
pénible et difficile d’éclaircir l’origine des
Gaëls. Puisque d’ailleurs une ancienne tradition
répandue dans le pays même, fait
arriver de l'Orient les premiers habitans de
celle contrée, et puisque la langue gaélique
offre de grandes analogies avec l’hébreu et
les autres langues orientales, l’opinion de
ceux qui considèrent l’Ecosse comme avant
été originairement peuplée par des colonies
de Gaulois , pourroit encore se soutenir en
considérant l ’histoire des prétendus Gathel
et Scota, comme une allégorie destinée à
transmettre traditionnellement le souvenir
des migrations successives de la grande nation
des Celtes, originaire de l’Orient , et
a laquelle les Gaulois et les Gaëls apparte-
noiént également.
Je ne prétends point m’engager dans ce
labyrinthe, où peut-être un jour une con-
noissance plus parfaite des langues et de
leur filiation , pourra servir de guide. Je
n essayerai pas non plus de décider laquelle
des populations de l’Ecosse et de l’Irlande
doit son origine à l ’autre , question longtemps
débattue entre les antiquaires des deux
pays, et à laquelle l’amour-propre national
a cherché à donner une importance exagérée.
Rapprochés comme ils le sont par leur
position géographique ainsi que par leurs
moeurs et leur langue , dont l’une peut à
peine se considérer comme un dialecte différent
de l’autre, ces deux peuples se sont
longtemps regardés comme compatriotes, et
comme appartenant également à la race des
Gaëls; on les distingue encore dans la langue
gaélique en Gaëls A lb in ich , ou Gaëls
d ’Ecosse, et Gaëls Eirinich ou Gaëls de
l’Irlande. Le nom d’Ecosse fut même dans
le moyen âge donné également aux deux
pays ; l’Irlande étoit appelée Grande-Ecosse,
pour la distinguer de la Petite-Ecosse qui
conserve encore son nom.
Cette question me paroit d’autant plus
oiseuse , que de tout temps il a dû exister
des communications entre le nord de l’I r -
land et l’ouest de l’Ecosse, par celte chaîne
d’îles si rapprochées qui s’étend entre les
deux p a ys , et qu’aucun monument ni aucun
document historique ne pourra jamais
jetter du jour sur les émigrations suces-
sives qui ont pû et ont dû avoir lieu d’une
des côtes à l’autre; on pourra donc discuter
ce point d’histoire jusqu’à la fin des siècles,
sans jamais arriver à une solution évidente
et satisfaisante du problème.