exportoient hors de leurs domaines
aucune denrée destinée à être échangée
contre de l’argent. Une fois donc que les
propriétaires n’ayant plus en vue que leur intérêt
pécuniaire, voulurent retirer le profit immédiat
le plus grand de leurs domaines,ils durent
sentir la nécessité d’augmenter l’étendue
des fermes par la diminution de leur nombre.
Par là , le même travail qui employ oit auparavant
une multitude de bras, pouvoit
être aisément exécuté par un seul fermier; le
même espace de terre qui devoit alors nourrir
tous ces petits fermiers, n ’étant plus exploité
que par un seul, il restoit à celui-ci un
certain superflu qu’il pouvoit réaliser en le
portant au marché.
Ceux qui avoient tenu jusques alors ces
petites fermes, furent donc dépossédés en
nombre d’autant plus grand tjue les propriétaires,
toujours plus avides de gros revenus,
se convainquirent bientôt que la conversion
de leurs montagnes et de leurs vallées
en pâturages de moutons, étoit bien plus
profitable que la culture des terres. Des fermiers
du midi de l’Ecosse et de l’Angleterre
dont l’industrie éloit la propagation des bêtes
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à laine, ayant découvert que les montagnes
de l’Ecosse fourniroient à leurs moutons des
pâturages d’une aussi bonne qualité que
ceux des Cheviots hills et des collines anglaises,
et qu’ils pourroient les affermer à
bien meilleur marché que ces dernières,firent
aux propriétaires Highlanders des offres bien
supérieures aux foibles redevances que leur
payoient leurs anciens vassaux, et ils furent
par conséquent préférés. Les grands fermiers
des montagnes ou tctclsmen furent témoins
des profits énormes que ces nouveaux venus
faisoient aux foires du midi par l’exportation
de leurs moutons nés et élevés dans la
Hauté-Ecosse , profits d’autant plus considérables
qu’ils n’avoient à payer ni ouvriers
ni instruments comme l’agriculteur, et qu’un
seul berger suffisoit pour garder les plus
grands troupeaux dans les domaines les plus
étendus.
Ces succès éveillèrent l’attention des
grands fermiers, ils résolurent d’entreprendre
aussi l’éducation des mCfutons ; ils dépossédèrent
leurs petits tenanciers et leurs cotters
ou ouvriers, et par les profits quils firent,
ils furent en état de payer aux propriétaires
une rente beaucoup plus considérable